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sans en porter aucun jugement, est exprimé dans le discours par un nom. Ainsi Dieu, ange, homme, cheval, grand, petit, rouge, aimable, etc. sont des noms.

D. Combien y a-t-il de sortes de noms ?
R. Deux; le nom substantif, et le nom adjectif.

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ARTICLE PREMIER.
Du nom substantif.

D. QU'EST-CE qu'un nom substantif?

et

R. C'est un nom qui exprime un objet déterminé, considéré simplement en lui-même, sans aucune attention à ses qualités; comme quand je conçois un livre sans faire attention à ses qualités, c'est-à-dire, s'il est grand ou petit, bon oụ mauvais, etc.

D. Donnez-moi une définition plus ordinaire du nom substantif?

R. C'est un nom qui, signifiant une chose subsistante par elle-même, n'a pas besoin d'être joint à un autre nom pour être entendu.

D. Expliquez-moi cetie définition par quelques exemples?

R. Les mots ciel, terre, arbre, sont des noms qui signifient des choses subsistantes par ellesmêmes, et qui font connoître clairement les objets de mes idées, quand je les prononce, sans qu'il soit nécessaire d'y joindre d'autres noms.

D. Combien y a-t-il de sortes de noms substantifs?

R. On en distingue ordinairement de trois sortes; savoir, les Noms généraux, que l'on appelle encore communs ou appellatifs, les Noms collectifs, et les Noms propres.

D. Qu'est-ce que les noms généraux, communs ou appellatifs?

R. Ce sont ceux qui expriment des idées générales et communes, c'est-à-dire, des idées qui peuvent convenir à plusieurs choses semblables, comme les noms d'ange, d'homme, de cheval, etc. qui conviennent à tous les anges, à tous les hommes, et à tous les chevaux en général.

D. Qu'est-ce que les noms collectifs?

R. Ce sont ceux qui, quoiqu'au singulier, portent nécessairement à l'esprit l'idée de plusieurs choses, ou de plusieurs personnes de même espèce, comme réunies ensemble. Ainsi le nom de forét fait concevoir plusieurs arbres, celui de peuple plusieurs hommes, et celui d'armée plusieurs soldats. Il en est de même des noms multitude, infinité, nombre, quantité, troupe, la plupart, etc.

D. Qu'est-ce que les noms propres ?

R. Ce sont ceux qui expriment des idées singulieres, c'est-à-dire, des idées qui ne nous représentent qu'une chose unique; comme les noms de Cicéron et de Paris, qui ne conviennent qu'à un seul homme et à une seule ville.

ARTICLE II.
Du Nom adjectif.
D. QU'EST-CE qu'un nom adjectif.

R. C'est un nom qui exprime un objet vague considéré comme revêtu de quelque qualité. Ainsi, quand je prononce le mot grand, je veux parler d'une chose, quelle qu'elle puisse être, qui a la qualité de grandeur,

D. Comment définit-on autrement le nom adjectif?

R. C'est un nom qui exprime les qualités d'une chose, et qu'on ne peut entendre clairement qu'en y joignant un nom substantif.

D. Apportez-moi quelques exemples, pour me faire mieux entendre cette définition?

R. Quand je dis rouge, aimable, généreux, j'exprime les qualités de quelque chose; mais on n'entend ces choses clairement , que quand j'y joins des noms substantifs: comme lorsque je dis, un habit rouge, un enfant aimable, un cœur généreux.

D. Il me semble pourtant qu'il y a des noms qui n'expriment que des qualités, et qui s'entendent sans être joints a d'autres mots : tels que sont la vertu, la vanité, la pénétration, et une infinité d'autres ?

R. Cela est vrai: mais ce sont des noms substantifs que l'on appelle abstraits, parce que les qualités qu'ils expriment sont considérées comme subsistantes par elles-mêmes, et comme détachées et indépendantes de tout objet qui peut en être revêtu, quoiqu'en effet elles n'aient point d'exis tence réelle dans la nature, et qu'elles ne subsistent que dans l'entendement, lorqu'elles sont conçues de cette manière.

