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finité de foiblefles; que cet homme venant à mourir, fans être entierement purifié, il faut bien qu'il y ait un lieu prépolé pour fa purification: l'Eglife, dis-je, dès fon commencement, dans fes Conciles, & par la bouche de tous fes Docteurs a toûjours enfeigné que ce lieu, dit faint Pierre, eft une espece de 1. Ep. ch. go prifon, nommée Purgatoire, où les ames. 19. des fideles, morts en état de grace, fans Id 4. v. 6. avoir entierement fatisfait à la coulpe de leurs foiblefles, font détenues & purgées pendant un certain tems limité jufqu'à ce qu'elles aient pleinement effacé les restes de leurs fouillures: lef quelles ames peuvent être néanmoins foulagées de leurs peines par les prieres des vivans, & fur tout par le faint Sacrifice de la Meffe. Mais de fçavoir ce en quoi confifte le Purgatoire, c'eft ce Conc. Trid. que l'Eglife, ennemie des fables, n'a Seff. 25. point jugé à propos de décider, ne voulant pas pénétrer dans l'immensité des decrets de Dieu: cette bonne Mere s'est feulement contentée d'avertir les enfans qu'il y en avoit un, fans aller plus loin. Cette Doctrine eft entierement conforme à l'efprit de la fainte Ecriture, qui nous prouve la réalité exiftante de ce Purgatoire.

En effet, nous voions dès l'Eglife

2. Liv. des Juive, un Judas Maccabée, faire prier Macchab. ch. Dieu & offrir des facrifices dans le Tem

12.

~. 46.

ple de Jerufalem pour ceux qui étoient morts dans un combat: ce faint homme affurant que c'eft une fainte & falutaire pensée de prier à l'intention des morts, afin que Dieu leur pardonne leurs péchez. Voilà pourquoi les Hébreux (ou Juifs) célébroient trois fois l'année, la fête des ames, & faifoient des prieres pour elles. Si ce grand capitaine n'avoit point cru avec les Juifs, un autre endroit après la mort, que le ciel des bienheureux & l'enfer des démons, il est certain qu'il n'auroit pas tenu cette conduite; car il fçavoit bien que ceux qui font dans le Ciel, n'ont point befoin de prieres; encore moins ceux qui tombent dans les enfers, puifque ces malheureux n'ont plus de rémiffion à attendre.

a Les Juifs prétendent que ceux de leur nation qui ne font point taxez d'héréfie, ne demeurent pas plus d'un an dans le purgatoire, qu'ils y peuvent expier les crimes les plus énormes, ce qui leur eft, difentils, un privilege par deflus les autres peuples, lefquels ils ne damnent pas abfolument, pourvû que les nations étrangeres croyent l'unité de Dieu & certains autres articles de la foi; c'eft pourquoi les Rabins enfeignent qu'il y a peu de Juifs qui pour leurs péchez, reftent éternellement dans l'enfer, parce qu'étant, ajoûtent-ils, les véritables enfans de Dieu, c'eft pour eux principalement que l'autre monde a été créé,

*D'ailleurs, fi cette pratique de prier Dieu pour les morts eût été mauvaise & fuperftitieufe, eft-il naturel de croire que Judas Maccabée eût voulu introduire un ufage contraire ou à la loi de Moïse, cu à la tradition, fur tout ce grand capitaine étant de la race facerdotale, & zelé jufqu'au péril de fa vie pour la gloire de Dieu. Les Prêtres mêmes & les autres Miniftres qui fervoient dans le Temple de Jerufalem, ne fe feroient-ils pas oppofez vigoureusement contre une pareille nouveauté, & n'auroient-ils pas refufé de mettre dans le tréfor du temple la fomine de douze mille dracgmes", que le faint homme Judas Maccabée leur avoit envoyé pour faire des Sacrifices à l'intention des morts, fi dès ces tems- là les Juifs n'avoient admis un milieu entre le Ciel & l'enfer ?

