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de la grace, laquelle Dieu accorde ordinairement à ceux qui la lui demandent

Pf. 50. v. 19. avec pureté & humilité de cœur, j'ofe me flatter qu'ils ne couvriroient point la turpitude de leur morale libertine, fous un prétexte fi hyppocrite, & qu'ils fe fouviendroient de la promeffe que Dieu a faite à l'homme, en lui difant: Gen. 4. v. 7. Tu feras le maître de ta concupifcence toutes les fois que tu voudras lui refifter, & tu dompteras tes paffions quand tu feras dans la fincere volonté de leur imposer filence.

1. Cor. 7.

Saint Paul étoit fi convaincu de cette grande vérité qu'il enfeigne aux Corinthiens, qu'un pere qui conferve la virginité de fa fille, ne voulant point la marier, fait une action fort agréable à Dien.

Saint Jean, que JESUS-CHRIST aimoit, parce que cet Apôtre étoit Apoc. 14. 4. vierge, aflure avoit vû dans le paradis un grand nombre de perfonnes veftues de robes blanches, qui aiant gardé leur pureté, fans s'être jamais fouillées avec aucunes créatures, fuivoient l'Agneau fans tache par tout où il alloit.

De pareils témoignages autentiques, fans parler des autres, font plus que fuffifans pour authorifer la conduite de

ceux qui ont affez de zele & de ferveur pour embraffer le parti du couvent; il eft vrai que cet engagement n'eft point abfolument néceffaire à falut; mais il ne laiffe pas néanmoins d'être un moien utile pour avancer dans le chemin de la vertu, & parvenir à être parfait, comme le Matt. 5. 48. Pere celefte eft parfait.

Je crois donc que de pareilles inftitutions, toutes faintes en elles-mêmes, & qui n'ont pour but que la gloire de Dieu, ne peuvent être condamnées que par ceux aufquels la vertu, la mortification des fens & la pénitence font horreur; c'est pourquoi comme je ne veux point ici m'ériger en panégyrifte de la vie monaftique, ma vivacité naturelle ne me permettant point d'en favourer tous les attraits, je laiffe à ces bons Peres qui font plus éclairez que moi fur cette matiere, le foin de défendre leur cause, & je continue ma réponse à M. le Marquis de Langallerie, en convenant avec Meffieurs les Prétendus Réformez, que c'eft une pure chimere de prétendre que l'établiffement de la vie monaftique, foit d'institution divine. Loin d'avoir cette pensée, je foûtiens, comme il eft vrai, que le zele, le dégoût du monde, ou le détachement des chofes de la vie,

Orat. 33.

& peutêtre même la difpofition à la me lancolie, ont fouvent beaucoup plus de part à ces fortes d'établiffemens, qu'une véritable vocation.

A l'égard des abus qui fe font gliffez dans certains Monafteres, au dire de Meffieurs les Prétendus Réformez, on peut bien appliquer à ces Meffieurs, ce que faint Gregoire de Nazianze a reprochoit aux Eunomiens, qu'imitant les

a Saint Gregoire, dit le Theologien mourut dans la folitude le 9 May 389. fous le pontificat du Pape faint Sirice: après s'être démis volontairement de l'Evêché de Conftantinople. Il fut furnommé de Nazianze, parce qu'il prit naiffance dans cette ville de Cappadoce, qu'il gouverna en qualité de Coadjuteur, pendant que fon pere auffi nommé faint Gregoire de Naziance en étoit Evêque. Ce dernier mourut âgé de 100 ans l'an 372. fous le pontificat du Pape faint Damafe, premier du nom.

b Les Eunomiens étoient des hérétiques du 4. fiecle qui joignoient à l'infamie de leurs mœurs des dogmes abominables. Ils enfeignoient entr'autrèsqu'ils connoifloient Dieu auffi parfaitement que cet Etre infini fe connoît lui-même. Que le Fils de Dieu n'étoit Dieu que de nom; qu'il ne s'étoit pas uni fub. ftantiellement à l'humanité, mais feulement par fa vertu & par les opérations; que la foi pouvoit fauver toute feule, quoique l'on commit toutes fortes de crimes, & même que l'on y persévérât jusqu'à la mort, Ils rebaptifoient ceux qui l'avoient déja été au nom de la fainte Trinité, parce qu'ils combattoient ce myftere. Ils défendoient à caufe de cela la triple immerfion au Baptême, & ordonnoient que l'eau ne mouillât que les parties du corps, qui font audeffus de la poitrine. Ils condamnoient le culte des Martyrs, & I'honneur rendu aux faintes Reliques En un mot, il fuffi oit que l'Eglife enfeignât quelques dogmes, pour que ces malheureux les combatiffent. Je ne fçai fi Meffieurs les Proteftans Prétendus Réformez s'acco modent d'un pareil parallele,

mouches, ils s'attachent plûtôt aux ulceres pourris, & aux fanglantes plaies qu'ils trouvent fur les corps, qu'aux endroits purs & aux parties faines.

Mais telle eft la conduite ordinaire de ceux qui favorifent un mauvais parti. Lorsqu'ils fe voient terraffez & vaincus, l'injure & la calomnie font les dernieres armes dont ils fe fervent pour couvrir & pallier leur honteufe défaite; le défelpoir qui les ronge, irrite tellement leur fureur, que ces malheureux fans ceffe enyvrez de leur orgueil, ufent de toutes fortes de moiens lâches pour ternir, s'ils pouvoient, la gloire& le triomphe du vainqueur.

Ce font les indignes traces que fuivent préfentement nos ennemis, en nous réveillant inutilement de vieilles histoires qui n'ont rien de commun avec l'Eglife, & qui ne fervent qu'à nous empêcher d'ignorer ce que nous voudrions oublier pour toujours; car quel rapport la foi catholique a-t-elle avec les peines & les embarras terribles, que de certains ordres monaftiques ont autrefois donné aux fouverains Pontifes, aux Evêques, aux Abbez, & même à l'Eglife en general. Meffieurs les Prétendus Réformez fentent parfaitement bien dans l'in

Seff. 25.

Concil.Trid. térieur de leur confcience, qu'il n'y a rien de fi faint ni de fi facré dans le monde, dont l'ufage & la pratique ne puifle par la fuite tourner en abus: cependant ces Meffieurs prétendent faire tort à l'Eglife Catholique Romaine, en nous imputant l'ignorance, l'hypocrifie, le libertinage, les vifions, & les fottifes de quelques-uns de nos Moines, fans vouloir faire attention à la pieté, la. vertu, le recueillement, la fcience & la pure doctrine des autres ; eft-il une injuftice plus criante ? Comme fi l'Eglife cherchoit fa défenfe dans les archives apocryphes de certains cloîtres, où l'on trouve quelquefois plus de pouffiere & d'obfcurité, que d'éclairciflemens dans fes perquifitions.

La France, grace au ciel, ignore une partie des excès dont on vient de nous faire reproche; les differens ordres monaftiques de ce Roiaume, incapables de donner dans la groffiereré du menfonge, fuivant le génie fubtil de la nation, se font partagez en plufieurs claffes, pour fe facrifier entierement au fervice de Dieu, & à la gloire de l'Eglife. Les uns contens de leur folide revenu, vivent dans leur retraite avec édification, ufant fobrement de leur temporel, appliquant

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