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vérité, ne fe fert point de termes plus intelligibles, pour affurer & établir ces faints myiteres, que ceux qu'elle emploie pour nous enfeigner la préfence réelle du Corps & du Sang de JESUSCHRIST dans le Sacrement de la Sainte Euchariftie; pourquoi donc expliquer une partie de la Sainte-Ecriture dans un fens, & interpreter l'autre tout

autrement.

Il eft vrai que la Sainte-Ecriture, appelle ce Sacrement, du pain, parce qu'il en a d'abord été la matiere, & qu'il en conferve encore exterieurement les apparences, quoi-qu'il ait changé de nature; mais cette divine parole de Dieu attribue à ce même pain des termes & des épithetes fi relevez, qu'il eft bien aifé de connoître que ce pain loin dêtre naturel, doit au contraire être regardé comme quelque chofe d'extraordinaire & de divin.

J'avoue auffi que les Saints Peres euxmêmes n'ont fait aucune difficulté de nommer la Sainte Euchariftie, du pain; ce qui ne prouve rien contre nous: car il faut fonger que dans la primitive Eglife, on ne pouvoit trop pren dre de précautions quand on parloit de ce grand Sacrement, fur-tout devant

les Payens qui le blafphemoient, ou en préfence des Catechumenes, qui auroient pû s'en scandalifer, eux qui n'avoient pas encore une foi parfaite : c'est pourquoi les premiers fidelles comprenoient à demi mot quand on leur expliquoit les divins myfteres, & ils n'étoient point furpris d'entendre leurs Evêques parler de la Sainte Euchariftie en termes ambigus & énigmatiques, fçachant bien, dit faint Athanafe, qu'il Apoc. p. n'etoit point permis de divulguer les faints de fng. fua. mysteres, principalement dans les tems de perfécutions. Voilà pourquoi plufieurs fiecles même après la tranquillité de l'Eglife, les faints Peres en ont prefque toûjours traité avec beaucoup de referve, excepté néanmoins lors qu'il a été queftion de juftifier les Chrétiens des calomnies énormes qu'on leur impoloit: car dans ces fortes d'occasions les faints Peres produifoient devant les Empereurs & les tyrans de belles apologies, par lesquelles les divins mysteres étoient expliquez dans toute leur étenduë.

a Parmi le nombre de ces Apologies,nous en avons une entre-autres de Tertullien, qui eft un chef-d'œu vre d'érudition & d'éloquence. Il la publia vers l'an 201. pendant fon félour à Rome. Il l'adreffa aux Magiftrats qui jugeoient tous les jours les Chrétiens, &

4°. Enfin Meffieurs les Prétendus Ré formez enfeignent avec nous que la Sainte Euchariftie eft un Sacrement. Ces Meffieurs dans leur Confeffion & leur Art. des Sac. Catechisme Belgique, Greque & Latin, P. 140 de l'E- définiflent le Sacrement, un figne Senvir. en 1623. fible & visible, inftitue pour notre fanctià Leyden.

dit. d'Elze

fication & notre bonheur éternel. L'Eglife Romaine reçoit cette définition comme bonne, & elle enseigne que l'efpece du pain & du vin dans la Sainte Eucharif tie, eft le figne fenfible & extérieur de ce qu'elle contient dans fon intérieur. C'est pourquoi JESUS CHRIST aiant prononcé fur le pain: Ceci eft mon Corps, & fur le vin: Ceci est mon Sang; c'eft un figne certain qu'il y eft préfent, Coloff. ch. 2. parce que ce divin Sauveur renfermoit en lui tous les trésors de la fcience & de la fageffè divine. Ainfi les efpeces qui paroillent encore à nos fens, nous défignent la fubftance réelle du Corps & du Sang de JESUS CHRIST, attendu qu'il nous dit, que ce que nous prenons & ce que nous mangeons eft fon

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qui condamnoient la vraie Religion fans la connoître. Mais Tertullien n'eut gard. de mettre fon nom à la tête de cette Apologie, de peur que cela ne l'expolât à une perte inévitable car l'Empereur Séve e perfecu toit fi cruellement l'Eglife, qu'au feul nom de Chré sien on étoit digne des plus grands fupplices,

:

Id. 17. v. 2. 1, Cor. 15. v.

Heb. 1. v. 13.

Id.

1. v. 8. d. 10. v. 13.

Pf. 8. v.8.

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Corps & fon Sang; par conféquent loin qu'il nous foit permis de rapporter à la fubftance du pain ou du vin ces apparences extérieures ; nous fommes au contraire obligez d'admettre encore une Tranfubftantiation par l'autorité fupé- Mat.28.0.18. rieure, & la volonté abfoluë de celui Luc. 10. V. 22. lean 3 v. 35. qui a parlé, puis que Dieu lui avoit re- Id. 13. v. 3. mis tout pouvoir entre les mains. En effet, il n'eft pas plus impoffible au 26. Fils de Dieu d'être réellement & tout Eph. 1. v. 22. entier fous les efpeces du pain & du vin, qu'il eft difficile à Dieu d'être une feule unité en trois perfonnes parfaites & diftinctes. Si-tôt que nous admettons un mystére incomprehenfible, nous devons en reconnoître un autre que I'Ecriture Sainte nous enfeigne. Les paroles de la Sainte Ecriture qui prouvent le myftere de la Sainte Trinité, ne font pas plus claires ni plus étendues que celles qui établiffent la réalité du Corps & du Sang de JESUS-CHRIST fous les efpeces ou apparences du pain & du vin. Si le Fils de Dieu a bien voulu cacher fa divinité fous l'humanité, fans que la nature divine fût confondue avec la nature humaine, cela n'est pas moins incomprehenfible, que de cacher fa divinité & fon humanité réellement fous

les efpeces du pain ou du vin.

D'ailleurs ou feroit notre foi s'il n'y avoit point de myfteres. Dieu pouvoit nous les révéler, il est vrai, mais il ne l'a pas jugé à propos, afin que nous euffions le mérite de la foi. Qui dit mystére, dit une chofe impénétrable: ainfi tout mystére ne veut point être indifcretement approfondi, c'eft une divine lumiere qui éblouit les yeux, & aveugle la raison de ceux qui veulent pénétrer trop avant dans ce qui eft incomprehenfible: car qui a jamais pû comprendre le mystére de la Sainte Trinité, le mystére de l'Incarnation, & le mystére de la Redemption. Nous trouvons dans ces trois myftéres des chofes que nous difons être au-deffus de notre raison, non-feulement parce qu'elles font au-delà de notre portée, mais auffi attendu que les idées que nous voulons nous en former, font alfez conformes à l'étenduë bornée de notre conception humaine, dont la foiblelle s'égare & fe perd dans les abî mes du myftére: effectivement trois perfonnes divines, diftinctes en ellesmêmes les unes des autres, ne faire qu'UN SEUL DIEU, cela nous paffe. La seconde perfonne divine descend & quit

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