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Lettre de M. de Sauvebœuf à Mad. la Marquife de Villeneuve, 145 XVII. LETTRE. Emerance à Lucie, 152 Annette à Lucie,

153 XVIII. LETTRE. Victoire à Emerance, 154 XIX. LETTRE. Lucie à Emerance, 186 XX. LETTRE. Emerance à Lucie, 191 XXI. LETTRE. Lucie à Emerance, 195

Lettre du Marquis à Victoire, 201 XXII. LETTRE. Emerance à Lucie, 203

Lettre de Victoire à Emerance, 205 XXIII. LETTRE. Lucie à Emerance, 209 XXIV. LETTRE. Emerance à Lucie, 217 XXV. LETTRE. Emerance à Lucie, 223 XXVI. LETTRE. Lucie à Emerance, 226 XXVII. LETTRE. Emerance à Lucie, 246 XXVIII. LETTRE. Lucie à Emerance, 256 XXIX. LETTRE. Lucie à Victoire, 259 XXX. LETTRE. Lucie à Emerance, 260 XXXI. LETTRE. Emerance à Lucie, 263 XXXII. LETTRE. Lucie à Emerance, 268 XXXIII. LETTRE. Emerance à Lucie, 273

Hiftoire du Marquis de Sainville, 276. XXXIV. LETTRE. Lucie à Emerance, 338

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LETTRES D'ÉMERANCE

A LUCI E.

PREMIERE LETTRE.

É MERANCE À LUCIE.

Os preffentiments étoient juftes, ma chere Marquife, lorfque vous m'affuriez que mes maux, parvenus à leur dernier période, ne pouvoient plus augmenter, & que, dans l'ordre naturel, leur conti nuité & leur violence devoient me préfager une fituation plus heureufe. Le Ciel mefure ma joie aux maux que j'ai éprouvés jufqu'à ce jour; & la derniere faveur qu'il Tome II. A

vient de m'accorder, me met dans une fituation fi heureufe, que je n'euffe ofé la defirer. Plaise à fa bonté, qu'au milieu de tant de biens, je ne perde point de vue la main libérale qui fe plaît à m'en combler! Oui, ma chere Amie, je n'ai plus que cette inquiétude, & je dis mille fois le jour avec le Prophete: Oh! mon Seigneur, que ma langue s'attache à mon palais, fi je ne me fouviens de vous au milieu de ma profpérité, & fi je ne vous mets au commencement de mes fatisfactions & de mes joies, comme celui qui feul eft la fource de tout bonheur & de mon falut! Attendez-vous, ma Chere', à de nouvelles merveilles.

Nous partimes de Turin un quart-. d'heure après l'Exprès que je vous dépê chai, & nous trouvâmes à la Lunebourg votre fecond Courier. Quoique nous euffions fait une journée bien pénible, nous ne pûmes nous réfoudré à chercher du repos avant de lire votre Lettre, & le ré cit des malheurs de ma pauvre Enfant. Savez-vous bien, ma Chere, qu'il eft peu d'exemples d'une fi grande fermeté ? lé courage d'Annette me fait rougir de ma foibleffe; & je dis avec vous: C'est une Héroïne. Vous dire que nous avons pleuré en faifant cette lecture, cela feroit d'un

froid à glacer; un spectateur indifférent pourroit feul vous rendre nos mouvements dans cette circonftance, ou plutôt j'aurois défié le plus ftoïque de tous les hommes de conferver fon fang-froid en nous voyant. Le pauvre Deshomais n'a pas été plus Philofophe que moi, & nous n'avons pu nous empêcher de rire depuis des différentes extravagances que nous fimes alors. Dans l'endroit où cette chere Enfant exprime ce défespoir muet dont elle fut faifie au fortir de Rouen, Deshomais s'eft levé avec vivacité, commé s'il eût voulu voler à fon fecours; & moi, qu'ai-je fait? je fuis tombée à genoux & les mains levées vers le Ciel, j'ai conjuré le Seigneur de conferver ma Fille, & de ne pas permettre qu'il lui arrivât de mauvaises rencontres; & cette priere, je l'ai faite d'auffi bonne foi que fi elle eût été actuellement dans ce péril, fans pouvoir me rappeller qu'elle étoit entre vos mains, &échappée à une fituation fi dangereuse.

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La lecture que nous avions faite n'étant pas propre à provoquer le fommeil, nous avons paffé une partie de la nuit à nous entretenir des maux de cette pauvre Enfant, à bénir la Payfanne charitable qui l'avoit recueillie, à fouhaiter de

voir, de remercier, d'embraffer même votre Concierge; à compter, à goûter par avance tous les plaifirs qui nous attendoient au moment de notre réunion. Nous avions fagement abandonné le parti de la pofte, qui ne mérite pas ce nom dans ces déteftables chemins, où elle eft forcée de prendre l'allure des mulets, furTout depuis la chûte de la grande montagne d'ailleurs, que nous eût-il fervi d'arriver plutôt? Il falloit compaffer notre route fur la vôtre; il nous en eût trop coûté de vous attendre à Lyon. Vous croyez peut-être que cette fage réflexion nous oblige à réparer le matin le fommeil de la nuit, puifque nos mulets ne feroient que leur courfe ordinaire. Point du tout, nous partîmes à la pointe du jour pour arriver quatre heures plutôt dans un lieu qui mettroit fept lieues de diftance de moins entre vous & nous. Nous étions prêts à entrer dans une efpece de défilé qui fe trouve entre une riviere & une montagne ført haute, lorfque nous entendimes tirer un coup de piftolet, qui fut fuivi immédiatement de plufieurs autres. Notre Muletier s'arrêta tout court, & nous dit que le lieu où nous allions nous engager étoit tout propre à faire un mauvais coup, & qu'il y

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