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& que je me fuis défendu des mêmes « armes dont vous m'avez attaqué. Tels « font mes préjugez, voiez fi vous pour- « rez m'en retirer, & me croiez avec au- « tant de confideration que d'eftime,

MONSIEUR,

Votre très humble & très obéiffant ferviteur

le Général Marquis

DE LANGALLERIE.

A Amfterdam le 17.

Juin 1715.

E lendemain,M. le Marquis de Lan

Lgallerie, qui avoit été neuf jours

fans avoir de mes nouvelles, inquiet de` fçavoir s'il ne m'étoit pas arrivé d'accident au fracas des digues rompuës, vint chez moi fur les huit heures du matin, me demander le Chocolat, dans le tems que je travaillois à faire réponfe à fa Lettre. La joie que ce Seigneur témoigna de mon heureux retour, me fit convenir qu'entre gens d'honneur, le titre & la qualité de parties oppofées, foit d'interêts, foit de fentimens, n'excluoit pas de la focieté civile les manie

res polies, ni le commerce d'une amitié fincere & réciproque. Je fis mon poffible pour répondre à des avances fi généreufes, & je n'épargnai ni soins, ni veilles, ni dangers, pour empêcher qu'une ame fi noble pérît dans fon égarement.

Monfieur le Marquis de Langallerie m'aiant quitté vers les dix heures, j’allai à l'Eglife nationalle des François Catholiques, pour y entendre la fainte Meffe, parce que c'étoit le jour de la fête de Saint Jean Baptifte.

Quoique la Religion Calvinifte foit la feule dominante dans les fept Provinces Unies, que la Lutherienne & les autres fectes y aient des Temples publiquement permis auffi bien que la Judaique, & que la Catholique Romaine n'y ait pas la même liberté, néanmoins elle y eft tellement tolerée, que toutes les Villes & campagnes font remplies de Chapelles fecrettes, dans lesquelles les Prêtres, entretenus par les fidels, exercent librement les fonctions de leurs ministeres. Si quelque Juif ou autre particulier, s'avifoit d'y venir interrompre le service divin, fon infolence feroit punie d'autant plus féverement par le Magiftrat, qu'un très grand nombre des peuples de cette

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République étant Catholiques Romains, les fuites pourroient en devenir fi fâcheufes, que cet Etat qui fubfifte feulement par l'union & la concorde d'une politique liberté, trouveroit infailliblement fa décadence dans des loix qui feroient plus favorables aux idées des uns, qu'équitables & conformes aux droits légitimes des autres. Maximes bien differentes de celles qui fe pratiquent dans les roiaumes d'Angleterre, d'Ecoffe, & d'Irlande, où la Religion Catholique Romaine eft entierement prohibée, & le zele des faints Ecclefiaftiques perfécuté au péril même de

la vie.

Le foir étant rentré de très bonne heure chez moi, j'achevai ma réplique à M. le Marquis de Langallerie, que je donne à mon lecteur à éxaminer..

a Pour qu'un Bourgeois, en Hollande, puiffe entter dans la Magiftrature, il doit faire profeffion de la Religion Calvinifte. Le nombre des Catholiques Ro mains eft quelquefois fi général dans de certaines Villes de cette République, qu'à peine peut-on trouver des fucceffeurs Reformez à ceux qui fortent de Char ges. Il eft auffi à remarquer, qu'il n'y a que les Calviniftes qui rempliffent les dignitez, rarement les Luttheriens, & jamais ceux des autres fe&tes: cómme Anabaptiftes, Arminiens, Koeckres. Et à l'égard des Juifs, il ne leur eft pas feulement permis de tenir boutique ouverte,

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LETTRE

A fon Excellence Monfeigneur le
Général Marquis de Langallerie.

Servant de replique à fa réponse du 17.
Juin 1715.

MONSEI

ONSEIGNEUR,

A mon retour de Nort-Hollande, j'ai trouvé chez moi un paquet de la part de Votre Excellence, qui me donne à connoître une partie de vos préjugez contre l'Eglife Catholique Romaine. Ils me feront d'autant plus faciles à détruire, que certainement Dieu vous defillera les yeux, fi Votre Excellence demeure toûjours dans les mêmes difpofitions Pfal. 18. de docilité à s'inftruire. Seigneur, dit le Roi Prophete, je vous ai cherché dans toute la fincerité de mon cœur, faites-moi donc connoître la voie de vos commandemens, parce que j'ai toûjours votre loi préfente à mon efprit, afin de ne point tomber dans l'égarement.

Avec de pareils fentimens, Monfeigneur, il eft impoffible que vous ne reconnoiffiez la faufleté de la Religion

Proteftante Prétendue Réformée, & que vous ne conveniez de la folidité des réponses que je vais faire, avec l'aide de Dieu, aux preuves que vous voulez apporter pour foûtenir la vérité de votre communion. J'obéis à Votre Excellence fur le fait d'un inutile cérémonial, & j'entre tout d'un coup en matiere, fans m'arrêter à aucune regle de compliment, c'eft pourquoi, Monfeigneur, je commence ainfi ma replique à la vôtre du 17. de ce mois.

L'Eglife Catholique Romaine accufe avec juftice Meffieurs les Prétendus Réformez d'enfeigner une doctrine toute nouvelle, & entierement contraire à celle de JESUS-CHRIST & des Apôtres. Quelle conduite tiennent ces Meffieurs avec nous? Quand on leur reproche qu'ils font des novateurs ; ils font pour toute réponse, que l'on en difoit autant de la loi de Dieu, & de la doctrine de JESUSCHRIST, attendu que celle-ci étoit rejettée par les Juifs, conteftée par les Gentils; & celle-là combatuë par les anciens peuples du monde. Donc, concluent Meffieurs les Prétendus Réformez, nous avons le même titre de novateurs avec le peuple de Dieu, & avec JESUS CHRIST même car ce divin Sauveur, prêchant

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