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Rib. 3.
Fauft.

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faut point prendre l'Ecriture Sainte à la lettre mais qu'il faut lui donner un fens figuré. Scachez, Monfeigneur, que c'est une erreur qui a été condamnée dès les premiers ficcles de l'Eglicont. fe; Quoy dit Saint Auguftin, quand nous lifens Ecriture Sainte oublions nous notre maniere de parler? Dieu doit-il s'énoncer avec nous dans un autre fens que celui qui nous est connu & ufité parmi nous ? ... Helas! continue ce faint Docteur, depuis que l'opinion de l'erreur a prévenu quelques efprits, ils s'imaginent que tout ce que l' Ecriture Sainte dit, doit fe prendre dans un fens figuré.

Lib.3.de doct. brift.cap.10.

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Enfin, Monfeigneur, dans l'hiftoire des motifs de votre changement de Religion, vous déclarez que les abus qui font dans l'Eglife Romaine, font la feule caufe de votre féparation d'avec nous. Nous fommes donc les premiers, & votre féparation d'avec la premiere croyance fait un fchifme, & une nouvelle doctrine, par confequent condamnable car il eft conftant que les abus qui peuvent fe trouver dans la difcipline d'une Religion, n'altere point la pureté de fes dogmes, puifque cette

a Imprimée chez Jacques des Bordes à Amberftam en 1714.

Eglife fubfifte toûjours avec la même. intégrité, dans le cœur de ceux, qui, ennemis des nouveautez, prennent 1 Ecriture Sainte, les Conciles & les Peres pour la feule regle infaillible de. leur foi. En effet, vous conviendrez que lorfque le Fils de Dieu vint au monde, la feule & unique véritable. Religion qui fur fur la terre, étoit P'Eglife Judaïque. Cette Loi avoit été donnée aux Juifs par Moïfe, de la part Exod. de Dieu même; ors vous fçavez, Monfeigneur, que cette Religion des Juifs, quoi qu'elle fût la feule véritable, étoit chargée d'une infinité d'abus, & d'autant de Traditions inutiles, qui ne procédoient pas certainement de fon Legiflateur, & qui n'étant point abfolument mauvaises en elles mêmes,ne furent point entiérement condamnées de notre Divin Sauveur, puifque le Décalogue & les articles de la Loi Mofaïque fubfiftoient toûjours fans alteration. Ainfi ce qui paroît abus dans la véritable Eglife de Dieu, qui eft la Catholique Romaine, eft un foible prétexte, pour que Meffieurs les Prétendus Réformez fe féparent d'avec nous, attendu que ces prétendus abus, peuvent s'être gliffez, non dans ce В iiij

qui touche la pureté de notre foi, mais bien dans ce qui peut concerner quelques foibles points de la difcipline, au grand régret de l'Eglife, yvroie, que la diverfité des âges, des mœurs, des tems, & des occafions, a fait croître, & tellement autorifer, qu'il eft difficile & même impoffible d'arracher, Matt. 13. avant le tems de la moiffon.

Quelle certitude, Monseigneur, aviez vous, en quittant notre Eglife, d'entrer dans une Communion plus éclairée? êtiez vous capable d'en faire par vous-même un examen judicieux,exact & infaillible? Vous vous en êtes rapporté, dites vous,aux Miniftres de la Religion Prétendue Reformée. Où trouvez-vous dans l'Ecriture Sainte que ces Meffieurs doivent plûtoft être crûs, que les facrez Miniftres de la fainte Religion Romaine? fongezvous que votre fecte vous oblige de croire, que non-feulement tous les hommes peuvent fe tromper, mais que les Saints Peres & les Conciles mêmes font capables d'erreur? Comment donc avez vous pu quitter & abandonner l'ancienne Religion de vos ayeuls, fans avoir des raisons abfolument convaincantes, & des motifs invincibles, puisque felon votre doctrine on ne doit fe

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fier aux lumiéres de qui que ce foit? plût-à-Dieu! que voulant éviter un écueil Votre Excellence ne fe fût point engagée dans un précipice & un naufrage inévitable, fi elle perfifte obftinément à vouloir demeurer dans fes erreurs, plûtoft que de fe mettre au nombre de ceux de la Religion Catholique Romaine, qui vivent dans toute la pureté de leur premiere croyance.

Je vous demande donc en grace, Monseigneur, & par les entrailles de Luc.1.v.g JESUS CHRIST, de faire une attention férieufe, à ce que j'aurai l'honneur de vous écrire dans la fuite; ne regardez point au peu de mérite de celui qui conduit la plume, la vérité toute nuë eft recevable de quelque part qu'elle vienne. Peut-être Dieu fe fervira-t-il de moi, tout indigne que j'en fois, pour faire tomber de vos yeux, comme à un fecond Saul, les écailles qui vous c. 9. empêchent de voir la lumiere de cette même vérité. Souvenez-vous que l'ef 2. c. prit de tenebres fe transforme fouvent en Ange de lumière, pour parvenir à fes fins, & faire enfuite tomber l'ignorant dans le piége. Songez, Monfeigneur, que les deffeins de la divine providence font impénétrables, & les

V. 14

Rom. 11. jugemens de Dieu incompréhensibles. Adorez-là donc dans tous les refforts qu'el

le fait agir, & ne bouchez point les oreil les de votre cœur à la voix de celui qui f. 94. v.8. vous appelle. C'eft pourquoi, Monfeigneur, j'efpere, felon ce que Dieu, voudra bien m'infpirer, & dont je. lui demande perpétuellement les lumiéres; jefpere, dis-je, de réfoudre toutes les difficultés qu'il plaira à Votre Excellence de me faire. Il n'eft point ici queftion de Scapulaires, de Medailles, de Chapelets, ny d'autres petites dévotions particulieres. Ce font les dogmes fondamentaux des deux Religions qu'il faut deffendre de part & d'autre, & le tout fans aucune prévention. Allons donc la plume à la main', & tâchons de nous porter le coup droit au cœur, car c'eft principalement où je tire. En un mot, Monfeigneur, je vous déclare une fainte guerre ; & je fouhaite avec d'autant plus d'ardeur d'en venir à un combat, que fi Dieu permet que Votre Excellence foit vaincue, elle abandonnera genereufement fes faux préjugez fur le champ de bataille, & elle fera la premiere à entonner le Te Deum, de ma victoire,

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