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APPROBATION

De Monfieur D'ARNAUDIN, Docteur de -Sorbonne, & Cenfeur Royal des Livres.

Ja

'AI lû par l'ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un manufcrit qui a pour titre, Relation Hiftorique & Theologique d'un voyage en Hollande. Par M. Guillot de Marcilly. Cet ouvrage eft compris en 451 pages, que j'ai toutes paraphées de ma main. Je n'ai rien trouvé dans ce manufcrit qui puiffe en empêcher l'impreffion. A Paris, ce 26. Fevrier 1719.

D'ARNAUDIN,

RELATION

I

RELATION

HISTORIQUE

ET

THEOLOGIQUE

D'UN VOYAGE

EN HOLLANDE

'Inclination que j'ai euë toute ma vie de voyager, m'avoit cellement occupé dès ma tendre jeuneffe, qu'à peine les vacances de mes Colleges étoient-elles arrivées, je partois auffi-tôt pour courir quelques Provinces de la France, dont je vilitois les principales Villes.

A mesure que j'avançois en âge, cette paffion fe fortifioit fi vivement dans mon cœur, que ma curiofité augmentant tous les jours de plus en plus, je formai le deflein d'aller la fatisfaire

A

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chez les Nations étrangeres.

Le feu d'une cruelle guerre que je voyois allumé avec tant de violence par toute l'Europe, étoit un terrible obftacle à mes projets. C'eft pourquoi je me déterminai à ne point interrom pre le cours de mes études, dans l'efperance qu'un jour nos ennemis ouvriroient peut-être les yeux fur leurs véritables interêts, & que par cette heureufe conjoncture je pourrois me donner un libre effort.

Cependant mes actes publiques de Philofophie fe trouvoient déja foûtenus, que cette paix tant defirée n'étoit point encore venue fermer les cataractes de ce déluge de fang qui inondoit une partie de notre Hemifphere. Ainfi l'efpace confidérable de temps que je prévoiois avoir encore pardevers moi, ranimant de nouveau cette forte envie que j'avois de fçavoir, je me jettai dans les lectures folides, & je me mis à fréquenter durant trois années les Ecoles de Théologie, fans avoir néanmoins aucun autre motif que celui d'augmenter mes connoiffances.

Pendant que je m'appliquois à ces

En Sorbonne fous Meffieurs vitaffe & Danes.
A Navarre fous Meffieurs Favart & Marion.

louables occupations, la fufpenfion d'armes fut enfin propofée: les négociations s'entamerent; les traitez furent fignez, &graces au Ciel l'olivier fe trouva réciproquement planté dans les champs de batailles, à la tête des armées les plus formidables.

Je fongeai pour lors à faire éclore mes premiers deffeins. Il n'étoit plus question que de fçavoir quelle route je devois prendre; mais aprés y avoir mûrement réfléchi, je crus qu'il convenoit mieux de commencer mes voyages par l'Angleterre ou la Hollande, attendu que ces Cours étrangeres étoient les plus proches.

Comme par des raisons de prudence je ne voulus pas donner à qui que ce foit aucune connoiffance de mes intentions, je fis courir le bruit avant mon départ, que j'allois paffer quelques mois à la terre d'un de mes amis, & je pris congé fur ce pied-là de ma famille. Cependant ce myftere que je fis innocemment, fut caufe que plufieurs petits efprits s'aviferent de glofer fur ma conduite, & raifonnerent de mon abfence, felon que la foible portée de leur genie pouvoit leur fuggerer. Je partis donc de Paris un Mercredi

b

26. Septembre 1714. par le Caroffe de Rouen où j'arrivai le 27.au foir. Dès le lendemain je m'informai fur la BourLe a, fi quelque vaiffeau Anglois qu Hollandois étoit prêt à partir. J'appris qu'il y en avoit un en charge pour le compte d'Amfterdam. Je m'y embarquai le Jeudi 4. d'Octobre, & après avoir levé l'ancre, nous fimes le falut par trois coups de canon, & defcendîmes la Riviere jufqu'à Quillebenf, qù nous ne mouillâmes que le 9. M'étant auffi-tôt fait mettre à terre, pour prendre quelques provisions, je trouvai dans la ville un Ecclefiaftique qui étoit obligé de fortir de France fous un habit de cavalier, à l'occafion d'une affaire qui n'a que trop fait de bruit dans le monde, par le terrible défordre qu'elle a caufé dans l'Eglife. Le lendemain 10. à la marée du matin nous montâmes tous à bord; & ayant appareillé, nous mîmes à la voile, cinglant par un petit vent de Sud quart au Sud-ouest, jusqu'à

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a Dans les Villes de négoce l'endroit où Meffieurs les Marchands s'affemblent, s'appelle la Bourfe qu la Place.

b Ce Vaiffeau fe nommoit la Ville de Harlem; c'étoit le Capitaine Vander hout qui le commandois.

c Il étoit cy devant Sous-maître au College Mazarin, pour les études & conduite de Meffieurs les Penfionnaires, Il faifoit pour lots fa licence en Sorbonne.

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