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Le plusque-parfait marque doublement le passé, c'est-à-dire, marque une chose non seulement comme passée en soi, mais aussi comme passée à l'égard d'une autre chose qui est aussi passée. Ainsi, quand je dis, j'avois élé malade, lorsque vous m'écrivites, je fais entendre que ma maladie étoit passée à l'égard de votre lettre, ou du temps que vous m'écrivites, qui est aussi un temps passé à l'égard de celui où je parle.

Le prétérit antérieur marque, comme le plusque-parfait, une chose ou une action passée avant une autre qui est aussi passée. Ce qui les distingue l'un de l'autre, c'est que la chose, ou l'action exprimée par le prétérit antérieur, est subordonnée à celle qui l'a suivie, et que c'est à celle-ci que l'on porte principalement son attention. Ainsi celui qui dit, Quand j'eus reçu mon argent, je m'en allai, veut faire entendre d'abord qu'il s'en alla, et ensuite que ce fut après avoir reçu son argent; en sorte que je m'en allai, est la phrase principale, et que le reste, quand j'eus reçu mon argent, n'est qu'une phrase incidente; parce qu'il est principalement question de savoir dans quel temps il s'en alla.

C'est tout le contraire à l'égard du plusqueparfait. La chose ou l'action exprimée par ce temps, est celle qui fait le principal objet de celui qui parle. Ainsi quand je dis, j'avois été malade, Lorsque vous m'écrivítés, il est principalement question de savoir dans quel temps j'avois été malade, et non dans quel temps vous m'écrivites : j'avois été malade est la phrase principale, et, lorsque vous m'écrivítes, la phrase incidente. En un mot quand on emploie le prétérit antérieur, la chose ou l'action la moins éloignée est présentée la premiere, et quand on se sert du plusque-parfait, c'est la chose ou l'action la plus éloignée qui tient le premier rang.

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Le conditionnel passé marque qu'une chose se* roit arrivée dans un temps passé, si certaines conditions eussent eu lieu. Ainsi, quand je dis, J'AUROIS APPRIS OU J'EUSSE APPRIS la Géographie, si vous eussiez voulu on entend que mon action d'apprendre la Géographie dépendoit de votre volonté, comme d'une condition, et que cette action seroit passée si la condition eût eu lieu, c'est-àdire, si vous eussiez voulu. Par où l'on voit que ce temps peut être rapporté au passé, puisque la chose dont on parle seroit arrivée dans un temps passé à l'égard de celui où l'on est en parlant, et que d'ailleurs on peut dire, J'AUROIS ou J'EUSSE APPRIS la Géographie l'année derniere, si vous eussiez voulu.

I I I.

LE FUTUR marque simplement qu'une chose arrivera dans un temps qui n'est pas encore comme quand je dis, J'AURAI de l'argent. Nos corps RESSUSCITERONT au dernier jour.

Le Futur passé marque l'avenir avec rapport au passé, et fait connoître que; dans le temps qu'une chose arrivera, une autre chose qui n'est pas encore, sera passée; comme si je dis, Quand J'AURAI FINI mes affaires, je vous irai voir, ou J'AURAI FINI mes affaires, quand je vous irai voir dans l'une et dans l'autre façon, la fin de mes affaires est encore à venir; mais je la marque comme passée à l'égard de ma visite, qui est aussi À venir.

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D. Tous les temps, dont vous venez de parler, conservent-ils toujours la même signification?

R. Non il y en a plusieurs qui en changent, suivant les occasions où ils sont employés. C'est re-que nous allons faire voir en peu de mots, છે l'aide de quelques exemples.

1. Le présent se met quelquefois pour le futur comme dans ces expressions, JE REVIENS tout-àl'heure. JE PARS bientôt pour Rome. Que FAITESvous demain, etc. c'est-à-dire, JE REVIENDRAL tout-à-l'heure. JE PARTIRAI bientôt pour Rome. Que FEREZ-VOys demain.

Il a encore la signification du futur, quand il est précédé du mot si, exprimant une condition; comme dans cette phrase: Je suis résolu de voyager, si J'EN TROUVE l'occasion. C'est la même chose que si l'on disoit : Je suis résolu de voyager en supposant, ou à condition que J'EN TROUVERAI

l'occasion.

Le présent se prend, au contraire, quelquefois dans le sens du prétérit, quand on veut donner plus de force et de vivacité à ce que l'on raconte, comme dans cette description de la mort d'Hyppolite.

J'ai vu, Seigneur, j'ai vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux que sa main a nourris.
Il VEUT les rappeler, et sa voix les EFFRAIE.

Ils COURENT. Tout son corps n'est bientôt qu'une plaie.

