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parer fincerement fon apoftafie, au cas qu'il fe trouvât hors d'état de me répliquer; qu'à cet effet, avant que de rien entreprendre, j'éxigeois de lui une promeffe fignée de fa main, par laquelle il promît devant Dieu d'abjurer fes erreurs, fi par une permiffion Divine je venois à lui defiller les

yeux.

Tout ce que je demandois me fut auffi-tôt accordé ; & pour montrer que la chofe étoit des plus férieuses, M, le Marquis de Langallerie dressa lui-même la promeffe fuivante, laquelle il figna en présence de plufieurs témoins de probité.

J

E fouffigne Général Marquis de Lan

& m'engage en parole de Gentilhomme d'honneur, de rentrer dans la Communion Romaine, de laquelle je me fuis retiré pour des raifons que je crois légitimes; au cas que M. Guillot de Marcilly ou quelqu'autre, puisse me faire voir clairement & évidemment que je fuis à préfent dans l'erreur; à condition cependant qu'il me fera permis de prendre telles perfonnes que je voudrai choifir pour me feconder lorfque je

me trouverai embarasse. J'éxigo outre cela de mondit Sieur Guillot de Marcilly, qu'il me parlera fans déguifement, de bonne foi, & à cœur ouvert, quand je le prefferai fur les endroits les plus délicats des abus de l'Eglife Romaine, comme de l'infaillibilité imaginaire de fon Pape, du libertinage de fes Moines, &c. fans quoi la présente promeffe fera abfolument de nulle valeur, & ne m'engagera à aucune chofe. Fait à Amfterdam, ce Vendredi après midi, quatorziéme Juin mil sept cens quinze. Signé,

Le Général Marquis DE LANGALLERIE.

C'est alors que je fus entierement convaincu qu'il n'y avoit plus à s'en défendre. J'étois ferré de trop près pour pouvoir éluder ni refufer le combat: ainfi m'étant muni de cette promeffe, comme d'un titre autentique, je pris congé de mon Antagonifte, & me retirai.

Le foir étant rentré chez moi, il me fut impoffible de clore l'œil de toute la nuit. J'avois fans ceffe dans l'efprit ce qui venoit de m'arriver; je penfois toûjours à la grande affaire que

j'entreprenois, & je réfléchiffois continuellement fur la témérité avec laquelle je me hazardois de foûtenir & défendre la Religion Catholique Romaine, en face d'une infinité d'hérétiques de toutes efpeces, fans fçavoir auparavant fi le peu d'étude que j'a

vois faite en Théologie, ou mes courtes lectures dans quelques Peres de l'Eglife, me fuffiroient pour prouver invinciblement la pureté de ma croiance orthodoxe. Dans cette cruelle agitation qui me faifoit floter alternativement entre la crainte & l'espérance, mon zele l'emporta enfin fur ma timidité; & m'étant levé pour invoquer le fecours du Saint- Efprit, j'écrivis la lettre fuivante, que j'envoiai chez M. le Marquis de Langallerie.

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LETTRE.

A Son Excellence, Monseigneur
le Général Marquis de
Langallerie,

MONSEIGNEUR,

Après avoir long-tems combattu entre la foibleffe de ma capacité en matiere de controverfe, & l'interêt de la gloire de Dieu, j'ai cru qu'il étoit de mon devoir indifpenfable de répondre préférablement au zele intérieur qu'il a plu à fon Divin Efprit de m'infpirer, que de vouloir oppofer une réfiftance inutile aux décrets abfolus de fa Divine volonté. Je fçai que de la bouche des enfans, de ceux-mêmes PS.8.V.3. qui font encore à la mamelle, Dicu Je fait rendre la loüange la plus parfaite. Je n'ignore point non plus que j'entreprens de défendre la vérité d'u

a C'eft la coûtume établie dans toute l'Allemagne, les Païs-Bas, & les Cours du Nord, de qualifier Mesfieurs les Officiers Généraux du titre d'Excellence

.19.

ne Religion facrée, qui depuis fa naiffance, eft en butte à la malignité d'une infinité d'hérétiques, dont la haine & la fureur fe renouvellent tous les jours.

Cependant fondé fur la parole de JESUS-CHRIST, qui m'ordonne de Matt. 10. ne point m'embaraffer de ce que j'anrois à répondre, lorsqu'il feroit question de foûtenir fes interêts; je prétens fans 23. crainte publier fur les toits des maisons, Luc 8. & en face de toute la terre, ce que vú entendu dans le particulier, vouLuc. 12. lant abfolument confeffer mon Divin . 8. Maitre, afin qu'il me reconnoiffe en pré.12. fence de fon Pere. Le Sauveur du mon

17.

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2.Tim. 2,

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*.69.

j'ai

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de m'a promis de me mettre lui-même Marc. 13. les paroles dans la bouche; que puis-je donc efpérer, Monfeigneur, finon d'être fûr, non-feulement d'annoncer à Joan. 6. Votre Excellence, les paroles de la vie éternelle, mais de lui faire voir encore l'abfurdité & l'erreur de fa croiance qui ne doit fon origine qu'à la cabale entêtée de certains novateurs des derniers fiécles. En effet, où étoit votre communion, je vous prie, avant Ge nève, Wirtemberg, & les autres villes d'Allemagne, dans lesquelles l'héréfie a élevé fon trône? Qui pouvez-vous

nommer

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