En effet, fi nous fouillons dans le premier fiecle de l'Eglife, nous y trouvons déja un faint Ignace Martyr & Evêque d'Antioche, faire mention dans fes Lettres d'une Liturgie & d'un facrifice. Si nous defcendons aux deux fiecles fuivans, nous entendons parler de Prêtres, & d'aurels, ce qui fuppofoit abfolument, felon notre principe établi, un facrifice, & par conféquent une victime, fans quoi l'autel a S. Ignace difciple de l'Apôtre faint Jean, fucceda à faint Evode au Patriarchat d'Antioche, l'an du falut 70. c'étoit environ 42. ans après que faint Piette eut quitté cette grande Ville pour aller établir fon Siége à Rome. La fageffe avec laquelle faint Ignace gouverna fon Evêché pendant près de 45. ans, montre évidemment que ce faint Patriarche poffedoit des dons de lumieres, & des graces dignes des tems apoftoliques. L'an 107. l'Eglife étant perfécutée par l'Empereur Trajan, faint Ignace fut condamné à être expofé aux bêtes feroces dans l'amphiteatre de Rome, pour avoir foutenu la foi de Jefus Chrift en préfence de ce cruel Empereur. Ce fut pendant le tems que faint Ignace étoit conduit d'Antioche à Rome, qu'il écrivit ces fameufes Lettres que les anciens Peres de l'Eglife ont toûjours admirées, non-feulement pour être remplies du véritable efprit apoftolique, mais parce qu'elles contiennent encore les préceptes indifpenfables de garder les Traditions des Apôtres. Enfin faint Ignace étant arrivé à Rome, il y reçut la' couronne du Martyr le premier Février l'an 108. Saint Anaclet tenant pour lors le Siege de faint Pierre. Il eft à remarquer que Meffieurs les Prétendus Réformez font préfentement obligez de recevoir les Lettres de faint Ignace, après les avoir long tems contcitées. Plufieurs confondent très-mal à propos faint Ignace le Martyr Evêque d'Antioche, avec Ignace de Loyola, qui inftitua l'an 1534. la Societé Cléricale des Freres Jefuites. a étoit inutile. Il ne doit y avoir que les Prêtres qui puiffent approcher des faints Autels, dit le 19. Canon du Concile de Laodicée : & par le 44. Canon le même Concile défend expressement aux femmes de fe placer ni d'entrer dans le Sanctuaire de l'antel. Vers le milieu de ce même fiecle, nous voions faint CyLib. 1. Ep. 9. prien Evêque de Carthage, nous parler d'un facrifice que ce Prélat défend d'offrir pour un certain particulier, qui avoit chargé un Prêtre de quelques affaires domeftiques, & qui ne regardoient point le miniftere de l'autel. Si nous entrons dans le quatriéme fiecle, nous découvrons diftinctement un facrifice établi dans l'Eglife de JESUS-CHRIST: car fans parler des faints Peres de ces heureux tems, qui s'en font expliquez nettement, nous avons le 14. Canon du premier Concile de Nicée, tenu l'an 325. qui décide a On ne fait point au jufte l'année pendant laquelle fut tenu le Concile de Laodicée, ville de Phrigie dans l'Afie mineure. Ce qu'il y a de conftant, c'est que cette affemblée compofée de 32. Prélats fut convoquée pour réformer les mœurs tant des Ecclefiaftiques que des féculiers, & qu'elle établit à ce sujet 59. Canons, dont quelques uns produisent des preuves Evidentes du faint facrifice de la Meffe, les autres par lent du Jeûne, du Carême, auffi bien que de la diftination formelle entre l'Epifcopat & la Prêtrife, fans Oublier que ce Concile regle l'ordre de la pénitence publique. que les Prêtres feuls ont le pouvoir d'offrir le faint facrifice, & que les Diacres n'ont pas la même puissance. Dans le fiecle d'après, qui eft le cinquième, nous apprenons par l'acte premier du Concile de Calcedoine, que les Peres du Saint Concile, au nombre de 636. Evêques, s'affemblerent tous dans l'Eglife de fainte Euphemie, & qu'ils fe placerent devant la grille du Choeur, & du faint Autel. Si nous parcourons les trois fiecles d'enfuite, nous ferons entierement éclaircis car outre les cérémonies au : guftes & majestueufes avec lefquelles tout le monde fçait que les