2. L'imparfait ne marque souvent autre chose qu'un prétérit sans rapport au présent, sur-tout dans les narrations, comme quand on dit: Rome ÉTOIT d'abord gouvernée par des rois ; c'est-à-dire, Rome FUT d'abord gouvernée par des rois. ·

Quand l'imparfait est précédé de si, il ne marque autre chose qu'un rapport au temps présent, comme dans cette phrase: Si je CONNOISSOIS vos inten‐ tions, je les exécuterois; c'est-à-dire, Si je cONNOISSOIS à présent, ou je n'exécute pas vos intentions parce que je ne les connois pas.

3. Le prétérit indéfini se prend quelquefois pour un futur passé, comme dans ces phrases: J'AL FINI dans un moment. AVEZ - Vous bientôt ÉCRIT votre lettre? cela veut dire : J'AURAI FINI dans

un moment. AUREZ - VOUS bientôt ÉCRIT votre lettre?

Le plusque-parfait n'exprime souvent qu'un simple rapport au temps passé, comme quand il est à la suite de si: ce qu'on reconnoîtra dans cet exemple: SI VOUS AVIEZ SUIVI mes conseils, vous ne seriez pas dans l'embarras; c'est-à-dire simplement, Si vous aviez suivi autrefois mes conseils; ou, vous êtes dans l'embarras, parce que vous n'avez pas suivi mes conseils.

4. Le conditionnel présent, précédé de que, à la suite d'un autre verbe au passé, exprime ordinairement un futur par rapport au temps du verbe précédent, comme quand on dit: Jésus-Christ a promis qu'IL VIENDROIT juger les hommes, etc. on fait entendre que Jésus-Christ a dît autrefois : JE VIENDRAI, ou je promets que JE VIENDRAI juger les hommes.

5. Le conditionnel passé, dans les mêmes circonstances, marque quelquefois un futur passé par rapport au temps passé du verbe qui le précede. Ainsi, en disant, J'ai cru que J'AUROIS FINI mon ouvrage cette année; si c'est l'année derniere que j'ai eu cette opinion, je suis censé avoir dit alors, J'AURAI FINI, ou je crois que J'AURAI FINI mon ouvrage l'année prochaine.

D. N'y a-t-il p -t-il pas encore d'autres temps que ceux que vous venez d'expliquer? ou, pour mieux dire, n'y a-t-il pas d'autres manieres d'envisager les choses dans le présent, dans le passé, et dans L'avenir?

R. Le présent, proprement dit, ne consistant que dans un seul instant indivisible, ne peut admettre aucun partage; et, par conséquent, il n'y a qu'une maniere de l'exprimer au lieu que le passé et l'avenir ayant plus d'étendue, on peut encore y considérer quelques nouveaux degrés. Mais,

comme les verbes n'ont pas d'inflexions particulieres pour les exprimer, on y supplée par le moyen de quelques autres verbes, de la maniere

suivante :

1. Pour exprimer un passé peu éloigné, c'est-àdire, pour marquer qu'une chose est arrivée, ou étoit arrivée depuis peu de temps, on se sert du présent ou de l'imparfait du verbe venir, que l'on joint à l'infinitif du verbe dont on veut exprimer l'un ou l'autre passé. Ainsi, on dit, Je viens de diner, pour dire, j'ai dîné il n'y a pas long-temps; et je venois de diner, quand vous étes arrivé, pour dire, j'avois diné, il n'y avoit pas long-temps, quand vous étes arrivé. Il est aisé de voir, dans ces deux exemples, que je viens, employé à cet usage, exprime un prétérit indéfini, et que je venois, exprime un plusque-parfait.

2. Pour exprimer un futur prochain par rapport au temps présent, ou par rapport au temps passé, c'est-à-dire, pour marquer qu'une chose doit ou devoit arriver bientôt, on joint à l'infinitif du verbe le présent ou l'imparfait du verbe aller. Ainsi, Je vais dîner, veut dire, je dînerai bientôt ; et j'allois diner quand vous êtes arrivé, signifie, dans le temps que vous étes arrivé, j'ai pu dire, je dinerai bientôt.

On exprime encore un futur incertain ou indéterminé, soit par rapport au temps présent, soit par rapport au temps passé, en joignant à un infinitif quelques temps du verbe devoir. Ainsi, quand on dit, Je dois voyager. Vous deviez me venir voir. Vous avez dú recevoir ma letire, etc. le futur, dans Je dois voyager, n'est pas si positif que si l'on disoit, Je voyagerai, etc.

3. Quand on met si avant un plusque-parfait, la chose ou l'action exprimée par ce temps, n'est pas encore faite au temps où l'on parle. Ainsi, quand je dis, Si j'avots diné, je vous irois voir, je fais

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