pofé pour la fainte affemblée générale. Enfin nous enfeignons que le faint Pontif Romain aiant, comme la principale autorité, en ce qui regarde la foi, c'est à lui à préfider ordinairement dans les faints Conciles généraux, & à propopofer les queftions qui doivent y être décidées par l'Eglife. Que le Pape étant comme le premier des Evêques, & le chef ministériel de l'Eglife, il a le droit inconteftable de recueillir les fentimens de tous les Evêques du monde fes confreres, & de prononcer tant en leur nom qu'au fien, le jugement infaillible de toute l'Eglife; ce privilege néan- moins n'a jamais été regardé comme une confirmation du Concile,puifqu'il y en a eu nombre qui ont fouvent décidé contre les fentimens des Papes, & même qui ont été convoquez malgré eux.

A propos dequoi Meffieurs les Prétendus Réformez veulent-ils donc inutilement nous faire renaître des époques, & des tems fâcheux, fur lef quels nous ne tournons jamais nos regards qu'avec des gemiffemens amers. L'infaillibilité de l'Eglife ne dépend point de la conduite particuliere des Papes: ainfi M. le Général Marquis de Langallerie s'eft donné des peines très

inutiles, quand il a fouillé dans toutes
les hiftoires, pour nous remettre de-
vant les yeux de certains faits person-
nels, qui excitent plus nos larmes,
qu'ils ne font de tort à la pureté de
notre foi.

Les moiens fpirituels de faire executer les facrez Canons, font ordinairement abandonnez à la fage prudence des faints Pontifs; ce font eux qui en font les premiers gardiens; c'eft pourquoi, comme principaux dépofitaires des clefs céleftes, ils doivent veiller fur ce qui fe pafle dans l'Eglife, faifant tout leur poffible pour appaifer, par la douceur, les divifions qui peuvent s'y élever. Ils doivent, ainsi qu'un bon pere, écouter paisiblement les raifons de leurs enfans; & n'en venir ja mais à la fâcheuse extrêmité de l'exécution des cenfures de l'Eglife, que lors qu'ils voient abfolument une desobéisfance aveugle, & un entêtement obstiné de la part de ceux qui veulent ma‐ licieusement femer l'ivraye parmi le bon; Matt. 13. v. grain. En effet, l'Eglife ne pouvant pas être toûjours œcuméniquement affemblée, le Pape, ou plutôt le faint Siége, reprefentant l'Eglife dans cette occafon, prononce infailliblement fur le fait

de la foi, mais cependant provifionellement (j'entens lorfque tous les Evêques en font d'accord) jufqu'à ce que le Concile général y ait donné fa pleine & entiere autorité: car alors c'est

l'Eglife qui parle, & non le Pape.

Voilà pourquoi le Pape faint Victor Premier, aiant prononcé fur la célébration de la fête de Pâque, dans un Synode tenu à Rome environ l'an 197. cette même queftion fut encore agitée dans le premier Concile général de Nicée. Vers le milieu du troifiéme fiecle, les Papes Liberius & faint Damafe premier condamnerent l'héréfie de Macedonius, ce qui fut confirmé par le premier Concile général de Conftantinople. Dans le Synode tenu à Rome l'an 430. le Pape faint Céleftin Premier anathématifa l'héréfie de Neftorius, lequel anathême fut enfuite répété au fameux Concile général d'Ephéfe. Saint Félix Pape, troifiéme du

aiant déclaré hérétique l'abomi

a Macedonius étoit un hérétique qui en feignoit que le S.Efprit n'étoit semblable ni au Pete ni au Fils, mais feulement une créature & un des Miniftres de Dieu, plus parfait que les autres Anges du Ciel.

Neftorius admettoit en JESUS-CHRIST deux hypoftafes, ou perfonnes, comme il y avoit deux natures, en forte qu'il y avoit deux Fils, l'un Dieu, l'autre homme, defquels la fainte Vierge n'étoit mere que du dernier.

nable Pierre d'Antioche, dit le Fou lona, dans un Synode tenu à Rome l'an 483. cette condamnation fut ratifiée au fecond Concile général de Conftantinople, fans parler des autres Conciles qui ont tous éxaminé les décifions de Rome.

Les Pontifes Romains font encore chargez par l'Eglife, de la propagation de la foi, chez les nations idolâtres & infidelles. Ils ont droit d'envoier tels Miffionnaires que bon leur femblent, pour y porter la lumiere du faint Evangile: cependant le malheur qu'il y a, c'eft que nos faints Pontifes qui ne peuvent pas voir par eux-mêmes tout ce qui fe paffe, font fouvent trompez, leurs Conftitutions méprifées, & leurs decrets peu exécutez.

Mais comme j'aurois trop à m'étendre, fi je voulois entrer ici dans un plus grand détail, je réponds aux mouvemens intérieurs que la charité m'infpi

a Pierre d'Antioche étoit un malheureux Moine de Conftantinople, qui joignit à la corruption de fes mœurs une infinité de fentimens pleins de blafphemes. Sa vie débauchée le fit chaffer du Monaftere des Acoémetes ou Infomnes, ainfi nommez, parce qu'ils fe fuccedoient perpétuellement les uns aux autres pour chanter our & nuit les louanges de Dieu. Cependant l'infâme Pierre le Foulon trouva affez de credit à la Cour pour ufurper le Siege d'Antioche, où il fit des défordres affreux, mais Dieu délivra l'E glife de ce monftre l'an 486,

re, & je termine cet article, en concluant que l'Eglife de Dieu doit être une, feule, & unique. Qu'elle n'innove rien préfentement dans fa doctrine, qui n'ait toûjours été enseigné chez elle fans interruption. Qu'elle fe conduit par la direction intérieure du S. Elprit,ce qui la rend infaillible pour maintenir la foi, jufqu'à la confommation des fiecles.

Qu'outre cela cette divine Eglife doit avoir un chef vilible après JESUSCHRIST qui en eft le chef invifible, pour la diriger & la conduire. Que dans ce chef vifible il faut diftinguer deux perfonnes; fçavoir le particulier, & le Pontife du faint Siége de l'Eglife. Le particulier, comme limple & feul Evêque de Rome, égal en épifcopat & en facerdoce à tous les coévêques, non-feulement ne peut être juge infaillible en matiere de foi; il eft capable au contraire de tomber dans des héréfies monstrueuses, ce qui n'est que trop fouvent arrivé. Mais pour le Pape, lorfqu'il parle au nom de l'Eglife univerfelle, & qu'il fuit ou propole les décifions des Conciles généraux qui font infaillibles fur les dogmes de la foi, ce Pontife eft fans contredit, cette colonne Exod. ch. 13. uminenfe, capable de conduire le peuple de Dieu.