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n'est pas injuste, j'affirme de Dieu qu'il n'est pas injuste.

D. Que signifie le mot verbe ?

R. Il signifie, suivant l'étymologie latine, mot ou parole: par où l'on a voulu sans doute marquer que le verbe est le mot par excellence, en ce qu'il forme la liaison de toutes nos idées, et qu'il n'est pas possible de faire aucun discours suivi sans le secours des verbes.

D. Comment s'appelle ce dont on affirme quelque chose, et ce que l'on en affirme?

R. Ce dont on affirme quelque chose s'appelle le sujet, et ce que l'on en affirme s'appelle l'attribut. Ainsi, quand on dit que le verbe signifie affirmation, c'est-à-dire, que son usage propre est de lier un attribut avec un sujet, ou de séparer l'un d'avec l'autre par le secours d'une négation.

D. Qu'exprime-t-on par le sujet ?

R. On exprime une personne ou une chose à laquelle se rapporte ce que l'on affirme.

D. De quelles parties du discours se sert-on pour exprimer le sujet?

R. On se sert toujours d'un nom substantif ou d'un pronom.

D. En quel cas met-on le nom ou le pronom qui exprime le sujet ?

R. On le met toujours au nominatif ; et c'est ce qui fait que le sujet est aussi appellé nominatif du verbe?

D. Qu'exprime-t-on par l'attribut?

R. On exprime ordinairement une qualité, en tant qu'elle convient ou ne convient pas au sujet, c'est-à dire, à la personne ou la chose dont on affirme.

D. De quoi se sert on pour exprimer l'at tribut?

R. On se sert ordinairement d'un nom adjectif qui s'accorde avec le sujet, comme avec son substantif.

D. Comment appelle-t-on une suite de mots qui contient un sujet et un attribut liés par un verbe?

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R. On l'appelle une proposition ou une phrase et le sujet avec l'attribut sont appellés les termes d'une proposition.

D. Apportez-moi quelques exemples où je puisse reconnoitre tout ce que vous venez de dire?

R. Dieu est tout-puissant ; il n'est pas injuste, sont deux phrases ou propositions.

Dans la premiere, Dieu est le sujet ou le nominatif du verbe, c'est-à-dire, la personne à laquelle se rapporte ce qui est affirmé; toutpuissant est l'attribut par lequel on exprime la qualité ou la perfection qui convient à Dieu : et çet attribut est lié avec le sujet par le verbe est.

Dans la seconde phrase, il n'est pas injuste, il, qui est un pronom personnel mis à la place de Dieu, est le sujet ou le nominatif du verbe ; injuste est l'attribut qui est séparé du sujet par le moyen du verbe est, joint à la négation ne pas.

D. Le verbe est-il toujours exprimé par un mot distingué du sujet et de l'attribut dont il forme la liaison?

R. Non il n'y a même que le verbe étre que l'on emploie ainsi séparément.

D. Pourquoi cela?

R. Parce que le verbe étre est proprement le seul qui marque simplement la liaison que nous faisons dans notre esprit, des deux termes d'une proposition. Ainsi, à ne considérer précisément le

verbe que par l'affirmation, on peut dire qu'il n'y en a qu'un dans toute la langue, qui est étre, et que les autres ne sont que ce même verbe étre, avec différentes modifications.

D. Mettez encore, s'il est possible, cette réflexion dans un plus grand jour ?

R. Le verbe être ne marque, par lui-même, que l'affirmation, c'est-à-dire la liaison de l'attritribut avec le sujet ; ou s'il marque quelque chose de plus, ce sont les rapports de la personne, du nombre et du temps, par les différentes terminaisons dont il est susceptible, comme quand on dit la terre EST ronde vous ÉTIEZ malade, etc.

Au lieu que les autres verbes, outre l'affirmation et les rapports de la personne, du nombre et du temps, renferment encore la signification de quelque attribut: ensorte qu'avec un de ces verbes, une proposition peut n'être composée que de deux mots, dont le premier exprimera le sujet, et le second exprimera l'affirmation avec l'attribut: comme quand on dit, Pierre vit; Pierre est le sujet, et vit renferme l'affirmation est avec l'attribut vivant, puisque c'est la même chose de dire, Pierre vit, que de dire, Pierre est vi

vant.

