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fuivre la Sainte-Ecriture à la lettre, y puffent faire de fi furieux écarts. Mon Miniftre pour lors battant la campagne, me repondit entre autres mauvaises raisons, que les Apôtres avoient fait plufieurs chofes de leur tems, qui étoient néceffaires pour l'avancement de l'Eglife naifante, & que dans les fiecles fuivans, ces pratiques devinrent inutiles.

Je priai Monfieur B*** de me faire voir dans l'Ecriture-Sainte des préuves de ce qu'il ofoit avancer; mais comme la chofe lui étoit impoffible, je vis mon homme tellement chanceller, que pour le ferrer de plus prés, je foûtins que l'Eglife de JESUS-CHRIST, incapable d'aucun changement dans la foi, n'avoit point enfeigné, ny pratiqué une doctrine dès la naiffance, pour en prêcher une autre toute contraire & dif ferente par la fuite. Que du tems des Apôtres la Confirmation étoit abfolument diftincte du Batême, puifque les peuples aprés avoir été baptifez, recevoient encore une nouvelle impofition des mains des Apôtres, par laquelle le Saint-Elprit étoit donné à ces nouveaux Chrétiens, quelquefois mê me d'une maniére vifible. Que l'exem

ple des Samaritains en étoit une preuve des plus convaincantes; eux qui ayant déja été regénérez par le Sacrement de Batême, reçûrent le Saint Efprit par l'impofition des mains de S. Pierre &de faint fean, envoyez exprés de Alt. ch. 8. Jerufalem à Samarie."

Mon adverfaire fe trouvant dans l'impoffibilité de me répliquer folidement, m'avoua de bonne foi, qu'il trouvoit plufieurs points eßentiels dans la Religion Prétendue-Reformée, très-difficiles à concilier avec la SainteEcriture. Je profitai de cet heureux moment pour l'engager à fortir de fes penfées ténébreufes, & le faire entrer dans la feule véritable Eglife, fondée fur la netteté & l'explication claire de la parole de Dieu; mais il me fit la -lâche réponse, que fuppofé qu'il se vit abfolument vaincu, il auroit de trop grands obftacles à furmonter pour changer de Religion; qu'au furplus, il croyoit l'on pouvoit faire fon falut auffi bien dans la Communion Reformée, que dans

que

Confultez les Actes du Martyr de Saint Etienne, Pape, l'an 257. vous y trouverez que ce S Pontif s'étant caché, à caufe de la perfécution dans une des Catacombes à Rome, il y baptifa 108. perfonnes, & les confirma enfuite par le figne du facré My.

ere.

Eg'fe Romaine, & que par confequent il etoit déterminé, quoi qu'ebranlé par mes raifons, de refter dans fa croyance, jus qu'à ce qu'il eût la liberté de voir quel parti il prendroit.

Envain je voulus faire fouvenir ce pauvre égaré, que JESUS-CHRIST, par sa mort, n'avoit ouvert qu'une feule & unique voye pour aller au Ciel; que les refpects humains étoient indignes d'un cœur bien placé, que le Fils de Dieu nous deffendoit abfolument de rougir de la vérité ; ma remonftrance fut inutile, & j'eus pour derniere réponse finale, que le tems étoit un grand maître. Nous changeâmes enfuite de converfation, aprés laquelle notre fouppé étant fini, nous nous féparâmes avec des témoignages réciproques d'eftime & de confideration.

Monvalet, qui m'étoit venu rechercher, me rendit en chemin un paquet de la part de Monfieur le Marquis de Langallerie, duquel ayant fait ouverture d'abord que je fus rentré chez moi, j'y trouvai la Lettre cy-jointe.

J'ai appris depuis, que ce Miniftre étoit revenu en France, qu'il y avoit fait abjuration entre les mains d'un illuftre Prélat, & qu'il étoit rentré dans les biens de fes ancêtres, fituez fur les Frontieres du Langue⚫ doc.

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REPONSE

De fon Excellence Monseigneur le Général Marquis de Langallerie, à ma Lettre du 15. Juin 1715.

MONSIEUR;

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J'ai été agréablement furpris avant» hier au foir, recevant la Lettre de "torze pages' que vous avez pris la peine » de m'écrire, puifque par elle j'ai la joie » de connoître que vous acceptez en brave homme la propofition que je vous ai faite de controverfer ensemble les "points principaux qui feparent nos deux » communions. Je fuis charmé, Monfieur, que vous m'aïez prévenu, quoique » j'euffe dû, en qualité de vieil Officier, » me trouver le premier au rendez-vous; » mais je ferai trop content pourvû que je puiffe vous mettre hors de combat car il me paroît que j'aurai à faire à "forte partie. N'importe je ne reculerai point, jufqu'à ce que l'un de nous deux Jean. 5. v. foit terraflé, afin d'être enlevé de la mort à la vie. J'efpere que vous tien"drez la parole que vous m'avez don

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née,

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née, comme je vous protefte foi de a Gentilhomme d'honneur, d'executer la «< mienne, au cas que vous puiffiez me « convaincre, attendu que je ne defire. autre chofe que ce que vous me mar- « quez dans votre Lettre, qui eft d'entrer dans le véritable chemin qui conduit à l'éternité. C'eft pourquoi, Monfieur, « ne perdons point de tems en difcours inutiles, ou en complimens réciproques. Commençons à entrer en matie- « re; & puifqu'au lieu d'être l'agrefleur, « comme je m'en étois flatté d'abord, je « ne fuis plus prefentement que le défen- « deur, je vais foûtenir votre premiere « attaque, en me fervant de vos mêmes u armes, & vous faire voir que c'eft à « tort que vous taxez de nouveauté, la « Religion Proteftante Réformée : pen- « dant c'eft votre fecte Papiste, qui, que copiant une infinité de dogmes du Pa- « ganifme, conduit fes enfans au grand chemin de perdition.

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En effet, les fauffes Religions fe piquent ordinairement de deux avanta- « ges; fçavoir de l'antiquité, & de l'uni- ce verfalité. La Communion Romaine fe couvre du manteau de l'antiquité, & nous appelle des Novateurs, parce que ce nous ne voulons pas reconnoître la

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