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REPONSE.

Left vrai que dans la primitive Eglife on n'expofoit point fi communément en vénération les images & les ftatuës dans les Temples, parce que les premiers Chrétiens n'ofoient publiquement s'en fervir; eux qui vivoient parmi un grand nombre d'idolâtres, aufquels ils reprochoient tous les jours, d'adorer des idoles forgées par la main des hommes: car fi les Payens qui ne connoiffoient pas l'efprit du Chriftianifme, euffent vû les Temples des Chrétiens ornez de peintures ou fculptures; loin que ces Idolâtres le fuffent convertis en embraffant la foi de JESUS-CHRIST, ils auroient au contraire taxé l'Eglife Romaine d'idolâtrie, & ne fe feroient ja→ mais voulu foumettre à faire attention que les vrais Chrétiens honoroient feulement les images, fans leur rendre aucun culte d'adoration qui n'eft dû qu'à Dieu feul.

Mais fi-tôt que le bandeau de l'idolâtrie fut tombé, & que la liberté entiere fut accordée à l'Eglife, pour lors on vit arborer courageufement par toute la terre, fous le Grand Conttantin, le no

a

ble étendart de la croix . Et il n'y eut perfonne qui ne fe tînt honoré de conferver chez foi ce glorieux figne de notre redemption; joint aux autres répréfentations de tous nos divins mystéres, afin de pouvoir rendre à ces faintes reffemblances un culte de refpect & de vénération. C'est pourquoi il eft faux de dire qu'Agobard défendit expreffément l'honneur rendu aux images, puifqu'il condamna feulement le culte d'adoration réelle que quelques peuples ignorans de fon fiecle rendoient à ces mêmes images ou ftatuës, Voici en peu

a L'Empereur Conftantin premier aiant découvert le fepulchre de notre Seigneur, y fit bâtir une Eglife magnifique : & lors qu'une partie de la vraie croix lui eût été apportée, il ordonna que l'on élevât ce sacré figne de notre redemption fur une riche colonne au milieu de la grande place à Conftantinople.

b Agobard fut choifi Archevêque de Lyon après que Ledradus en eut fait fa démiffion volontaire l'an 811. pour fe retirer dans le monaftere de faint Medar là Soiffons. L'efprit fupérieur d'Agobard lui fit avoir beaucoup de part aux grandes affaires qui troublerent la France fous le regne de Louis le Debonaire. Il s'attira même quelques difgraces pendant la difcorde qui fe mit entre l'Empereur Louis le Debonaire, & fes enfans, Lothaire, Pepin, & Louis; mais Agobard prouva fi fagement la probité de fes démarches, que les Prélats le confulterent fouvent, & les Princes l'honorerent de leur affection. Le grand nombres d'écrits curieux qu'il nous a laiffé lui a mérité dans le Martyrologe des Gaules la qualité d'infigne Docteur L'Eglifé de Lyon met Agobard au nombre de fes faints PréKats, & le 6. de Juin elle fait commémoration de sa mort, qui arriva l'an 841. fous le pontificat du Pape Grégoire LV.

de mots ce qui trompe tous les jours ceux qui ne prennent point le véritable fens des écrits de ce pieux Prélat.

Environ l'an 820. quelques zelez indifcrets, s'aviferent, par ignorance, de pouffer trop loin le culte qu'ils rendoient aux Saints & aux images. Claus de a Evêque de Turin, entêté d'un excès tout oppofé, tomba dans l'héréfie des Iconoclaftes que le Concile de Francfort'avoit de nouveau anathématisé en

a Claude fut nommé par l'Empereur Louis le Debonaire pour remplir l'Evêché de Turin. A peine fe vit-il en poffefion qu'il donna à connoître le poison de fa pernicicufe doctrine: car faifant la vifite de fon Diocèfe, il fit arracher toutes les croix & les images. qu'il trouva dans les Eglifes, prêcha vivement contre l'honneur que l'on rendoit aux réprefentations de Jefus Chrift & de la Vierge; il défendit l'invocation des Saints, condamna le respect que l'on portoit aux reliques, & fupprima entierement tous les pelerinages. Claude écrivit nême une Apologie pour la défenfe de fes fentimens ; mais l'Empereur Louis le Debonaire aiant fait examiner cet ouvrage, on y trou va quantité d'erreurs très dangereutes. Jonas Evêque d'Orleans eut ordre d'écrire contre Claude, & ce fut fur ces entrefaites que cet Evêque du Turin mourut , environ l'an 828. Au furplus Claude,à fes erreurs piès, étoit un homme d'un mérite fingulier: car il con pofa d'excellens Commentaires fur la Genèfe, fur l'Evangile de faint Matthieu, & fur l'Epitre de faint Paul aux Galates. Il fit auffi plufieurs autres traitez qui prouvent fon érudition.

