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fource inépuisable d'idolâtries jointes à une fucceffion continuelle d'erreurs & de facrileges.

La perfonne facrée des Rois n'est pas plus refpectée dans leurs bouches; car le 27. Mars 1715. que Meffieurs des Etats Generaux les fept Provinces Unies, avoient deftiné & ordonné pour jour de jeune, actions de graces & de prieresa, je fus dès les huit heures du matin entendre un de leurs fameux Miniftres d'Amsterdam, mais des plus emportez, nommé d'Arbufcy. Il tira fon texte de la premiere Epître de faint Paul à Timothée, chap. 2. verf. 1. 2. 3. & après avoir fuccintement parlé fur le jeûne, & l'action de grace, il vint à l'article de la priere, où il s'étendit long-tems à montrer l'obligation dans laquelle on étoit de faire des vœux à Dieu pour les Rois, les Magiftrats & les Perfonnes. élevées en dignité. Les termes honteux avec lesquels il parla d'uu Prince dont la perte nous fera long-teins verfer des lar

Dans tous les Pais où la Religion Proteftante Prétendue Réformée eft la dominante, il n'y a aucuns jours de jeunes reglez. La feule volonté du Prince ou des Etats en ordonne de tems en tems, fur tout dans les calamitez publiques. Il en eft de même des jours d'acions de graces, pour remercier Dieu de quelque faveur.

mes, me fit tellement monter le feu au vilage, qu'aiant lâché une feule parole par imprudence, je me fis une affaire des plus férieufes parmi Meffieurs les François réfugiez. Voici mot pour mot les paroles de ce fermon féditieux «.

Mes freres, dit ce d'Arbufcy, nous fommes tous obligez de prier non-feulement pour les Princes qui nous protegent, mais nous devons encore adreffer nos vœux à Dieu pour ceux-là mêmes qui nous perfécutent.....Oui, mes freres, il faut prier pour ces Rois tyrans qui se plaisent à répandre le fang chrétien, qui s'y begnent avec délices, pour ainsi dire, & ne peuvent s'en raffafier, puifque faint Paul l'ordonne; car, continua-t-il, on croit que set Apôtre écrivit fa premiere lettre à for Difciple Timothée, du tems de la barbare perfécution par l'Empereur Neron; & que faint Paul avertiffoit fon Difciple de faire faire des prieres, pour que Dieu touchât

a Au fortir de ce Prêche, je vins au plus vite chez moi, mettre par écrit pendant que j'avois la mémoire récente, ce que j'avois retenu de ce difcours violent & emporté. M. le Marquis de Langallerie & plufieurs même de Meffieurs les Précendus Réformez trouverent ce fermon fi fort, qu'ils en firent auffi des extraits lefquels M. d'Arbufcy ne defaprouva point quand ils lui furent communiquez C'eft pourquoi ce que je rappprte préfentement eft d'autant plus certain & véritable, que mon manufcrit a été vérifié & redreffe fur ces mênies collections ou remarques de ces Mel feurs..

le cœur de ce tyran; ainfi, dit-il, c'est pour ce cruel Neron qui nous a le plus perfécuté, en répandant notre fang innocent, que nous fommes obligez de prier..... C'eft pour cet impitoyable Achab qui nous a chaffé injuftement de l'heritage & de la vigne de nos peres, à cause, disoit cet impie Antiochus, que nous étions trop puißans, € que fi nous avions pu foutenir fa cou ronne fur fa tête, nous étions capables de la renverfer... Quelle politique!... Comme nous autres Reformez nous avions d'antres armes que la priere, les larmes les fupplications, & la patience..... fe ne dis pas cepand nt, mes freres, qu'il fail fe laiffer porter le poignard dans le fein........ il est très-permis de fe défendre dans uwa guerre juste & legitime,on y eft méme obligé pour la gloire de l'Eternel, fur tout quand il est question de defendre fa Religion, fa liberté fes privileges contre des Rois barbares & inhumains, qui veulent nous manquer de foi, & nous empêcher de fervir Dreu fuivant les mouvemens de notre confcience, &c.

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C'eft ainfi que les Miniftres exhortans les peuples, leurs infpirent plûtôt des idées de haine, de fureur & de vengeance, que des fentimens de douceur de paix, & de charité.

Je ne puis encore m'empêcher d'a vouer à mon Lecteur en paffant, qu'il m'eft abfolument impoffible de comprendre l'effronterie avec laquelle Mefheurs les Proteftans Prétendus Réformez osent se vanter de n'avoir pour défense & pour armes que la priere, les larmes, les fupplications & la patience, tandis que toutes les hiftoires contemporaines ne font remplies que de leurs révoltes continuelles, des maffacres affreux qu'ils ont faits, & des guerres cruelles qu'ils ont allumées dans tous les coins de l'u nivers, portant cette devife dans leurs Drapeaux, PLUTÔT TURC QUE PAPIste.

Ċes Meffieurs apparemment s'imaginent que nous avons déja mis en oubli les maux épouventables qu'ils ont entre autres caufé à la France pendant plus de trente-deux années de guerres civiles, qui font ordinairement les plus fanglantes & les plus barbares:car c'eft durant cet effroiable fanatifme,qu'un milliond'ames au moins ont péries, foit par le fer, foit par le feu: qu'un Trône craint & refpe té de fes voifins, a été plufieurs fois ébranlé par des mains parricides; que

deux ou trois cent Villes ont été faccagées ou détruites, les campagnes ravagées & couvertes de fang, les plus beaux

édifices facrez renverfez, les Autels brifez, les corps faints profanez ou brûlez; les biens des Eglifes & des Hôpitaux pillez & envahis; enfin les plus nobles & les plus riches familles de cette Monarchie ont été ruinées & réduites à la mandicité par une fatalité inféparable de pareils defordres.

Peut-être Meffieurs les Proteftans Prétendus Réformez ne fe fouviennent-ils pas eux-mêmes de leurs attentats, & de l'inhumanité avec laquelle ils ont traité plufieurs têtes couronnées leurs Souverains; c'eft pourquoi je veux en deux mots leur en remettre devant les yeux une fimple partie des plus criantes.

Le Roy de France François II. la Reine Catherine de Medicis fa mere, veuve de Henry II. & Meffieurs les Princes de Guife, étant dans la Touraine, manquerent d'être affaffinez l'an 1560. à Amboife par les Huguenots qui avoient

à leur tête le Prince Louis de Bourbon Condé, premier du nom; mais cette conspiration aiant été découverte par un coup tout particulier du Ciel, les conjurez furent paffez au fil de l'épée, & une partie de leurs Chefs trouverent fur un échafaut la récompense dûe à

leurs crimes.

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