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CHAP. I. que leur perfuafion devoit aller jufques-là.

5. Que l'on compare ces veritez aux foibles lumieres des philofophes fur un petit nombre de points. Que l'on compare auffi la fermeté & la vive perfuafion de tant de peuples qui les croient, avec l'incertitude, l'inconftance, la timidité des plus grands hommes du paganifme fur des articles effentiels. Que l'on compare enfin la haute fageffe d'un jeune enfant dans le chriftianifine, avec celle de la Synagogue entiere, à qui tout étoit donné cacheté & couvert de voiles, qui ne répondoit qu'en bégaiant & en hésitant fur des points capitaux, & qui étoit même remplie de préjugez contre beaucoup d'autres.

§. 2. La folie de la Croix a enfeigné aux hommes tout ce qui est néceffaire pour les rendre fages. Craindre de retourner dans les ténébres, en quittant la fimplicité de la foi c'est la fource de tous les nouveaux fyftemes fur la Religion.

1. JESUS-CHRIST du haut de fa Croix eft devenu le maître univerfel que tous les hommes ont écouté. Il les a tous rendu fages, éclairez, fpirituels, par ce qui paroiffoit en lui une folie; & il a au contraire convaincu de folie tout ce qui paroiffoit fage parmi eux, avant qu'il en fat connu. Il n'eft plus queAion après lui de raifonner, de chercher, Tertull. de de faire des plans fur la Religion: Nobis cuprafcrip. c.8. riofitate opus non eft poft Chriftum Jefum, nec inquifitione poft Evangelium, dit excellemment Tertullien. Il nous fuffit de fçavoir & de connoître JESUS-CHRIST Crucifié, pour tout fçavoir, comme faint Paul s'en glorifie.

P.233.

Et nous devons être perfuadez que ce ne peut CHAP. I. être que par la féduction du ferpent que nous nous dégoutons de la fimplicité de la foi, pour courir après l'appas de nouvelles veritez, à l'exemple d'Eve, & pour devenir com. me elle, plus habiles: que Dieu n'a voulu : Timeo, difoit faint Paul aux Corinthiens, 2. Cor. 11. 3. ne ficut fertens Evam feduxit aftutiâ fuâ, corrumpantur fenfus veftri, & excidant à fimplicitate, qua eft in Chrifto.

2. C'eft principalement une vaine & inquiete philofophie qui infpire le dégoût de la fimplicité de la foi, en faifant naître le defir de chercher quelque chofe de nouveau, de plus clair, de plus fatisfaifant, & l'efperance de le trouver. Elle porte avec impatience le joug qui lui eft impofé. Elle veut voir, & fortir de cette efpece d'enfance, cu l'on fe contente de croire. Elle s'efforce de pénétrer les confeils de Dieu, de concilier des veritez qui paroiffent oppofées, de dévoiler des myfteres qu'on lui confie fans lui en rendre raison. JESUS-CHRIST crucifié l'importune & la met à la gêne. Elle fe trouve plus en liberté en ne confultant que l'idée abftraite d'un premier Eftre, qui ne peut lui en découvrir les volontez libres & les décrets, & qui lui permet de fe les figurer comme il lui plaît. Et le fruit de fa temerité eft de perdre ce qui étoit trouvé, de rendre douteux ce qui étoit certain, d'ajouter aux falutaires obfcuritez des myfteres les tenebres de l'erreur, & de rentrer, après la lumiere de l'Evangile, dans tous les vains fyftêmes qui ont partagé & féduit les philofophes payens.

3. Prenez garde, difoit faint Paul aux Colof. 2.8. » Coloffiens, que perfonne ne vous enleve

CHAP. I.

