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R. Il n'en ont point qui soit formé d'euxmêmes mais ils prennent le pluriel des ou de des articles partitifs, avec la même signification. Ainsi, comme on dit au singulier, UN homme, ou UN savant homme, on dit au pluriel, DES hommes, ou DE savants hommes.

CHAPITRE

DE

XI V.

L'ORTHOGRAPH E.

D. QUEL fruit peut-on tirer de tout ce que nous

avons dit jusqu'ici?

R. C'est d'apprendre et de concevoir, par raisonnement, les principes communs à toutes les langues, et les regles fondamentales de la langue françoise.

D. Y a-t-il encore quelques autres connoissances générales qu'il soit nécessaire d'avoir, et sur lesquelles nous ne nous soyons pas encore entrenus?

R. Oui ce n'est pas assez d'être en état de bien entendre une langue, et d'en posséder tous les principes; il faut encore savoir en écrire les mots, et les prononcer correctement. Ainsi, il reste a donner quelques regles générales sur l'Orthographe, les Accents, la Ponctuation, et la Prononciation.

D. Qu'est-ce que l'Orthographe?

R. C'est la maniere d'ecrire correctement tous les mots d'une langue.

D. Qu'entendez-vous par écrire correctement? R. J'entends se servir, en écrivant, de toutes les lettres et figures prescrites par l'usage.

D. L'orthographe françoise est-elle aisée à apprendre?

R. Non et il y en a quatre raisons principales.

1. Il entre dans la composition de la plupart des mots françois beaucoup de lettres qui ne se prononcent pas. Ainsi, monuments, esprits, saints, ils donnent, ils donnoient, etc. se prononcent à peu près comme s'il n'y avoit que monuman, espri, sin, il done, il donét, etc.

2. Souvent une même lettre ou un même assemblage de lettres est employé pour signifier différents sons. Ainsi e est muet dans retour, et il est fermé dans région, et ouvert dans regne: ai se prononce comme un é fermé dans je chantai, je chanterai, et comme un è ouvert dans palais dais, raison, etc. oi se prononce différemment dans loi, foi, emploi ; dans connoître, paroître ; et dans je lisois, je lirois, etc.

3. Un même son est aussi très-souvent désigné avec des caracteres tout différents. Ainsi on prononce le même son an dans diamant, normand, serment, sang, banc, sens, sans, camp, plan faon, paon, Laon, Caen, etc. le même son in dans venin, vain, vin, saint, peint dessein faim, etc. le même son ai un peu plus ou moins ouvert, dans procès, arrét, plaît, fais, promets, connois, écrivoient, etc.

4. Enfin un grand nombre d'expressions françoises étant empruntées dela langue grecque et de la langue latine, elles s'écrivent d'une maniere qui en fait connoître l'origine. Ainsi on écrit phisophie, et non filosofie, orthographe et nonorthografe, phrase, et non frase, syllabe et non' sillabe; rhétorique, et non rétorique; mystere, et non mistere; prudent, et non prudant; intention, et non intension, etc. parce que ces mots dérivent du grec ou du latin , et pour conserver la trace de leur étymologie.

D. Comment peut-on diviser l'orthographe françoise,

R. On peut la diviser en orthographe de principe, et en orthographie d'usage.

D. Qu'entendez-vous par orthographe de principe?

R. J'entends celle qui est fondée sur les principes mêmes de la langue, et dont on peut donner des regles générales, comme l'orthographe des différentes terminaisons des noms par rapport aux genres ou aux nombres, et des verbes par rapport aux temps et aux personnes.

D. Comment apprend-on cette orthographe?

R. On ne peut l'apprendre et la posséder parfaitement, que par une étude particuliere de la Grammaire françoise: et nous croyons que ce que nous avons dit jusqu'ici, sur chaque partie du discours, suffira pour en donner une connoissance

exacte.