D. En quoi donc un nom adjectif differe-t-il d'un nom substantif abstrait?

R. En ce que le nom adjectif exprime non seu lement une qualité, mais présente encore à l'esprit l'idée confuse de quelque chose qui en est revêtu. Ainsi, quand je dis rouge, cela veut dire quelque chose en général qui est rouge; et cette idée confuse ne devient claire et distincte que quand on joint la qualité à une chose déterminée, comme lorsque je dis, un habit rouge.

Au lieu que le nom substantif abstrait n'exprime

simplement que la qualité, sans présenter aucune autre idée à l'esprit ce qui fait qu'il s'entend clairement sans être joint à un autre mot, comme quand je dis, la rougeur.

D. N'y a-t-il pas une regle générale pour distinguer un nom substantif d'avec un nom adjectif?

R. Qui, toutes les fois qu'on peut joindre le mot chose ou personne avec un nom, il est adjectif; et quand on ne peut y joindre aucun de ces deux mots,

il est substantif.

D. Faites l'application de cette regle générale à quelques noms?

?

R. Table, livre, sont des noms substantifs, parce que je ne puis pas dire, chose table, chose livre ni personne table, personne livre; mais agréable, habile, sont des noms adjectifs, parce que je puis dire, chose agréable, une personne habile.

D. Un méme nom est-il toujours ou substantif, ou adjectif?

R. Non: il arrive quelquefois que le même mot est tantôt un vrai nom substantif, et tantôt un vrai nom adjectif. Par exemple, les mots, colere, sacrilege, politique, sont de vrais noms substantifs dans les phrases suivantes : Craignons d'irriter la colere de Dieu la communion indigne est un sacrilege: la politique est rarement d'accord avec la sincérité: parce que dans ces phrases, les mots, colere, sacrilege, et politique, expriment des choses qui subsistent et qui s'entendent d'ellesmêmes. Au lieu que ces mêmes noms sont de vrais noms adjectifs, quand on dit, un homme colere, une main sacrilege, une conduite politique; parce qu'ils n'expriment que des qualités d'homme, de main, et de conduite.

Il y a des noms adjectifs qui sont quelquefois employés à la place des substantifs abstraits, comme quand on dit, rien n'est beau que le VRAI, c'est-à-dire, que la vérité. Le FAUX d'un principe,

c'est-à-dire, la fausseté. Le SUBLIME d'un discours, c'est-à-dire, la sublimité, Souvent on emploie les noms adjectifs de cette maniere, faute de substantifs abstraits qui puissent signifier précisément la même chose, comme quand on dit, le fort de la mélée, faire son possible; ce ne seroit pas la même chose de dire, la force de la mêlée, faire sa possibilité, etc.

Il est vrai aussi que la plupart des noms adjectifs pris substantivement, renferment l'idée d'un substantif vague et général dont ils sont adjectifs, comme quand on dit, préférer l'utile à l'agréable, c'est-à-dire, préférer la chose utile à la chose agréable, ou préférer ce qui est utile à ce qui est agréable.

Il y a encore une autre sorte de noms qui, subsistant seuls dans le discours, sont regardés communément comme substantifs, quoiqu'au fond ce soient de véritables adjectifs, parce qu'ils présentent 'à l'esprit des objets revêtus de quelques qualités : tels sont les noms, roi, reine, pere, mere, fils, époux, épouse, magistrat, philosophe, peintre, soldat, etc. Mais comme les offices ou qualités signifiés par ces mots ne peuvent convenir qu'à des hommes ou à des femmes, il n'a pas été nécessaire d'y joindre leur substantif, qui se sous-entend sans confusion. Ainsi quand je dis un roi, une reine, on entend assez que je veux parler d'un homme qui est roi, d'une femme qui est reine, et ainsi des autres.

ARTICLE III.

Des Noms de Nombre.

D. QU'EST-CE que les noms de nombre? R. Ce sont des noms qui expriment les rapports numériques que l'on conçoit dans les choses.

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