페이지 이미지
PDF
ePub

PUBLIC LIBRAR

335650T, A BLE

ASTOR, LENOX mois de

TILDEN FOUNDATIONS

1605

ER S.

Romance.
Epigramme.
Le Franc Breton.

Novembre 1 7 9 0.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

A Paris, de l'Imprimerie de Moutard,

rue des Mathurins, Hôtel de Cluni.

MERCURE

DE FRANCE.

PIÈCES FUGITIVES

EN VERS ET EN PROSE.

ÉPITRE

AU PORTRAIT DE MON FRÈRE, Par M. Ferlus, Profeffeur d'Eloquence.

Oui, le voilà ! c'eft lui-même, c'est lui !

Portrait charmant, je revois ton modèle.
Je le revois, c'eft encor mon ami;
Ce font ces yeux, cette bouche fidèle
Qu'ont fui toujours le menfonge & l'ennui.
Ah! loin de moi ces faneux perfonnages
Que vend Cochin au Peuple admirateur;
Les attributs qui chargent leurs images,
Frappent mes yeux fans attacher mon cœur ;
J'y vois leur gloire & non pas mon bonheur.
Seul déformais embellis ma cellule :
D'un autre objet lé perfide paftel

Fixoit encor ma tendreffe crédule;
Tout cède enfin à l'amour fraternel.
Viens retracer à mon ame attendrie
Les fentimens, les vertus, les bienfaits
De mon ami; qu'ils vivent dans tes traits!
Douce impofture! il femble qu'il fourie
Au fouvenir des heureux qu'il a faits.
Non, il fourit aux tranfports de fon frère:
De mon bonheur il vient de s'animer.
Portrait chéri, malgré le fort contraire,
De la distance écartant la barrière,

Tu joins deux cœurs toujours faits pour s'aimer;
Que dis-je ? hélas ! vaine & muette image,
L'illufion me confole un moment;

Mais revenu de mon enchantement
Tes traits menteurs m'affligent davantage,
Plus abufé que ce plaintif Amant
Qui crut faifir l'objet de fon hommage,
Et n'embraffa qu'un perfide nuage (1),

Ainfi toujours nos défirs font trompés.
On fe repaît d'une vaine peinture;
Les plus heureux font ceux que l'imposture
Dans fes filets tient mieux enveloppés.

Loin du réel, l'ame fuit & s'élance.

Tous nos projets font un mouvant tableau

(1) Tout le monde connoît la Fable d'Ixion & de la

Nude, qui repréfentoit la Reine des Dieux.

Qui n'a d'attraits que fon invraifemblance;
Ce faut miroir, où tout fe peint en beau,
Nous fait quitter le vrai pour l'apparence,
Et l'erreur feule eft notre jouiffance.

Dans fon Mufée, entouré de fes vers,
Un pauvre Auteur, bien sûr d'être un génie,
Voit fon grand nom parcourir l'Univers.
Déjà Vanlo produit fon effigie

Qu'en vingt façons le burin multiplie
De fes Ecrits, où chaque mot eft neuf,
Didot promet l'édition charmante;
Et fi la mort efface un des Quarante,
Il va de droit s'unir aux trènte-neuf.

Que je le plains, fi la vérité
perce
Jufqu'à fes yeux! quel funefte retour
Si la raison lui fait voir au grand jour
La vanité de l'espoir qui le berce!
Car des humains que le deftin traverse,
Il n'en eft pas qui tombe de fi haut
Qu'un Bel-Elprit qui fe retrouve un fot.

Auffi pourquoi, d'une aile téméraire,
Vouloir franchir les bornes de fa fphère?"
Dans notre orgueil nous nous efforçons tous
D'atteindre aux biens qui ne font pas pour nous.
Malgré le fort, Cloris veut être belle,

.....

Comte, & .... Auteur;

L'Abbé Grimaud, difcoureur infidèle,

Difpute à Fox la palme d'Orateur :

Ne rions pas, & plaignons leur erreur.

Foible Portrait, ainfi mon humeur fombre,
A ton afpect s'aigrit de plus en plus;

J'y vois, hélas ! qu'il eft des biens fans nombre
Dont nous n'avons
que des traits mal rendus ;
L'objet s'enfuit & nous laiffe fon ombre.
Nous ne voyons que l'ombre des vertus.
La lâcheté fe cache fous le cafque ;
Le froc pieux couvre l'impiété ;

Je crois de loin admirer la beauté,

En m'approchant, je n'en vois que le mafque.

Les faux-femblans font la Société ;

La politeffe y tient lieu des fervices;
Le perfiflage eft appelé gaîté ;

Nos amitiés font d'heureux artifices;
L'amour n'est plus, nous avons fes caprices.
On voit par-tout des dehors impofteurs
Subftituer la morgue à la nobleffe,

Le froid dédain à la délicatesse,

A l'honneur vrai l'enflure des honneurs,
La bienféance à la place des moeurs:
Et le vulgaire, à ces fauffes irages,
De fes refpects prodigue les tributs!
Pardonnons-lui, ce font autant d'hommages
Qu'il croit porter à l'autel des Vertus.
Un jourle vrai, difipant ces fantômes,
De fes rayons viendra charmer les hommes,

« 이전계속 »