On peut expliquer de la même maniere tous les verbes différents du verbe étre. Ainsi, Pierre aime, Pierre étudie, Pierre languit: signifient, Pierre est aimant, Pierre est étudiant, Pierre est languissant. Par conséquent tous les verbes ne sont que des expressions abrégées qui suppléent au verbe étre et à un attribut.

D. Que concluez-vous de ces réflexions?

R. 1°. Qu'il y a deux especes générales de verbes; savoir le verbe étre, qui ne marque que l'affirmation sans attribut, et que l'on appelle verbe substantif, et les verbes qui renferment

l'attribut avec l'affirmation, et que l'on appelle verbes adjectifs.

2°. Que si l'on veut définir le verbe substantif et le verbe adjectif, non-seulement parce qui leur est essentiel, mais encore par leurs principaux accidents, on pourra appeller le premier, un mot qui signifie l'affirmation, avec désignation de la personne, du nombre et du temps, et l'autre, un mot qui marque l'affirmation de quelque attribut, avec désignation de la personne, du nombre, et du temps.

D. Pourquoi n'admettez-vous pas la définition qui fait consister l'essence des verbes à signifier des actions ou des passions?

R. Parce qu'elle ne convient pas à tous les verbes, parmi lesquels il y en à plusieurs qui n'expriment ni actions, ni passions, mais un état, une qualité, ou autre attribut, tels que reposer, exceller, régner, exister, blanchir, briller, etc; et que d'ailleurs il y a bien des mots qui, sans être verbes, signifient des actions et des passions. Mais dans toutes sortes de verbes, quelques différentes significations qu'ils puissent avoir, on y trouve toujours l'affirmation, comme on ne peut trouver de mot marquant l'affirmation, qui ne soit verbe. Ainsi, c'est cette affirmation qui en constitue la nature, et qui les distingue de tout

autre mot.

On expliquera le mot de passion en parlant du verbe passif.

'D. Quel inconvénient y auroit-il de définir le verbe, un mot qui signifie ce qui passe, ou qui énonce par événement?

R. Le même que dans la définition précédente. Exister, reposer, ou se reposer, ne şignifient pas plus un passage ou un événement qu'une action et quoique le Créateur ait tiré

l'univers

Punivers du néant par une action de sa toutepuissance, et que ce soit par la même action qu'il perpétue l'existence des créatures, ce n'est pas cette action que l'on veut exprimer par le mot exister, mais seulement l'état d'une chose qui a été tirée du néant.

De même, quoiqu'on ne puisse, comme on le prétend , reposer, ou être en repos, sans avoir passé de l'état de mouvement à celui de tranquillité, et que ce soit là un changement d'état qui ne peut se faire sans événement; ce n'est point l'idée de ce passage, ni de ce changement arrivé avant le repos, que l'on attache au mot reposer; mais uniquement celle de l'état d'une chose, après qu'elle a cessé d'être en mouvement.

On peut faire des observations à peu près semBlables sur un grand nombre d'autres verbes, et il y a plusieurs mots qui expriment des événements, quoiqu'ils ne soient pas verbes. La différence d'exprimer un événement, ou d'énoncer par événement, n'est pas assez sensible. ni assez caractérisée, pour qu'elle puisse servir de fondement à la distinction du nom et du verbe.

D. Pourquoi le verbe être est-il appelé verbe substantif?

R. Parce qu'il ne signifie par lui-même que l'affirmation sans attribut, comme le nom substantif ne signifie que l'objet sans égard à ses qualités.

D. Pourquoi les autres verbes sont-ils appelés adjectifs?

R. Parce qu'ils expriment un attribut avec l'affirmation, de même que le nom adjectif exprime un objet comme revêtu de quelque qualité.

(On parlera plus au long du verbe substantif et des différentes sortes de verbes adjectifs, à l'article IV de ce Chapitre).

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