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CHAP. II.

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même, ni la vérité même comme JESUS CHRIST, quoiqu'ils fouffrent pour la juftice & pour la vérité. Ceux qui les font fouffrir font leurs égaux, & non leurs créatures, comme tous les hommes le font par rapport à JESUS-CHRIST, qui pourroit leur ôter la vie en ceffant feulement de la leur conferver. Quelque grandes que foient leurs épreuves, elles ne feront jamais égales aux fupp'ices éternels qu'ils ont méritez, & dont ils ne font délivrez que par grace. Il n'y en a aucun parmi eux qui ne doive dire, comme le faint pénitent : » Nous n'endurons que » ce que méritent nos mauvaises actions » mais celui-là, qu'a t-il fait ? » Eft-il d'ailleurs en notre pouvoir d'éviter ce que nous fouffrons, comme JESUS-CHRIST étoit le maître de ne rien fouffrir? Si nous en perdions le fruit par l'impatience, nous ajou terions à nos maux, bien loin d'en dimi nuer le fentiment. Beaucoup d'infidéles fouf frent autant, ou même plus que nous, fans en rien efpérer. Nous pourrions être comme eux fans confolation & fans efpérance. On nous calomnie, on nous ôte les biens & la liberté, on nous laiffe fans protection & fans défenfe ; mais ce qu'on nous ôte, JESUSCHRIST nous le conferve. Il convertit nos pertes en des facrifices de religion. Il met en fûreté pour une vie éternelle, ce qu'une 2 mort prompte & lente nous raviroit. C'est un konneur ineftimable qu'il nous fait en nous affociant à fa croix : c'eft par un privilege particulier qu'il nous en fait part: c'est par la foi & par la patience qu'il nous infpire, que nous l'acceptons avec foumiffion, ou même avec joye. Y a-t-il cu de

notre part quelque chofe de femblable par CHAP. II. rapport à lui? Nous lui devons tout. Nous en avons tout reçû. Son oblation eft fans exemple. Il eft feul l'agneau de Dieu. Nous autres, au lieu d'être des victimes de fa colere, nous le fommes devenus de fa miféricorde.

5. Ces fentimens, qui diftinguent les fouffrances des juftes, & de ceux qui s'appliquent à le devenir, des fouffrances des impénitens & des infidéles, ne diminuent pas leur zéle pour atteindre autant qu'ils le peuvent à la perfection du modéle qui leur eft propofé, & pour contribuer par diverfes imitations particulieres à le reprefenter dans fontout. Ils fçavent que depuis le jufte Abel jufqu'au dernier élu qui terminera le fiécle & le tems, les fouffrances des Saints font destinées à exprimer le facrifice entier de JesusCHRIST. Ils offrent chacun leurs travaux & leur patience, pour concourir à cette expreffion pleine & parfaite. Ils font jaloux de la gloire qu'ils ont d'y contribuer : & comme chaque facrifice ancien avoit fon caractere particulier, & fon rapport à quelques circonftances particulieres de celui de JESUSCHRIST, ils tachent d'être fidéles & diligens pour conferver le caractere de celui qu'ils doivent offrir, ou par l'humiliation, ou par le dépouillement, ou par la douleur, ou par le filence: s'eftimant heureux à proportion de ce que Dieu en accepte en fecret la bonne odeur, & que l'attention des hommes à les louer ou à les plaindre, n'en altere pas la pureté.

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CHAPITRE III.

JESUS-CHRIST Crucifié eft notre confolation dans les fouffrances, & une preffante exhortation à nous foumettre avec patience à celles que l'attachement à nos devoirs nous attire, ou que la divine Providence nous envoie.

nous,

§. 1. JESUS-CHRIST en fouffrant pour a voulu nous montrer avec quelle bonté il s'intereffe à ce que nous endurons pour lui, & combien l'experience qu'il a faite de nos douleurs le rend tendre & compatiffant.

I.

