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mes de toutes ces diverfes opinions, & m'éclaircir à fond des points capitaux qui les féparent de fentimens les unes des autres.

C'eft pourquoi d'abord que je fus délaffé des fatigues de ma navigation, je commençai par prendre un appartement en ville, chez un nommé Mailly, Catholique Romain, où j'étois affez tranquille pour étudier. C'étoit proche mon auberge.

La connoiffance que j'avois faite d'une Marchande Libraire, qui demeuroit fur le Rockin, attenant la Bourse, m'étoit très-utile & des plus avantageufe Cette Dame & Mademoiselle fa niéce, toutes deux Françoises réfugiées, ayant infiniment d'efprit, je rencontrois chez -elle un concours continuel d'habiles gens de toutes nations. Je trouvois encore dans fes magafins, tous les livres que je pouvois defirer, tant fur les ma→ tieres Ecclefiaftiques & de controverse, que fut celles de politique, hiftoriques, &c. J'avois de plus la commodité d'une Biblliotheque affez nombreuse,qui étoit ouverte le mercredi & le famedi pour l'utilité du public. Je fréquentois outre cela continuellement Meffieurs les Mi niftres, avec lefquels j'étois fans ceffe en

controverfe. Je difputois auffi avec les vieux Rabins des Juifs, & je pouffois même ma curiofité jufqu'à me faire inftruire par des fectateurs de Mahomet ", & à vouloir encore fouiller dans les chimériques idées des Idolâtres, des Deiftes b & des Athées.

Tout me tournant ainfi à fouhait, il étoit impoffible que je n'eus par la fuite une connoiffance entiere & parfaite de

a Mahomet étoit un célébre impofteur Arabe, qui naquit de la lie du peuple, le 5. Mai l'an $70. Son efprit orgueilleux lui fuggerant l'ambition de regner ce faux Prophete inventa une Religion, qu'il compila en partie du Judayine, & en partie de tout ce que les Hérétiques enfeignoient de plus infâme, dont il compofa fon Alcoran. Une bande de fcelerats qui ne connoifloient ni Divinité, ni juftice, fe joignirent aux Arabes, & adopterent volontiers cette déteftable loi, parce qu'elle étoit conforme à leur fenfualité. Tout l'Orient devint un theatre d'horreur & de carnage: & dans la fuite cette diabolique doctrine a fait de fi grands progrez, que la plus confidérable partie de notre Hemisphere en a fubi la tyrannie. Toute l'Europe même eût fléchi fous cet abominable joug, fi la valeur des François n'en eût arrêté le cours. Enfin après de longues & fanglantes guerres,Mahomet mouHit un lundi 17. Juin, l'an 631. âgé de 63. années lunaires, ou Arabiques, après un monftrueux regne de 8 ans & demi ou environ. Par bonheur ce miférable ne laiffa aucun enfant mâle,de plufieurs femmes qu'il avoit eu.

b Dans les pays de liberté, on ne trouve que trop de partifans du Deïsme & de l'Ateïsme. L'Angleterre & la Hollande fouiniffent en abondance de ces prétendus efprits forts, qui au bout du compre ne font que de purs vifionnaires dans leurs fyft ênies, fans nulle folidité dans leurs raifonnemens. L'orgueil, l'impieté &le libertinage font l'ame de leurs démarches,

la Religion Proteftante Prétendue Réformée, & même de toutes celles qui fe profeffent dans les coins les plus reculez de l'Univers; puifque non content de ce que j'approfondiflois fans relâche par mes lectures continuelles & mes différentes converfations, je ne manqucis aucuns prêches ou fermons des Miniftres de toutes les fectes, qui font, co me j'ai déja dit, une infinité de fortes de communions différentes dans les fept Provinces-Unies. C'est au milieu de ces affemblées, que par mes éxactes perquifitions j'ai découvert le poifon caché de l'héréfie, tellement funefte à fes fectateurs, que ces pauvres aveugles font tous les jours trompez par la mauvaife foi de ceux qui les conduifent. C'eft-là que j'ai eu la douleur de voir la Sainte Ecriture expliquée & entendue dans un fens nouveau & extraordinaire. C'eft-là que j'ai été mille fois fcandalifé des fauffes accufations par lefquelles la fainte Eglife Catholique Romaine eft injuftement calomniée, & dépeinte avec tous les traits les plus difformes. C'eft-là enfin que le rideau a été entierement tiré de devant mes yeux, & que j'ai vû diftin&ement & à découvert, la turpitude honteuse de cette infâme débauchée,

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dont parle le Prophete Nahum, laquelle chap. a fait miférablement tomber fans aucune pudeur, un fi grand nombre de peuples dans fes abominations. En un mot, c'eft-là que j'ai été entierement convaincu de la pureté des dogmes de P'Eglife Catholique Romaine, infaillible dans fa foi; & que tous ceux qui s'en font féparez, n'ont eu d'autres motifs dans leurs fchifmes, que les appas d'un libertinage outré, & l'aveuglement d'un efprit ennemi de toute fubordination.

Ma curiofité fut pour lors pleinement fatisfaite. J'étois arrivé au point de découverte que je m'étois propofé. C'eft pourquoi je mis fin à une étude, qui m'aiant montré évidemment, la fauffeté des maximes de toutes les Religions étrangeres, me confirma dans l'unique véritable croiance Catholique &Apoftolique de mes peres.

Je ne voulus point cependant pouffer plus loin mes voiages, que je n'eus fait auparavant quelque profélite en arrachant des griffes du démon, quelquesuns de mes pauvres entêtez compatrio tes réfugiez.

Je crus qu'il m'étoit impoffible de reconnoître plus généreufement les obligations que j'avois à ma Marchan

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de Libraire, qu'en la remettant dans le feul chemin qui conduit au Ciel. L'envie que j'avois d'en venir à bout, m'y fit prendre de toutes les façons; je mis tout en œuvre afin d'y réuffir & je n'épargnai rien pour la convaincre; mais comme elle fut entierement fourde à mes raifons, je vis bien que Dieu ne jugeoit point encore à propos de frapper en maître à la porte du cœur de cette Dame; ainsi je me tournai du côté de Mademoiselle fa niéce, que je ne trouvai pas moins infléxible dans fes entêtemens. Je m'apperçus néanmoins que les préjugez de la naiffance fomentez par les obftacles de Péducation, avoient beaucoup plus de part dans les réponses de cette jeune Demoiselle, que la folidité de fes raifonnemens, ce qui me fit redoubler mes attaques, espérant la pouvoir perfuader avec le temps; cependant toutes mes prieres & mes foins furent perdus, la lumiere de la vérité ne diffipa point les ténébres de l'erreur, & je ne gagnai pas plus fur la prévention de la niéce, que j'avois avancé du côté de l'obftination de la tante.

Je fus plus heureux avec un des deux neveux qui reftoient; car un mas

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