دو رو » peut-être en moi un effet de ces in»clinations aveugles, qu'ont beaucoup 1644. » de peres pour quelques-uns de leurs enfans, plus que pour les autres ; peut-être y entre-t-il un peu d'amour » propre, en ce que cette Tragédie » me femble être un peu plus à moi » que celles qui l'ont précédées, à caufe » des incidens furprenans qui font pu»rement de mon invention, & n'a» voient jamais été vûs au Théatre; » & peut-être enfin , y a-t-il un peu de » vrai mérite, qui fait que cette in»clination n'eft pas tout-à-fait injufte. Je veux bien laiffer chacun en liberté » de fes fentimens, mais certainement " on peut dire que mes autres Pieces » ont peu d'avantages qui ne fe rencon» trent en celle-ci. Elle a tout ensem» ble la beauté du fujet, la nouveauté » des fictions, la force des vers, la fa»cilité de l'expreffion, la folidité du » raisonnement, la chaleur des paf» fions, les tendreffes de l'amour, & » de l'amitié, & cet heureux affembla»ge eft ménagé de forte, qu'elle s'éleve » d'Acte en Acte. Le fecond paffe le » premier, le troifiéme eft au-deffus » du fecond, & le dernier l'emporte »fur tous les autres. L'action y eft Tomé VI. Dd دو دو 1644. » une, grande, complette. Sa durée ne دو dulgence que j'ai demandée ,, Théatre. >> دو رو Nous croyons qu'il eft fuperflu de faire remarquer les fublimes beautés de cet Ouvrage, elles font trop frapantes pour échaper, & juftifient éxactement l'éloge que l'Auteur en fait dans fon éxamen. La préférence qu'il lui donne ne fouffriroit aucune contradiction, fans le défaut de l'expofition. M. Corneille convient qu'il est mal aifé de répondre à toutes les objections qui ont été faites à ce fujet, il tâche en vain à l'excufer, j'aime beaucoup mieux lui voir prendre la défense de la propofition que Rodogune ( Acte III. Scene IV.) fait aux deux Princes : & que la critique a trouvé indigne d'une perfonne auffi vertueufe. Concluons avec M. Corneille, que « quand cette » propofition feroit tout-à-fait con» damnable en fa bouche, elle méri >>teroit quelque grace & pour l'éclat » que la nouveauté de l'invention fait » au Théatre, & par l'embarras fur. 1644. » prenant où elle jette les Princes, & » pour l'effet qu'elle produit dans le "refte de la Piece qu'elle conduit à » l'action Hiftorique. OROONDATE, O U LES AMANS DISCRETS, TRAGI-COME' DIE Du Sieur Guérin de Boufcal. Roondate, Prince de Maroc, aime, & n'ofe découvrir fon amour à la Princesse Alciane, Reine des Ifles Fortunées : cette difcrétion dure jufqu'à la derniere Scene de la Piece. Un glace fait voir à Oroondate, qu'il eft l'objet aimé d'Alciane. Thiamis, Confident d'Oroondate, dit à ce dernier. THIAMI S. Ne valloit-il pas mieux prévenir tous ces maux ? Et plutôt qu'employer les fecrets de l'optique, 1645. 1645. Des fanglots dérobés, les foupirs d'une fœur, L'adreffe d'un ami, d'un frere la douceur, Et tout ce qu'a produit cet embarras extrême, En lifant ces vers, ne diroit-on pas qu'un connoiffeur qui auroit fenti le ridicule du fujet, & de l'intrigue de cette Piece, en feroit la critique ? LA VIRGINIE ROMAINE, TRAGEDIE DE M. LE CLER C. E fujet extrêmement connu, & Cdéja traité par du Teil fous le titre de l'Injuflice punie, est assez pasfablement rendu par le Clerc. Les caracteres de Virginie, de Virginius fon pere, & d'Icile, Amant de Virginie, font peints d'après l'Hiftoire. Celui du Décemvir Appius feroit affez bien fi on lui avoit donné un peu plus de prudence au dénouement. On n'entrera point dans la marche de cette Tragé die. Il fuffira de rapporter une partie de la feconde Scene du premier A&te, entre Appius & Virginie. VIRGINIE à Appius. Veux-tu dans mon efprit paffer pour vért table? Veux-tu même à mes yeux devenir agréa błe, Mériter mon estime, & vaincre mes mépris ? mieux Un fimple citoyen, qu'un tyran glorieux. Quitte ces vains faisceaux, & tant d'indignes marques, De l'injuste pouvoir de nos derniers Monar ques, battu, - rien qu'un courage ab Et marche accompagné de ta feule vertu. mes, Vrais ornemens de Rome, & du fiécle on 1645. nous fommes, |