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>> & ne vous raviffe votre foi par la philoso
phie & par des raisonnemens vains & trom-
peurs, felon les traditions des hommes,
felon les principes d'une fcience mondaine,
» & non felon JESUS-CHRIST. Videte ne
quis vos feducat (depradetur vonazwyår) per
philofophiam inanem fallaciam. Prenez
garde qu'en vous promettant l'évidence, on
ne vous enleve la foi, & qu'on ne vous trom-
pe, en vous faifant efperer la verité. On
vous parlera un langage humain, naturel,
conforme à vos penfées : défiez vous-en pour
cela feul. La vraie fageffe ne reffemble point
à la fageffe humaine: Secundùm traditionem
hominum, fecundùm elementa mundi,
non fecundùm Chriftum. N'écoutez rien
après JESUS-CHRIST. Regardez tout autre
maître non feulement comme fufpect, mais
comme convaincu de féduction & d'erreur.
Que fon Evangile vous tienne lieu de tout.
Que fa Croix foit pour vous & l'abregé, &
l'interpretation, & la preuve de fon Evan-
gile. Confiderez-le dans ce myftere, après
l'avoir écouté dans fes inftructions; & que
ce myftere vous rappelle par fa feule vûe tout
ce que fes inftructions vous ont appris. No-
bis curiofitate opus non eft poft Chriftum Je-
fum, nec inquifitione poft Evangelium.

汤味

CHAPITRE II.

JESUS Crucifié eft notre exemple & notre modéle.

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1. JESUS CHRIST, pour nous mieux
inftruire, a joint fes exemples
à fes difcours.

1. TL n'a pas été poffible de montrer JESUS crucifi comme un maître à qui fa croix fert de chaire pour enfeigner tous les hommes, & pour leur apprendre à difcerner les vrais biens & les vrais maux, de ceux qui n'en ont que l'apparence, & les moyens qui conduifent au bonheur, des obftacles qui en éloignent: il n'a pas, dis-je, été pofible de le montrer en qualité de maître qui enfeigne les hommes, fans le montrer auffi, au moins indirc&ement, comme leur modéle. Mais ces deux qualitez que JESUS-CHRIST a unies dans fa per onne auroient pû être sé-parées. Il auroit pû être notre légiflateur fans devenir notre exemple. Il auroit pû nous découvrir le fentier étroit de la Croix, fans y marcher le premier. Il auroit pû nous convaincre de la néceffité de retourner au ciel par un chemin contraire à celui qui nous a perdus, fans vouloir entrer lui-même dans la gloire qui lui étoit dûe, par des fouffrances qui n'étoient dûes qu'aux pécheurs.

2. Confiderons le donc fous ce nouveau

40.

Heb. 8. 5.

le

que

CHAP. I. rapport d'exemple & de modéle, & croions c'eft à nous, auffi-bien qu'à Moyfe, que Dieu commande de confiderer avec attention, & d'imiter avec foin le modéle qui nous eft Exod. 25. montré fur la montagne: Infpice, & fac fecundùm exemplar quod tibi in monte monFratum eft. Ces paroles en effet ont un rapport effentiel à JESUS-CHRIST Comme Pontife des biens futurs, & comme hoftie de la nouvelle alliance, dont le tabernacle & toutes fes proportions étoient la figure, ainfi que nous l'enfeigne faint Paul, qui emploie pour le prouver, les paroles mêmes que Dieu dit à Moyfe. C'étoit JESUS CHRIST qui étoit le plus grand & fublime original que Moyfe copioit avec les fombres couleurs de la loi. C'étoit l'exercice de fon facerdoce que le miniftere d'Aaron repréfentoit. C'étoit fon facrifice que toutes les hofties 'avec leurs ceremonies différentes exprimoient. C'étoit le Calvaire qui étoit la montagne où la verité étoit placée, comme la lumiere qui éclairoit tous les nuages qui en reçoivent la reflexion. Et c'étoit fur ce qui fe devoit accomplir fur cette montagne, que Moyfe avoit ordre de fixer fes regards, pour ne rien faire dans la structure du Tabernacle, & dans tout ce qui en concernoit le miniftere, qui n'y eût un effentiel. rapport

*Il y a dans

grec :

R Tiris wegκανίης αυτ T@ Xueras:

pro conve

3. Mais fi ces paroles, Infpice, & fac secundùm exemplar quod tibi in monte monnienti ip- ftratum eft, laiffent dans l'efprit quelque obfi gaudio. 11 fcurité : celles de faint Paul qui leur fert d'inmanque dans la vulgate la terprete, font bien claires & bien précises. particule,pro: Jettons les yeux, dit-il, fur JESUS l'aupro propofita teur & le confummateur de la foi, qui au lieu fibi gaudio. » du bonheur qui lui convenoit & qui lui

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