Evêques, de tems immémorial,offroient les faints. Myfteres, après en avoir chassé les pénitens publics, & les autres qui ne pouvoient pas y affifter fans profanation: c'est que nous fçavons par l'acte fixiéme du fecond Concile de Nicée, que 350. Evêques d'une éminente do a Calcedoine eft une ville de Bythinie fur le Bofpho de Thrace, vis-à-vis Conftantinople. Le quatriéme Concile général de l'Eglife y fut tenu le 8, O&tobre 451. par ordre de Marcien Empereur d'Orient, fous le Pontificat du grand faint Leon. L'héréfie d'Eutychez y fut condamnée, nous avons 27. Canons de ce grand Concile. b Le deuxiénie Concile de Nicée eft le 7. géneral de l'Eglife. Il fut aflemblé par les ordres de l'Impératrice Irene mere & tutrice du jeune Empereur Conf tantin VII. pour s'opposer aux Iconoclaftes, (ou brifes images. Les deux Legats du Pape Adrien pro trine & d'une pieté éxemplaire, firent expreffément mention dans ce faint Concile, d'un facrifice non fanglant, qui eft offert par le Prêtre en mémoire de la mort & Paffion de JESUS-CHRIST; & ces faints Prélats difent nettement & fans énigmes, que ce n'eft point la fimple image de JESUS-CHRIST qui eft offerte, mais le veritable & réel Corps du Fils de Dieu qui eft facrifié fans effufion de fang. Les fiecles fuivans jufqu'à celui où nous fommes font trop connus pour nous y arrêter. Ainfi je demande préfentement à Meffieurs les Prétendus Réformez, par quelle raifon je ne vois chez eux aucunes traces ni cérémonies qui aient mier avec 350. Evêques d'une éminente doctrine en firent l'ouverture le 24. Septembre l'an 787. Ce grand Concile ordonna d'une voix unanime que l'on rétabliroit les images de Jefus Chrift, de fa fainte Mere, & des Saints, afin d'exciter les hommes à imiter leurs vertus, & que ces images ferviroient uniquement à honorer & à rapporter aux originaux l'honneur qu'on leur rend. On y décida auffi que l'on révéreroit les reliques des Saints, & que ceux qui auroient des fentimens contraires feroient excommuniez. Après cela on apporta l'image de Jefus-Chrift, & tous les Peres du Concile vinrent faire devant leur acte de vénération le genouil en terre. Ils examinerent enfuite les actes d'un faux Concile que les Iconoclaftes avoient tenu à Conftantinople, & après avoir détruit par des raisons folides & par des paffages de la Sainte-Ecriture les ara gumens que l'on y alleguoit contre le culte des images, le Concile général de Nicée prononça anaihême contre cette affemblée. On y dreffa après cela.zz. Canons pour la difcipline Ecclefiaftique. quelqu'efpece de rapport à ce que nous venons de voir s'être pratiqué dès la primitive Eglife. En quoi confifle effeativement le culte extérieur de la rel gion de ces Meffieurs Le voici en deux mois. Le Dimanche: ( car ils ne connoiffent pas de fêtes) Meffieurs les Prétendus Réformez s'aflemblent dans un lieu, où pour toute édification extérieure on trouve quatre murailles & des bancs, le tout affez en défordre, un miniftre, très-fouvent en habit féculier monte dans une chaire, & entonne deux ou trois versets, tout au plus, d'un Pfeaume, lequel étant chanté par le peuple en langue vulgaire, le même miniftre fait un fermon. Ce prêche fert moins à l'inftruction des mœurs qu'à entretetenir les auditeurs dans une continuelle averfion contre nous. En effet, celui a C'est une chofe honteufe de voir l'ufage que Mefhieurs les Prétendus Réformez font de leurs temples les jours qu'il ne doit pas y avoir de prêche: car tout ce que l'on peut s'imaginer de plus bas dans le domeftique, & de plus vile dans le ménage s'y exerce par le premier venu qui trouve la porte ouverte En un mot, la place du marché où ils achettent leurs denrées eft autant respectée de ces Meffieurs, que le bâtiment dans lequel ils s'uniffent enfemble pour for. mer entre-eux ce qu'ils appellent Eglife. b Ces fortes de Pfeaumes font mis en rimes, felon le goût & la langue de chaque nation. |