qui a le plus rempli fon difcours d'invectives & de calomnies contre la Religion Romaine, paffe toûjours parmi ces Meffieurs, qui nous portent une haine implacable, pour un des plus habiles & des plus zelez du parti. Le fermon étant fini, on chante encore quelques verfets d'un Pleaume, à la fin def quels le miniftre fait une courte priere, defcend, & s'en va. L'après-midi s'emploie de même, ainfi fe paffe la journée du Dimanche. Le jour de la Cene eft-il venu, qui eft toûjours auffi un Dimanche, de trois mois en trois mois, quelquefois plûtôt; on fe trouve du matin à l'affemblée, où le miniftre exhorte le peuple à confeffer à Dieu les péchez: après le fermon les miniftres & les peuples vont à une table, autour de laquelle ils fe mettent; on apporte un plat rempli de morceaux de pain coupez, & un vafe où il y a du vin; le ministre préfente le pain à chaque particulier, qui en prend & en mange; la coupe fe donne enfuite à la ronde, & chacun se retire à fa place, d'autres leurs fuccedent, & quand la communion eft finie, tout le monde chante environ la moitié d'un Cantique d'actions de graces, l'iffuë d'une courte exhortation; après

laquelle cérémonie, chacun s'en retourne chez foi.

En vérité, je ne trouve rien dans tout cela qui approche en aucune maniere de ce qui s'est fait & paffé de tout temps dans l'Eglife de Dieu; au contraire j'y vois un renversement formel des cérémonies les plus facrées de la fainte antiquité; & outre cela je découvre dans la Religion Prétendue Réformée, un libertinage des plus outrez; car chaque particulier peut, fi bon lui femble, fe difpenfer d'aller aux affemblées, pendant des cinquantaines d'années, & même durant toute fa vie, apportant pour excufe, qu'il ne fe fent point encore affez éprouvé pour approcher de la fainte Céne, & qu'il paffe chez lui ces faints jours à méditer les faintes Ecritures, fuivant que l'efprit de Dieu lui en donne l'intelligence.

Que Meffieurs les Prétendus Réformez me donnent préfentement un démenti public, fi j'en impose dans le portrait que je viens de faire, c'eft dequoi je les fomme de la part de Dieu, Si au contraire j'ai dit la vérité, je fupplie ces Meffieurs de reconnoître l'énormité de leur égarement, & d'admettre la néceffité indifpenfable d'un culte ex

rérieur de Religion, joint à la perpétuité d'un facrifice, qui ne reconnoît que JESUS-CHRIST pour victime.

Nous convenons avec Meffieurs les Prétendus Réformez, que JESUSCHRISTа facrifié une fois fur la croix, & que cela fuffit; aufli ne prétendonsnous pas faire un facrifice nouveau dans la fainte Meffe, puifque ce n'eft qu'une mémoire de celui de la mort du Fils de Dieu, laquelle ce divin Sauveur, en qualité de Prêtre éternel, préfente tous les jours à Dieu fon Pere dans la fainte Euchariftie. Que peut-on offrir de plus noble, dit Lib. 4. de faint Auguftin, que la chaire de notre Trin.c. 14. facrifice, qui eft le propre Corps de JESUS

Heb. 9.0.24.

Heb. . . . CHRIST notre Prêtre éternel.

Id. 7. v. 17.

CM 21.

Saint Paul de concert avec David, ap

Pf. 109.V. 4 pelle J. C. le Prêtre éternel, fuivant l'ordre de Melchifedech, à caufe du rapport Gen.14 v.18, qu'il y a entre ce Prêtre du Dien treshaut, qui offrit en facrifice du pain & du vin, & JESUS-CHRIST qui offie fon Corps & fon Sang fous les efpeces du pain & du vin: Or fi Dieu, felon le Pf. 109. v. 4. Prophete Roi, a donné à son Fils la qualité de fouverain Prêtre, avec promeffe par ferment de ne le dépouiller jamais de Jon Sacerdoce, il y a donc préfentement un facrifice éternel; puifque felon faint

Paul,

Paul, tout Pontife on Prêtre eft établi teb.s.v. pour ce qui regarde le fervice de Dien; afin qu'il offre des dons des facrifices pour les pechez des hommes.... par conféquent le Sacerdoce étant auffi inféparable du facrifice, que le facrifice l'eft du Sacerdoce, JESUS-CHRIST a le pouvoir d'offrir à Dieu quelque chose; parce que, dit faint Paul, notre divin Heb. 9.v.11. Redempteur eft le fouverain Pontife des biens futurs..... felon l'ordre de Melchifedech.

a Melchifedech étoit Prêtre du Tres-haur, & Roi de Salem, que l'on croit être la même que Jerulalem. L'Ecriture fainte l'introduit fans généalogie; elle dit qu'il n'avoit ni pere ni mere, mais elle ne fait aueune mention quand commença & finit fa prêtrife; elle marque feulement qu'il vint au-devant d'Abraham victorieux de Chodorlahomor Roi des Elamites, qu'il le benit; & qu'il offrit pour lui en facrifice au Seigneur du pain & du vin Ceci arriva l'an du monde 2091. après le déluge univerfel 435 ans,& avant l'avenue de JESUS-CHRIST 1913. ans. Les difputes qui fe font élevées parmi les Ecrivains Ecclefiaftiques, pour fçavoir au jufte qui étoit Melchifedech, font des plus fameufes. Quelques Peres Grecs ont crû qu'il étoit payen: d'autres qu'il defcendoit de Side fils d'un Roy d'Egypte & de Libie; mais il y a plus de vrai-femblable dans le fentiment de plufieurs Docteurs Latins, qui affurent avec fondement, que Melchifedech étoit le même que le Patriarche Sem, fils de Noé. Si cela eft, ce Prêtre du Tres haut avoit pour lors 533. ans. Quoiqu'il en foit, il cft tres für que Melchifedech étoit un vrai homme, & un homme tout myfterieux; car certainement il n'étoit ni un Ange, comme l'a piérendu Origene, ni le faint Efpit, ou plus que J. C. ainfi que l'enfeignoient les Difciples de Theodore l'Argentier, hérétiques connus dans le 3. fiecle de l'Eglife, fous le nom de Melchifedeciens.