a La Verfion Grecque ne porte que 2000 dracgmes, & le Sitiaque 3oco. Mais les exemplaires Latins portent unanimement 12000. S. Profpere, lib. de Promif part. 2. cap. ult. lifoit même 1000 talents. La dracgme étoit une petite monnoye des Atheniens, qui valoit un denier Romain, ou la huitième partie d'une ce qui faisoit 3 fols 10 deniers. Dans l'Ecriture Sainte ou la monnoye, felon les Hébreux, vaut le double; la dracgme étoit une piece de 7 fols 8 deniers. 139 Ainfi les 12000 dracgmes à fols 8 deniers, 7 & d'un ass

once

denier l'une font la somme de 4627 livres 3 fols

de denier.

Inc. 12.

par conféquent un Purgatoire. Il eft donc inconteftable que la priere pour les morts s'eft pratiquée dans l'Eglife Juive.

JESUS-CHRIST nous fait bien connoître l'existence d'un troifiéme lieu, lorfMatth. 5. que ce Divin Sauveur nous confeille de nons accorder pendant que nous fommes ści bas, avec notre adverfaire, de crainte que nous aiant citez devant le juge, nous ne foions mis entre les mains des Minitres de la Justice, qui nous ayant jettez dans une prifon, nous n'en fortirons point que nous n'ayons fatisfait jufqu'à la derniere obole. Certainement le Fils de Dieu ne parloit point dans cet endroit de l'enfer, fçachant bien que les cris & les Prov. ch. harlemens des miférables qui y font renfermez, feront éternels, puifqu'ils font ch. 14. v. 9. les fujets légitimes de la juftice de Dieu, & n'auront jamais de part à fa divine miféricorde. Le pécheur, dit le Prophete Pf. 111. ♥.10. David, dans fa fureur grincerades dents, il confiderera de loin le bonheur qu'il a perdu, mais fa rage augmentera quand il verra qu'il n'y a plus de rémission à attendre n'y a esperer.

27.. 20.

Ecclefiaftic.

Outre cela JESUS-CHRIST parle encore de certains péchez qui fe pardonneront dans l'autre vie, & d'autres qui n'au

Marc 3. V.

ront jamais de rémiffion, comme de blafphemer contre le faint Efprit. Con- Matth. 12. v. ftamment ce ne fera point dans le ciel, "1.. que ces certains péchez feront pardon- 18. nez, puifque rien de fouillé n'y entrera. Luc 12. v. 10. 1. Ep. S. Jean Ce ne fera point non plus dans les en- ch. 3. v. 16. fers, où il n'y a plus de pardon à espé-Apoc. 21. Vo rer. Il y a donc un troifiéme lieu où il Matth. 7. v. refte des péchez à expier & à par- d. 25. v. 41.

donner.

23.

Luc 3. 2.17. 2. Theff. 1.

ข.9.

27.

1. Cur. ch. 3.

Saint Paul nous dit que nous de-. vons tous passer comme par le feu pour Heb. 1o. v. nous éprouver. Il est visible de voir que "Apoc. 20. ce faint Apôtre ne parle point en cet v. 10. endroit du feu de l'enfer, attendu qu'il ajoûte enfuite que nous ferons néanmoins fauvez. Il faut donc qu'il y ait un autre feu que celui des damnez. Mon lecteur remarquera, s'il lui plaît, que quoique faint Paul dife que nous ferons fauvez en paffant comme par le feu, le mot de comme ne diminue en aucune maniere la réalité de ce feu, attendu que c'elt une façon de parler fort commune dans la fainte Ecriture. En effet, lorfque faint Jean dit au premier Chapitre de fon faint Evangile, que les hommes ont v. 141 vú Jefus comme l'unique Fils de-Dieu, cela ne fignifioit pas que JESUS-CHRIST fût fimplement la figure ou la reffem

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