페이지 이미지
PDF
ePub

touvrir le continent de l'Amérique en partant du Kamtfchatka; entreprise dans laquelle le commodore Beering a réuffi ainfi que le capitaine Tfchirikow. L'un & l'autre de ces navigateurs, virent, outre les objets particuliers à leurs recherches, quelques îles, fur l'une defquelles Beering échoua, à peu de diftance du Kamtschatka, & où il mourut. Son équipage fit une petite barque dés débris du vaiffeau, & fe retira dans le havre de Saint-Pierre & Saint-Paul au Kamtschatka. Enfuite quelques marchands & des Alibustiers allèrent dans ces lieux, avec la permiffion de la cour, pour faire des découvertes, chaffer, commercer & recueillir les tributs; & quoique les vaiffeaux dans lefquels ces premiers aventuriers s'embarquèrent, ne fuffent autre chofe que de faibles planches attachées les unes aux autres par des bandes de cuir, ils découvrirent cependant dans les années 1745 & 1750, un grouppe d'îles nommées îles Alautian. Plus loin on trouva encore un autre grouppe d'îles qui furent appelées les îles Andreanoff; enfin, on découvrit les îles Black-Fox ou du Renard-Noir, près du continent de l'Amérique. Tous ces grouppes d'îles compofent un archipel confidérable, qu'on a nommé certainement avec beaucoup de raison, Archipel de Catherine, en l'honneur de l'illuftre impératrice feconde de ce nom. Il s'étend du Kamtf

chatka à la pointe de terre appelée Alaska dans le nord de l'Amérique. Une chaîne d'îles s'étend depuis cette terre du Kamtschatka jusqu'au Japon. Le Kamtschatka, le nord de l'Amérique, le Japon, les îles Kuriles & celles de Catherine ont des volcans, dont plufieurs brûlent encore & d'autres font éteints. Ces volcans occafionnent tous les jours de nouvelles & de grandes révolutions dans ces contrées. Ils forment une chaîne de montagnes qui uniffait autrefois les deux continens de la même manière qu'ils avaient été joints probablement l'un à l'autre dans les détroits de Beering. Un courant venu du fud-oueft & dirigé au nord-eft, a auffi formé la pointe du Kamtfchatka, appelée Lopatka, ainsi que la baie d'Ochotsk & celle de Penfchinian, & entraîné dans fon cours une grande quantité de terre qui a refté dans le fond des eaux & forme ces basfonds fur lefquels les glaces s'arrêtent fi fréquemment aujourd'hui, & où elles ne peuvent plus fondre. Il n'eft pas de mon objet de déterminer le temps où cette féparation eft faite, ni de quelle manière cela est arrivé. Mais nous avons une preuve évidente qu'une grande & violente révolution de cette espèce a eu lieu. Les îles & les volcans qu'elles contiennent, font encore une preuve de la vérité de ce que j'ai avancé, que

les

les îles ont été formées des continens divifés par quelques violentes fecoufles.

Les îles Catherine & le continent voifin du nord de l'Amérique fourniraient à un habile naturaliste une multitude d'objets pour des obfervations intéreffantes. Il ferait à fouhaiter que l'illuftre Catherine voulût bien donner des ordres pour faire quelques voyages dans ces contrées : ils contribueraient beaucoup à l'avancement des sciences, fur - tout de la géographie & de l'hiftoire des nations, & à étendre les bornes des connaissances humaines; ce qui procurerait de grands avantages au puiffant empire qui reçoit fes lois, & donnerait à cette grande princeffe des droits éternels à la vénération de la postérité.

OBSERVATIONS GÉNÉRALES

Sur les Découvertes faites dans le Nord, & Refléxions fur la Phyfique, l'Anthropologie, la Zoologie, la Botanique & la Minéralogie de ces contrées.

LE globe contient dans ce que nous en connaiffons, une plus grande quantité de terres élevées au-deffus de la furface de la mer, dans les régions du nord que dans les terres polaires du Tome II.

Z

fud qui n'ont conftamment montré à tous ceux qui les ont obfervées, que de vastes mers. C'est d'après ce principe que j'ai effayé de démontrer dans un autre ouvrage, que les contrées du pôle nord, prifes ensemble, font plus chaudes particulièrement en été, que celles du pôle fud (a). En effet la grande profondeur des mers abforbe les rayons du foleil qui ne peuvent pas communiquer auffi aifément de la chaleur à des eaux d'une fi grande étendue & profondeur, qu'au fluide plus rare de l'atmosphère. La terre au contraire réfléchit les rayons du foleil dans toutes fortes de directions, ils fe croifent en tous fens; & l'expérience a démontré que c'est feulement par ces rayons ainfi rassemblés, que le foleil peut donner un grand degré de chaleur. Il eft auffi confirmé par l'expérience de tous ceux qui ont navigué dans les régions du nord, qu'on reffent fréquemment, entre les foixante-dixième & quatre-vingtième degrés de latitude nord, une chaleur affez grande pour faire fondre le goudron qui enduit les vaiffeaux. Mais vers le pôle fud la température de l'air eft beaucoup plus froide, & dans ces contrées on ne jouit jamais de la douceur d'un jour chaud.

(a) Voyez mes Obfervations faites pendant un voyage autour du monde, pag. 99.

Dans les pays froids, on trouve une grande quantité de différentes espèces de talc & de mica, & beaucoup de ftéatites & de pierres ollaires, par ticulièrement dans la baie d'Hudfon, dans le Groenland & le Spitzberg. Les productions vol caniques fe voient en grande quantité dans le Groenland, l'Iflande, fur les côtes occidentales du nord de l'Amérique, fur les îles Catherine & Kuriles & au Kamtschatka. On a trouvé du cuivre patif dans la baie d'Hudfon & fur l'île Copper (de Cuivre), près du Kamtschatka. L'île de l'Ours ou de Cherry contient beaucoup de plomb & un peu d'argent natif. On affure qu'on a découvert dans le Groenland une mine contenant de l'argent & même de l'or.

[ocr errors]

Les côtes du Groenland font totalement bordées des deux côtés de rochers très hauts & très-aigus. Cependant dans la baie d'Hudson les montagnes commencent à être moins escarpées & dans quelques endroits les bords font plats & unis. L'Iflande ainfi que le Spitzberg font des contrées toutes couvertes de rochers, la Nouvelle-Zemble préfente le même afpect. Toute la côte du nord de la Sibérie eft plate & baffe. La côte orientale de l'Afie jufqu'au Kamtchatka, est presque partout haute & pleine de rochers. La côte de l'A mérique, au contraire eft baffe & plate; mais au fud d'Alaska, elle commence à fe relever.

« 이전계속 »