Le Concile de Francfort, ville Impériale fur le Mein en Franconie, fut tenu par ordre de l'Empereur Charlemagne, l'an 794. La plus grande partie des Evêques de France, d'Allemagne & d'Italie s'y étan trouyés, on le nomma par la fuite le Concile d'Occi dent.. Charlemagne y parla avec beaucoup d'éloquen

794. Agobard Archevêque de Lyon, & Jonas Evêque d'Orleans, combatirent vigoureufement pour faire obferver les faints Canons de ce grand Concile, ce à quoi ils réuffirent malgré l'oppofition de Claude. Agobard écrivit enfuite contre les peintures & les images, c'est à dire, contre ceux qui les adoroient,

ce contre Elipand Archevêque de Tolede, & Felix Evê. que d'Jrgel, qui reveilloient les héréfies des Nefto riens & des Iconoclaftes. Les Peres du Concile de Francfort anathémati erent de nouveau toutes ces erreurs, & outre cela firent des décrets particuliers pour expliquer que l'honneur qui eft tendu aux images, n'eft qu'en vue du fujet qu'elles reprefentent. Cepen dant Meffieurs les Prétendus Réformez, qui prennent toûjours le contrefens de ce qu'ils lifent, nous oppofent quelques endroits de ce Concile qu'ils expliquent à leur mode pour combattre l'honneur rendu aux images. Mais en verité ce ne fera jamais l'avis de ces Meffieurs que nous confulterons lors qu'il fera queftion d'établir une verité orthodoxe, il faut auparavant qu'ils fe reconcilient avec le bon fens, s'ils veulent que nous faffions attention à leurs remontrances

a Jonas étoit un faint & do&te Prélat qui gouver noit l'Eglife dOrleans dans le neuviéme fiecle. Il fut la terreur des hérétiques de fon tems. Il combattit Claude Evêque de Turin, & compofa fur ce fujet trois traitez par l'ordre de l'Empereur Louis le Debonaire, qu'il dédia enfuite à Charles le Chauve Roi de France. Cet ouvrage eft excellent, mais il veut être interpreté avec une prudence égale au zele de l'auteur. Jonas fut enfuite envié auprès du Pape Eugene II. dont la promotion au pontificat caufoit quelque defordre dans 'Eglife par l'injufte prétention de l'antipape Zinzine. Lothaire paffa en Italie & rendit la paix à l'Eglife. Jonas revine & mourut après avoir affifté à plufieurs Conciles. Le dixiéme Canon de celui de Vernon, teut en $44. dit que cette mort arriva l'an 844. Grégoire IV. occupant la Chaire de faint Pierre à Rome.

parce que l'imprudence de ces faux zélez faifoit tort à l'Eglife. Ce Prélat apporta même plufieurs authoritez des faints Peres, pour réprimer quelques fuperftitions groffieres. Mais outre que les fentimens d'Agobard furent roûjours très-orthodoxes; c'eft que fon zele jultifie fes bonnes intentions, par conféquent les écrits doivent être fagement & prudemment interprétez, puifque tout ce qu'il avance ne tend qu'à prou- Confulter ver que le culte qui fe rend aux images clefiaftique ne doit pas leur être rendu à caufe d'el- du Diocèse de les-mêmes, mais feulement en confidé-on, par ration de l'objet ou du myftere qu'el- de la Mure, les repréfentent.

Perfonne n'ignore le foin qu'avoient les premiers fidelles, des reliques précieufes des faints Martyrs. Tout le monde fçait avec quelle ferveur les Chrétiens alloient prier en foule aux tombeaux miraculeux des Confeffeurs. Ce n'eft donc pas une cérémonie nouvelle, comme nos ennemis voudroient malicieusement le faire entendre.

Au furplus nous n'avons aucun commandement exprès dans notre Religion, par lequel nous foions obligez d'invoquer les Saints. L'Eglife ne fe fert d'aucunes menaces pour nous contrain

Phiftcire Ec

Jean Marie

pag. 119. &

fuiv.