D. Qu'est-ce que l'orthographe d'usage?

R. C'est celle dont on ne peut guere donner de regles générales, et suivant laquelle les syllabes des mots s'écrivent d'une maniere plutôt que d'une autre, sans autre raison que celle de l'usage ou de l'étymologie. Ainsi, l'usage veut que l'on écrive honneur avec deux nn, et honorer avec une seule : on écrit fils avec une l, parce qu'il vient du latin, filius, etc.

D. Comment cette orthographe d'usage s'apprend-elle ?

R. Comme la plus grande partie des mots françois sont tirés du grec et du latin, ceux qui savent ces deux langues, ont un grand avantage pour écrire, par connoissance, les syllabes de ces mots, suivant les étymologies. Mais, à l'égard de ceux qui ne savent que la langue naturelle, ils doivent, après avoir appris l'orthographe de principe, par

l'étude de la Grammaire françoise, recourir aux dictionnaires et à la lecture des bons livres, comme au seul moyen d'écrire correctement tous les mots sur lesquels on ne peut pas établir de regles générales et certaines.

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Le plus utile et le plus commode de tous les livres dont on puisse se servir, pour connoître facilement l'orthagraphe d'usage, est celui qui a pour titre Traité de l'Orthographe françoise en forme de Dictionnaire, imprimé à Poitiers. On y trouve tous les mots de la langue dans les différentes sortes de styles. Tous les verbes irréguliers et ceux qui peuvent avoir quelques difficultés, y sont conjugués. On y explique en peu de mots les points d'orthographe sur lesquels il y a quelques doutes ou quelques variations. A la tête du livre, est une préface où sont développés fort au long les principes et les regles de l'orthographe françoise; en sorte que cet ouvrage peut être regardé comme une suite de celui-ci.

D. A quoi se réduit donc ce que vous avez à dire de l'orthographe?

R. A faire quelques observations générales et particulieres sur l'orthographe des noms et des verbes.

Regle générale sur l'Orthographe des voyelles nasales.

Les voyelles nasales prennent l'm au lieu de l'n toutes les fois qu'elles sont suivies, dans le même mot, d'un b, d'un p, de ph, ou d'une m, comme dans chambre, ample, amphitéátre, puissamment, embarras, empire, emphase, emmener, imbu, importun, nymphe, tomber, trompeur, triomphe, nommer, humble, etc.

Observations sur l'Orthographe des Noms. Suivant un usage introduit depuis long-temps, et autorisé même par de bons auteurs, on forme

le pluriel de la plupart des noms terminés au singulier par ant ou ent, en changeant le t en s, comme le bâtiment, les bátimens ; le jardin charmant, les jardins charmans; le conseil prudent, les conseils prudens.

Cette orthographe ne paroît pas tout-à-fait exacte, parce qu'elle est contraire à une regle des plus générales de la Grammaire françoise, qui veut qu'à quelques xceptions près, tous les noms qui n'ont pas d's au singulier, en prennent une au pluriel sans aucun autre changement. D'ailleurs, quelle raison y a-t-il de supprimer la lettre t, plutôt dans les pluriels des noms en ant et ent, que dans les pluriels d'un grand nombre d'autres noms qui y conservent let de leurs singuliers? Car ceux mêmes qui écrivent bátimens, charmans, prudens, etc. laissent le t dans combats, ouverts, petits, contraints, etc. venant des singuliers combat, ouvert, petit, contraint; et dans une infinité d'autres noms semblables.

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Il y a plus c'est qu'il est généralement reçu d'écrire gants, pluriel de gant, cents pluriel de cent, dents pluriel de dent, lents pluriel de lent, vents pluriel de vent ; et on en donne pour raison, que ce sont des monosyllabes. Mais quel rapport y a-t-il entre la différence du nombre des sylfabes, et la différence de l'orthographe? Un mot doit-il être excepté d'une regle générale, sur le seul fondement qu'il est plus court que les

autres.

Ainsi, il semble qu'il seroit mieux de ramener les noms terminés par ant et ent à la regle générale, et de former leur pluriel par la simple addition d'un s. Le bátiment, les bâtiments; lejardin charmant, les jardins charmants; le conseil prudent, les conseils prudents.

Il ne faudroit excepter de cette regle générale,

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