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Leerdam, Hoekelum, & Afperen, proche la riviere de Lingue. Je trouvai le païs fi délicieux, que je me déterminai y féjourner deux jours, tant pour me repofer des fatigues de près de quinze jours de marche, que pour ne pas défobliger un Gentilhomme du lieu, bon Catholique Romain, qui voulut à toutes forces me traiter dans fon Château.

Le troifiéme jour continuant ma tournée, j'entendis la fainte Mefle à Bommel fur le Wael, chez un Ecclefiaftique, qui me reçeut avec toute la cordialité de la primitive Eglife,& ne me laiffa arriver àGorcum que le foir aux portes fermantes. Je puis dire que j'étois pour lors fur un des plus forts remparts que les Hollandois aient fur les frontieres du Brabant: car Gorcum arrofé de la Meufe, & cou pé par le Lingue, eft d'autant mieux fortifié, qu'outre les réguliers ouvrages à la moderne qui le couvrent de toutes parts, il eft encore défendu par deux forts Châteaux, dont celui de Louvefrein eft entierement hors d'infulte. La principale Eglife a une Tour fi élevée qu'aiant eu la patience de monter jufqu'au fommet, mes conducteurs m'y firent découvrir vingt-deux Villes mu

rées, fans compter un grand nombre de Bourgs & Villages, ce que j'admirai avec complaifance.

Gorcum eft encore foûtenue de l'autre côté de la riviere, par la forte ville de Worcum, flanquée de quatre baftions avec leurs demies - lunes. La fortereffe d'Altena qui eft une lieue plus bas, fert de clef au Païs. Je penfai y être mis aux arrêts, pour m'être promené fur les ouvrages, fans en avoir auparavant fait honnêteté au Gouverneur. Mais comme il y avoit moins de ma faute, que de celle du Moufquetaire qui me conduifoit: loin que l'affaire eût aucune fuite fâcheufe pour moi, le Gouverneur qui fe louoit fort des François, non content de m'avoir fait rafraîchir, me donna encore des lettres pour le Commandant de Heufden, fituée fur la Menfe à la pointe de l'Ile de Hemert lefquelles je portai le même jour.

Cer Officier, François de nation, & auffi poli que fon ami, me conduisit lui-même autour de Heufden, qui me parut flanquée de fept bastions avec leurs fauffes brayes, dans de larges foffez, & couverte de plufieurs ouvrages à cornes nouvellement conftruits. I

que

me fit enfuite monter au Château où je trouvai dans des appartemens fuperbes, une affemblée très-nombreufe, parce Madame fon époufe venoit de lui donner un fils unique après douze ande vœux continuels. J'avoue que de pareilles honnêtetez me furprirent d'abord: mais quand je fis réflexion au naturel généreux & fans façon de la nation Françoife,je mis bas tout cérémonial pour profiter du plaifir d'une fête qui ne fut interrompue que le lendemain par le départ de quelques Officiers de la garnifon de Bois-le-Duc,qui étoient de cette partie, & qui retournerent à leurs Régimens.

Comme il m'étoit impoffible de trouver une occafion plus favorable pour voir cette grande & belle ville du Brabant Hollandois, j'acceptai l'offre que me firent ces Meffieurs en les accompagnant, de m'y faire remarquer ce qu'il y avoit de curieux tant dans les fortifications, que chez les riches particuliers, où je vis effectivement des Tableaux exquis.

Bois-le-Duc eft une Place très-forte, entourée de plufieurs grandes prairies qui peuvent être inondées par les éclufes de la Ville. Comme elle reçoit dans

par

fes vaftes foffez les trois rivieres de Domele, d' Aade, & de Diefe, elle eft coupée une infinité de canaux, qui la rendent très marchande. La grande Eglife eft fans contredit un des plus beaux vaiffeaux des dix-fept Provinces. La Place du marché à laquelle aboutiffent douze des principales rues de la Ville, eft environnée d'édifices fi magnifiques, que je ne pouvois me laffer de les ad

mirer.

Grave eft à quatre lieues de là fur la rive gauche de la Meufe. Cette importante Place revêtue de fept bastions royaux avec leurs demies-lunes, fert de Boulevards à la province de Gueldres. Je ne fus pas fort content de trouver en y arrivant toute la Ville en émeute, les Bourgeois fous les armes, & la nombreufe garnison de fon côté rangée en bataille fur la place. Le fujet de cette sédition venoit de ce que certains particuliers avoient tué la nuit précédente deux Officiers fubalternes, pour mettre abfolument fin à des defordres continuels que les habitans ne pouvoient plus fupporter. Cette affaire délicate Le termina néanmoins par la prudence du Commandant, à la fatisfaction des deu

partis prêts à en venir aux mains. Les Ponts Levis étant enfuite baiffez, je descendis la Meuse au travers des petites forteresses de Ravesteyn, Megen S Battenborg, pour aller à Nimmegen autre redoutable Place fortifiée très-avantageufement fur un gros bras du Rhin, appellé le Wael.

Cette belle & riche Ville eft d'autant plus illuftre dans l'histoire, qu'outre les différens fieges & affauts qu'elle a foutenus, elle a encore la gloire d'avoir poffédé chez elle les Plénipotentiaires de tous les Princes de l'Europe qui fignerent cette fameufe paix de 1 678. Une difcuffion affez vive que j'eus avec un Anglois qui parloit infolemment de la perfonne facrée du Roy mon Maîfut caufe que le lendemain après

tre,

en avoir tiré raifon, je fortis de Nimmegen, pour monter par le fort Château de Huesen, jusqu'à la grande & confidé~ rable ville de Arnhem, fur le Leck, ce fut là que je bornai l'étendue de ma course, que je redefcendis ce même bras du

&

Rhin par
les charmantes villes de Wagi-
nengen, Rhenen, Tiel,où j'entendis la fainte
Melle, Bueren, Wyck, d'Iverstede, Culen-
borgh, pour me rendre enfin fur l'ancien
canal du Rhin, que le débordement de

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