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vernement qui puiffe protéger cette compagnie de commerce fi nuisible à sa patrie. Si ce commerce était entièrement libre, plus de cinquante ou foixante vaiffeaux iraient tous les ans à la baie d'Hudson, & au lieu de cent trente matelots, il en ferait employé annuellement deux mille cinq cents au moins qui feraient entretenus & formés pour le service de l'état. Ces foixante vaiffeaux exporteraient auffi toutes les années pour la valeur de 100 ou 120,000 liv. fterling de marchandifes anglaifes; ce qui revivifierait les manufactures & fournirait de l'emploi & de l'occupation à un grand nombre d'hommes. Ajoutons à cela, que ces provinces du nord de l'Amérique pourraient être auffi mieux peuplées & mieux cultivées par les colonies Anglaises. Car fi elles s'éloignaient seulement de quelques milles des bords de la mer couverte d'une immenfe quantité de glaces, ce qui en rend le voisinage extrêmement froid, ils trouveraient un climat beaucoup plus doux & plus tempéré; ils y pourraient cultiver en abondance toutes les chofes néceffaires à la vie, ce qu'il eft impoffible de faire croître fur les bords de la baie d'Hudson.

Par ce moyen ils pourraient s'avancer de plus en plus dans les terres & y former des établiffemens européens. S'ils allaient plus avant à la rencontre des Indiens, leur porter des marchan

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difes, ils acheteraient de ces peuples plus de peaux de caftors & de rennes & d'autres pelleteries, qu'ils ne le font ils les porteraient enfuite dans de grandes barques européennes aux comptoirs près de la mer. Un bon chaffeur chez les Indiens peut tuer fix cents caftors, mais il ne peut porter, dans fa petite barque faite d'écorce de bouleau, plus de cent peaux de ces animaux aux comptoirs près de la mer. Il fait ufage des cinq cents qui reftent, pour fon lit, fes couvertures, ou il les pend à des arbres comme un fouvenir, lorsqu'il lui arrive de perdre quelqu'un de fes enfans; ou bien il brûle le poil & fait griller la peau de ces animaux, & la mange comme quelque chofe de délicieux, dans les feftins qu'il donne à ses amis; ou enfin, il jete ces peaux & les laisse moisir & fe corrompre. Si les Indiens portent peu de ces peaux aux comptoirs près de la mer, ils portent bien moins encore de peaux de rennes. Car dans l'année 1740, la compagnie vendit dans fa première vente publique, environ vingt-fix mille neuf, cents foixante-dix peaux de caftors de différentes espèces, & feulement deux cents cinquante peaux de rennes & trente peaux d'élans; ils retinrent alors les trois cinquièmes de leurs marchandifes pour la vente prochaine. Les Indiens font dans l'opinion que plus ils tuent de rennes, plus leur nombre s'accroît. En conféquence de

cette

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cette idée, lorfqu'ils arrivent dans une contrée où ces animaux font nombreux, ils fe plaifent à en tuer le plus qu'ils peuvent, quoiqu'ils ne faffent usage ni de toutes ces peaux, ni de leur chair à caufe de la grande quantité qu'il y en a, Il réfulte delà que ces animaux fe corrompent & deviennent totalement inutiles. Mais s'il y avait une place habitée par des Européens qui ne fût. pas trop éloignée, & où les Indiens pussent se rendre pour y vendre leurs peaux & leurs cornes de cerfs (ou de rennes), ils aimeraient mieux certainement les conferver que les détruire ainfi fans néceffité. Conféquemment en faifant de nouveaux établissemens d'Européens dans ces contrées, la quantité de marchandifes qu'on en tire ferait quintuplée & peut-être décuplée. D'ailleurs la concurrence des acheteurs engagerait les Indiens à faire de plus grands efforts pour fe procurer une plus grande quantité de marchandises, ce qui étendrait & augmenterait confidérablement le commerce. Nous pouvons ajouter à tous ces avantages, qu'il fe trouve, dans les parties du nord de la baie d'Hudson, une grande quantité de baleines, de morfes & de phoques dont le produit serait trèsavantageux, & pourrait fervir à charger une partie des vaifleaux dans la baie. Plus avant dans

les terres, on trouve auffi d'excellent bois propre à faire des mâts & des vergues pour la marineTome II. N

royale, ainsi

que

de beaux chênes dont on ferait

des quilles, des madriers, des pièces courbes, des des douves que planches, ainfi pour les tonneaux; objets qui commencent à devenir rares prefque par-tout, & qui font vendus à un prix fi exhorbitant, qu'il eft prefqu'impoffible d'en appro cher. S'il y avait dans ces contrées quelques habitations d'une certaine étendue, on y couperait les bois propres à la construction des vaiffeaux, ainsi qu'à d'autres ufages, ce qui retiendrait dans le royaume l'argent qu'on en tire pour l'achat de ces matériaux; & les chantiers royaux feraient fournis de bon bois de conftruction & de mâts à beaucoup meilleur marché qu'ils ne le font à préfent. Mais quelque préjudiciable que foit à la nation Britannique le commerce exclufif de la baie d'Hudson, on le continue toujours; & quoique la compagnie foit menacée de temps en temps par un ou deux membres du parlement, d'être examinée, les propriétaires ont l'art d'apporter des raifonnemens fi folides & d'un fi grand poids, contre cet examen, qu'on laiffe tout cela dans l'ancien état, & que les actionnaires reftent paifibles poffeffeurs de leur commerce lucratif.

XXX. Le mauvais fuccès des tentatives faites dans la baie d'Hudson, & l'établissement d'une compagnie pour le commerce exclufif de cette baie, étaient de puiffans obstacles à de nouvelles

195 entreprises pour faire des découvertes dans ces parties. Cependant Jean Wood, homme de mer expérimenté & qui avait donné une attention particulière aux voyages qui avaient été faits au Nord, propofa encore une fois de chercher entre la Nouvelle-Zemble & le Spitzberg, un paffage pour aller au Japon, à la Chine & aux grandes Indes. Le roi donna pour cette expédition le vaiffeau Speedwell, & le duc d'Yorck, le lord Berkley, le chevalier Jofeph Williamson, le chevalier John Banks, M. Samuel Peeps, le capitaine Herbert, M. Dupcy & M. Hoopgood achetèrent une flûte appelée la Profperous & en donnèrent le commandement au capitaine William Flawes, afin que ces deux navigateurs puffent partir ensemble pour ce voyage.

Ils fortirent le 28 de mai 1676, de la Nore; les 17 & 18 de juin, ils fe trouvèrent au foixante-dixième degré trente minutes latitude nord, l'aiguille aimantée variait de fept degrés, ils virent fous cette latitude, un grand nombre de baleines. Le 19 au matin, après un temps pluvieux & chargé de brouillards, ils apperçurent une grande quantité d'oifeaux de mer & de baleines (balana phyfalus). Bientôt après ils découvrirent la terre, c'est-à-dire, des îles à environ vingt lieues à l'ouest du Cap- Nord Delà ils gouvernèrent au nord - eft, & dès le 22 de juin, au

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