C

E s T une fuite néceffaire de ce que ESUS-CHRIS T crucifié eft notre exemple & notre modéle, qu'il foit auffi notre confolation dans les fouffrances, & une preffante exhortation à nous foumettre avec patience à celles que l'attachement à nos devoirs nous attire, ou que la divine Providence nous envoie. Car en le voiant cloué fur le bois, & raffafié d'opprobres, non pour fon interêt, mais pour le nôtre, qui oferoit fe plaindre d'avoir quelque part à fon calice, & qui ne fent pas diminuer fes propres peines en confiderant celles qu'il fouffre, & avec quelle charité il les fouffre, fur-tout quand on sçait avec

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Heb. 4. 15.

quelle bonté il s'intereffe à ce que nous en- CHAP III. durons pour lui demeurer fidéles, & combien l'experience qu'il a faite de nos douleurs le rend tendre & compatiffant ? 2. >> Nous n'avons pas, dit faint Paul, un Pontife qui ne foit p pas capable de patir à nos infirmitez & à nos foibleffes: » Qui non poffit compati infirmitatibus noftris. Car il a été tenté comme nous par toutes fortes d'épreuves à l'exclufion du péché : tentatum per omnia pro fimilitudine, abfque peccato. Il a voulu nous devenir femblable en tout, excepté dans ce qui étoit incompatible avec fa fainteté. Il a voulu tout éprouver, & fçavoir par lui même tout ce qui exerceroit notre patience, afin d'en être inftruit immédiatement, & avant que nos larmes & nos gémiffemens le lui appriffent, afin que nous ne puffions douter qu'il n'eût une pleine connoiffance de nos maux, & que nous priffions une entiere confiance en fa bonté, qui l'avoit porté à defcendre plus bas même que notre mifere, pour nous perfuader qu'il y étoit fenfible, & qu'il en étoit attendri.

3. Comme fils de l'homme, il devoit être exemt de douleur, puifqu'elle n'eft dûe qu'au péché mais comme Fils de Dieu, il en devoit être encore infiniment plus éloigné. » Et » néanmoins, tout Fils de Dieu qu'il étoit, » il a voulu fouffrir, & apprendre à obéir

par fes fouffrances. Et quidem, cum effet Filius Dei, didicit ex iis qua paffus eft obedientiam. Paroles étonnantes, & qui mé ritent bien d'être approfondies. C'étoit au Fils de Dieu à commander: il s'est abbaiffé jufqu'à obéir. Il pouvoit n'obéir à fon Pere que dans des chofes dignes de fon état, ou

Heb. 5.8%

CHAP. III. glorieufes, ou faciles : il a voulu lui obéir jufqu'à la mort de la croix. Et pourquoi l'a

il voulu? Son motif eft encore plus admirable que fon obéiffance. C'a été afin d'apprendre par lui-même ce qu'il en coûtoit aux fens & à la nature pour obéir; pour se mettre à la place de fes ferviteurs, à qui une femblable obéiffance feroit prefcrite; pour juger du prix de leur foumiffion; pour examiner jufqu'où penétrent les pointes d'une douleur, quand elle eft vive & continuelle; pour fçavoir jufqu'où des hommes foibles peuvent être tentez, & combien le fecours dont ils ont befoin doit être prompt, & fuperieur aux fentimens naturels; enfin pour leur commander avec bonté, pour mefurer la tentation fur les forces qu'il leur prépare, & pour les en faire fortir avec fuccès & avec avantage. Et quidem cùm effet Filius Dei, didicit ex iis qua paffus eft, obedientiam.

§ 2. La confolation dans les fouffrances eft plus grande de penfer que celui qui a fouffert pour nous, eft Dieu. En quel fens on peut dire que Dieu a fouffert.

1. S'IL avoit été poffible que JESUSCHRIST fût le Sauveur des hommes fans être Dieu, la confolation de ceux qui fouffrent feroit beaucoup moindre, & elle feroit fur eux beaucoup moins d'impreffion parce que l'extrême distance de Dieu jufqu'à eux, & l'immuable félicité dont il jouit, affoibliroient extrêmement l'idée de fa compaffion par rapport à eux. Ils le regarderoient avec raifon comme l'unique ou la principale caufe du viffentiment qui les pé

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