ger qu'après la chute d'Adam, nous étions tous généralement condamnez au feu éternel, quelque rude pénitence que nous euffions pu faire pour fatisfaire pû à Dieu par nous-mêmes; que J. C. aiant bien voulu paier le prix de notte rédemption, en attachant fur fa Croix Coloff. 2. v. la cedule du decret de notre réprobation, il étoit jufte que ce Divin Sauveur exigeât de nous quelques peines temporelles, de crainte que notre orgueilleux amour propre, & notre trop grand excez de confiance, ne nous fift oublier nos obligations & notre devoir. C'eft pourquoi le Fils de Dieu a fatisfait pour nous, afin Coloff.ch. dit faint Paul, de donner la force & le mérite à nos fatisfactions, qui feroient abfolument mortes & inutiles, fi elles n'étoient animées du fang de Jefus Chrift.

A propos dequoi donc Meffieurs les Prétendus Réformez nous accufent-ils de faire injure au mérite d'un fang fi précieux? Si ces Meffieurs vouloient bien fe donner la peine d'y faire attention, ils reconnoîtroient que quand l'Eglife Romaine, enfeigne que le Baptême, la Contrition, la Charité & les Sacremens: nous fanctifient ; cette Epoufe de Jesus-CHRIST eft entierement perfuadée que toutes ces vertus, par elles-mêmes ne

purifient point, & que ce n'est qu'en
vue du prix infini de ce fang Divin,
qu'elles ont la force de nous fanctifier,
puifqu'elles font fimplement les inftru-
mens qui nous appliquent la grace de
notre rédemption gratuite. De plus,
quoique nous ditions avec Meffieurs les
Prétendus Réformez, que c'est par la
feule miféricorde de Dieu que nos pé-
chez nous font remis; nous fçavons par-
faitement bien que le canal
le canal par lequel
cette divine miféricorde nous eft appli
quée, n'eft autre que le Sang de Jesus-
CHRIST: ainfi lorfque l'Eglife Romaine
dit & enfeigne que nos crimes font pur
gez par le prix infini de ce Sang Divin,
elle reconnoît encore la foi & les Sa-
eremens, comme les moyens inftituez
par notre Rédempteur, pour nous ap-
pliquer le mérite de fa Paffion & de fa
mort, en nous faisant accomplir dans no-
tre Chair ce qui reste à souffrir à Jesus- 24.
Chrift.

.

Coloff. 10

C'est donc à tort que Meffieurs les Prétendus Réformez nous blâment condamnans nos fatisfactions particu keres, puifque nous fuivons la doctrine de l'Ecriture Sainte, qui nous enseigne que nous sommes tous purgez, purifiez, id. 16. v. 6. juftifiez, nétoyez, par la foi, par les au Roms, cb.

27.

Prov. 15. V.

A&t, ch. 3.

Eph. ch. s.
Tit. ch. 3.

Jacq. ch.2.
Pet. ch..

Selfo 240

vres & par les Sacremens; Ainfi l'Eglife Catholique, incapable d'erreur & de changement, a toûjours enfeigné que par le Baptême, la pénitence, les pleurs, les œuvres & le martyre,nos péchez font purgez, lavez, nétoyez, ôtez, rachetez, effacez, abolis, confommez, expiez; que Dieu s'appaife & le rend propice par nos œuvres, & que nous avons pluheurs moyens par lefquels nous pouvons racheter, effacer, & purger nos péchez. C'eft pour cette raison que le faint Concile de Trente a judicieusement crû qu'il y avoit dans l'autre vie un lieu particulier dans lequel les restes de nos foibleffes font purifiées après notre mort, par le mérite du Sang de JESUS-CHRIST, afin de nous rendre dignes d'entrer dans le fein de la pureté.

7. Tim. I. 18-

Enfin, non-feulement la réalité de l'existence d'un Purgatoire eft incontef rable, comme nous venons de le voir; il eft encore conftant que nous pouvons foulager par nos prieres & nos bonnes œuvres ceux qui ont le malheur d'y être détenus, afin, dit faint Paul, que le Seigneur leur fasse la grace de trouver mifericorde devant lui en ce dernier jour: car outre que c'eft un ufage des plus anciens dans l'Eglife, que la priere

pour

les morts, c'est que Dieu fait beaucoup de cas de l'union fraternelle des fideles qui font les membres de JESUSCHRIST que d'ailleurs il accepte fouvent les prieres & les mortifications des uns, pour fufpendre, & même oublier quelquefois les punitions que fa juftice préparoic aux autres. Voilà la raison pour laquelle nous voions dans la Sain te-Ecriture quantité de Saints perfonnages qui fe font affligez dans le jeûne, le lac, & la cendre, non pour leurs feuls péchez perfonnels, mais encore pour les crimes de tout le refte du peuple, la fervente priere du jufte pouvant beau- Epif..S.Jaiq. coup. C'est pourquoi Dieu auroit ch. s. v. 16.. pardonné à Sodome & Gomorrhe à la fup- Gen. ch. 18 plication d'Abraham, fi ces deux infames Villes euffent pû poffeder chez elles, le feul petit nombre de dix juftes':: cependant les prieres d'Abraham ne font point perdues, puifque Dien délivra Lot avec fes deux filles de la pluie de feu & de fouffre, qui confuma les abominables Sodomites.

Pharaon & le reste de fon peuple ido- Exod. lâtre eft délivré des plaies dont Dieu le puniffoit, par les prieres de Moïfe

& d'Aaron.

Le Roi de Ninive par fa pénitence, Proph. Jonas:

7.ch. 3,