vifions, & bientôt après ils trouvèrent leurs camarades dans l'autre barque. Ils arrivèrent à Kilduyn où ils apprirent qu'il y avait à Kola trois vaiffeaux hollandais, dont deux étaient prêts à mettre à la voile. Ils y envoyèrent deux matelots avec un lapon, & en trois jours ils reçurent des lettres du capitaine Jean Cornelis Ryp, dans lef quelles il leur difait qu'il les croyait perdus depuis long-temps. Ce capitaine vint les trouver à Kola avec des rafraîchiffemens & les prit für fon vaiffeau ils s'en allèrent avec lui au nombre de douze en Hollande, & arrivèrent à Amfterdam le premier novembre 1597.

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Cette relation prouve évidemment que Heemskerk, Barentz & Ryp avaient découvert, dès l'année 1595, l'île de l'Ours, que les Anglais reconnurent depuis, en 1603, à laquelle ils ont donné le nom d'île de Cherry, & qu'ils vifitèrent fouvent dans la fuite. De même, Hudfon vit, en 1607, le Spitzberg qui avait été découvert onze ans auparavant par les Hollandais, & qu'Hudfon prit à tort pour le Groenland. Cette relation montre clairement la difficulté de naviguer dans la mer peu profonde qui baigne le nord de la Sibérie, à caufe des glaces dont elle eft couverte, & les effets de l'intensité du froid, qui eft tel, que l'eau de la mer fe gèle en une nuit; ainfi que

la

la durée & l'extrême froideur des vents d'eft fous

le cercle polaire.

IV. Henri Hudson, partit du Texel le 6 d'avril 1609, avec un yacht équipé aux dépens de la compagnie Hollandaife des grandes Indes. Le s de mai, il était à la vue du cap Nord, & bientôt après il arriva à la Nouvelle - Zemble qu'il trouva environnée de glace très épaifle. Ce fut pour cette raison qu'il abandonna cette côte, & dirigea vers l'Amérique où il découvrit une rivière qui eft encore appelée de fon nom, rivière d'Hudfon, à l'embouchure de laquelle eft NewYork, & un lieu fitué un peu plus haut qu'on nommait New - Belgium, où les Hollandais avaient autrefois envoyé une colonie. Mais à l'égard des découvertes dans le Nord, le voyage d'Hudfon fut abfolument infructueux.

V. L'île de Jean Mayen fut découverte en 1611, par un marin de ce nom, elle eft fituée vers le foixante-onzième degré de latitude nord, & huit degrés quinze minutes de longitude eft de l'île de Fer. Elle est longue & étroite, & s'étend du nordeft au fud-oueft. Il y avait autrefois une pêcherie & une manufacture d'huile de poiffon, parce que les baleines fe rendaient quelquefois de l'ancien Groenland fur cette côte; on y trouvait auffi un grand nombre d'ours blancs, de morfes & d'autres animaux marins, & quelques renards. Tome II,

R

Mais l'île étant trop petite & l'appas très-rare, les poiffons découvrirent bientôt leurs ennemis & fe retirèrent parmi les glaces, où ils trouvent plus de sûreté & de tranquillité. Cette pêcherie avait été en activité depuis 1611 jufqu'en 1633; mais depuis ce temps cette île a été peu-à-peu négligée. Actuellement on ne la vifite plus que par hafard. Elle fut nommée, en l'honneur du prince Maurice de Naffau, île Mauritius en Groenland; mais il faut bien la diftinguer d'une autre île Mauritius fur la pointe nord-ouest du Spitzberg, qui porte auffi le nom d'île d'Amfterdam, & que les Anglais appellent cap d'Hackluyt. On avait laiffé, fur l'île Mauritius en Groenland ou ile Jean Mayen, fept matelots pour hiverner dans la faifon de 1633 à 1634, mais tous moururent principalement du fcorbut. Ils avaient fait leur journal jufqu'au 30 avril; ce fut probablement très-peu de temps après qu'ils moururent; car les vaiffeaux qui arrivèrent là de la Hollande, le 7 juin 1634, ne les trouvèrent plus vivans.

VI. On trouve dans les Tranfactions Philofophiques, no. 118, que plufieurs marchands de Hollande équipèrent, on ne dit pas en quel temps, quelques vaiffeaux qui s'avancèrent jufqu'au foixante-dix-neuvième & quatre-vingtième degré de latitude nord, cent lieues à l'eft & au-delà de la Nouvelle-Zemble, & qu'ils trouvèrent fous cette

latitude une mer parfaitement libre de glace; mais au quatre-vingtième degré, un degré de longitude ne vaut que dix milles géographiques, & cent lieues font trois cents milles communs anglais, comme on compte à la mer; conféquemment les Hollandais n'allèrent pas plus loin que trente degrés à l'eft de la pointe la plus orientale de la Nouvelle-Zemble, peut être aux environs de peut-être Chatanga, au cent-vingt-cinquième degré longitude eft de l'île de Fer; ce qui n'était pas d'une affez grande importance pour cacher cette découverte avec autant de foin que nous favons qu'ils le faifaient.

VII. Quelques perfonnes qui défiraient continuer les navigations au Nord, préfentèrent en 1614, une requête à leurs hautes - puissances les Etats- généraux, dans laquelle elles demandaient d'être établies dans la libre navigation au Nord du détroit de Davis, au Groenland, au Spitzberg & à la Nouvelle-Zemble. Ce privilége leur fut accordé par une charte en date du 27 janvier 1614; & depuis ce temps il a toujours fubfifté une compagnie du Nord, ou comme on l'appelle encore, du Spitzberg ou du Groenland, qui a coutume d'envoyer tous les ans aux régions polaires, des vaiffeaux employés à la pêche de la baleine & des phoques. On ne peut cependant pas affurer que cette compagnie ait fait aucune découverte im

portante dans le Nord, car ces marchands affociés fe contentèrent des gains médiocres qu'ils firent à cette pêche, & ne portèrent pas leurs vues plus loin.

VIII. En 1633, la compagnie Hollandaise du Nord envoya, comme de coutume, fes vaiffeaux au Spitzberg & donna en outre des ordres pour qu'on laiffât des matelots, mais de leur propre confentement, pour hiverner dans ce pays. Plufieurs s'offrirent d'eux-mêmes pour cette expédition. Ils y passèrent en effet l'hiver, mais ils eurent beaucoup à fouffrir du froid. Ils fe battirent quelquefois avec les ours, ils tuèrent quelques rennes, attrapèrent & mangèrent plufieurs renards, tuèrent un ou deux morfes, préparèrent quelques fanons d'une baleine qui avait été jetée sur le rivage par la marée, mais ils n'en tuèrent point; enfin ils revinrent heureusement en Hollande dans l'année 1634. Ils avaient paffé l'hiver dans une baie au nord fur l'île Mauritius (ou cap Hackluyt), près du Spitzberg. On laiffa encore dans la même année sept matelots fur cette île, ce fut auffi de leur propre confentement; mais ils moururent tous du fcorbut eu 1635. Ils avaient continué leur journal jufqu'au 26 de février feulement, & lorfqu'on retourna dans ce lieu en 1635, ils n'étaient plus. Depuis ce temps on n'a plus laiffé perfonne pour hiverner dans cet âpre climat.