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29.

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& la vie, perfonne ne va à mon Pere que par moi.

Mais, continuent Meffieurs les Pré"tendus Réformez, JESUS-CHRIST après Matt.26.v." la communion, dit à fes Apôtres, je ne boirai plus deformais de ce fruit de "la vigne. Si l'efpece du vin, difent ces "Meffieurs, avoit été changée réellement au fang du Fils de Dieu, il ne "devoit plus l'appeller fruit de la vigne, puifque ce n'étoit plus du vin.

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Cette objection n'a pas plus de force que les autres, au contraire elle prouve pour nous la Transubstantiation : car lorfque JESUS-CHRIST parle ainfi à fes Apôtres, il ajoûte jusqu'au jour que je le boirai nouveau avec vous dans le Royaume de mon Pere. S'il n'y avoit point eu de changement de substance dans le vin, il s'enfuivroit qu'il devroit y avoir dans le Ciel des vignes pour en boire le fruit. Ce qui révolte la raifon; puifque notre bonheur éternel doit confifter à poffeder Dieu dans toute la gloire, comme nous le paffedons préfentement caché fous les efpeces du pain & du vin. C'est pourquoi il faut convenir que lorfque JES U SCHRIST s'eft fervi du terme de fruit de la vigne, ç'a été pour parler en ter

ch.7

mes communs, fimples & familiers: ce qui eft fi véritable, que l'Ecriture-Sainte eft par tout remplie de femblables façons de parler car dans la Genese, Abraham voit venir de loin trois Anges Ch. 18. du Ciel, qui étoient par conféquent de purs efprits, néanmoins la Genefe les appelle trois hommes, parce qu'extérieu rement ils paroiffoient tels, quoi- qu'ils ne le fuffent pas réellement. Dans l'Exode, la verge d'Aaron est réellement 5 fubftantiellement changée en ferpent, cependant l'Ecriture continue toûjours à l'appeller une verge, &c. En un mot, quand JESUS CHRIST parla du fruit de la vigne après la confecration Euchariitique, fon intention n'étoit point de défigner le figne qui paroiffoit dans le calice, quoi-qu'il confervât encore le nom de vin; il prétendoit feulement faire mention des reftes de ce vin commun & ordinaire qui reftoit dans les vafes après le foupper, & que JESU SCHRIST Voioit devant lui. Mais c'eft trop nous arrêter fur une frivolle chicanne, paffons au chapitre second.

CHAPITRE II.

Suite du même sujet,

Malgré les raifons les plus con

vaincantes que nous aions apporté pour prouver la préfence réelle du Corps & du Sang de notre Seigneur JESUS-CHRIST dans le Sacrement de la Sainte Euchariftie, Meffieurs les Prétendus Réformez continuent toûjours dans leur même entêtement, & nous apportent pour nouvelle objection l'éJean, ch. 6. xemple des Capharnaites. Ces peuples, difent ces Meffieurs, entendans JESUSCHRIST qui enfeignoit que l'on devoit manger fa chair, ne peuvent fupporter un pareil difcours, & difent entre-eux, comment celui-ci veut-il que nous mangions fon corps? Mais le Fils de Dieu qui connoiffoit la penfée des CapharId. v. 64. naïtes, leur dit: Mes paroles font efprit vie:.... car la chair ne fert de rien, .... parce que c'est l'esprit qui vivifie.

Avant que de répondre à cette objection, il eft bon que mon Lecteur examine lui-même, à qui Jesus-CHRIST avoit à faire. La nation Juïve a eu de tout tems l'ignorance & la groffiéreté

d'efprit en partage. Si nous remontons jufqu'à leur fortie miraculeufe d'Egy

Id, ch. 16.

pte, nous verrons un Ange fe mettre à Exod, ch. 14m leur tête pour les conduire, & Dieu les Id. ch. 23. nourrir d'une mane qui tomboit du Ciel tous les matins ; cependant malgré tant de prodiges, ces peuples ingrats & mutins, fe foüillent par l'idolâtrie abominable du veau d'or, & fe revol tent fans cesse contre Moïfe & Aaron. Dieu eft fi outré de leur ingratitude, qu'il fe voit, pour ainfi dire, obligé de les punir à diverses reprises; tantôt en faifant mallacrer une partie de ces perfides par la généreufe Tribu de Levi; Exod. ch. 32. tantôt en les engloutiffant tous en vie dans les entrailles de la terre, dont les abîmes s'étoient ouverts, afin de fervir à la juftice divine; tantôt confumant Nomb.ch. 16. ces malheureux par un fleuve de feu qui fe répandoit & couroit le long du camp, pour les réduire en cendres; & Id. tantôt par des ferpens énormes, dont la morfure brûlante & la piquire mortelle, n'épargnoient aucun de ces miférables. Id. ch. 21. Si nous defcendons enfuite au tems où les Juifs fe virent en poffeffion de la Terre-promife, & gouvernez par des Juges, nous n'y trouverons qu'une viciffitude & uné rechute continuelle de

Juges.

cet indigne peuple dans une affreufe idolâtrie, de laquelle il ne fortoit, qu'autant qu'il le trouvoit opprimé par les nations étrangeres, qui l'écrafoient fous le poids de la captivité la plus rude.

Si nous parvenons jufqu'à la fin des Juges, nous y regarderons avec horreur cette nation ingrate & changeante fe laffer d'avoir Dieu feul pour maître,

& demander un Roi avec tant d'empreffement, que Dieu par la bouche du 1. Rois ch. 8. Prophete Samuel, lui en fit faire de fanglans reproches, &, outre cela menaça les Juifs de les affujettir dans la fuite au pouvoir abfolu & à la volonté arbitraire des Princes qu'il leur don

neroit.

Enfin fi nous fuivons le regne des Rois, jufqu'à la naiffance du Sauveur du monde, nous voions tout de nouveau ce peuple inconstant retomber fans ceffe dans l'idolâtrie, oubliant facile ment les promeffes qu'il avoit faites à Dieu quand il fortoit de la fervitude. Eft-il une humeur plus groffiére & plus changeante?

Les Juifs du tems de JESUS CHRIST ne font pas plus éclairez. Nous voions Jean, ch. 3. Nicodême venir trouver le Fils de Dieu

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