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mer que vous: Hac eft mea fpes: & in ea Spe gaudeo, quando fanè gaudeo. Cetera verò vita hujus tantò minus flenda, quantò magis fletur, & tantò magis flenda, quantò minus fletur in eis.

A

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§. 9. Tous ces fentimens dont on vient de parler, conviennent encore plus particulierement aux personnes qui se font confacrées à Dieu.

1. Si ces fentimens, qui devroient conve nir à tous ceux qui connoiffent J. C. & qui par lui connoiffent fon Pere, peuvent devenir particuliers pour certaines perfonnes, & leur être plus propres qu'à d'autres, c'est sans doute pour ceux dont J. C. eft le partage, & qui lui ont dit en fe confacrant à fon fervice, & à celui de fon Eglife, qu'il étoit leur heritage, & qu'ils n'en prétendoient point d'autre: Dominus pars hereditatis mea, &caliris mei. Ils ont renoncé pour lui à tous les foins & à toutes les efperances du fiecle. Ils fe font affranchis du joug pelant qui accable les autres hommes, en fe dévouant à la virginité & à la continence. Ils ont confervé pour J. C. toute leur liberté, & avec elle l'honneur & la gloire de n'aimer que lui. La dure néceffité que faint Paul excufe dans les perfonnes qui ont fait un autre choix, d'avoir le cœur & l'efprit partagez, ne les regarde point. Ils peuvent aimer de toute l'étendue de leur cœur, celui qui les a appellez à cette glorieufe liberté. Comment renonceroient-ils à cette honorable diftinction, en aimant peu, en aimant, autre cho fe, en cherchant ailleurs leur confolation

CHAP. VIII

Lib. 10. Conf

CHAP. VIII. & leur bonheur? Vobis liberum eft cor, leur dit faint Auguftin, vobis parum amare non S.Aug. lib. licet. Totus vobis fixus fit in corde, qui pro de fanct. Virvolis fixus eft in cruce. Auriez-vous renoncé ginit: cap.55. à des objets permis, & à des foins légitimes, pour vous confacrer entierement à J. C. fans vous fouvenir de cette augufte confécration ? Les plus legers écarts, pardonnables dans les autres, ne feroient-ils pas honteux pour vous? & ne vous reprocheroient-ils pas, non feulement votre inconftance, mais votre peu de difcernement, & un défaut de noblesse & de dignité qui ne convient point à votre état ?

2. JESUS CHRIST cloué pour nous à la croix, n'eft il pas un affez grand objet pour nous occuper toute notre vie? Notre amour égalera-t-il jamais le fien? Nous donneronsnous jamais à lui d'une maniere auffi pleine & auffi parfaite, que celle dont il s'eft livré pour nous? Eft-il defcendu de fa croix, pour mettre quelque intervalle dans fes fouffrances & dans l'affaire de notre falut? Nous a-t-il oubliez un moment depuis fon incarnation jusqu'à fa mort? Son image, qui nous le repréfente immobile fur le bois, perfeverant dans la priere, plus cloué par fon amour que par le fer qui l'y tient attaché, n'eft-elle pas pour nous une preffante leçon, & le modele de notre union avec lui?

3. Notre cœur n'eft-il pas deformais fon autel? N'a-t-il pas fuccedé à la croix, pour devenir fon temple & le lieu de fon facrifice? N'est-ce pas dans ce fanctuaire fecret qu'il veut le continuer ? Et y auroit-il rien de plus étrange que l'oppofition qu'il y auroit entre J. C. immolé dans notre cœur à fon Pere pour nous, & notre même cœur indifferent, ou

diftrait, ou peu touché d'un tel facrifice? CHAP. VIII. Totus vobis fixus fit in corde, qui pro vobis fixus eft in cruce.

4. C'étoit à des vierges que faint Auguftin parloit ainfi. Mais fes paroles conviennent encore mieux à des miniftres de J. C. qui ont joint la pureté des vierges à l'augufte fontion d'immoler l'agneau qui eft l'époux des vierges, ou de contribuer felon leurs ordres & leur rang à fon immolation. Ils ont, comme les vierges, le cœur libre de tout foin & de tout engagement. Ils ont, comme elles, le privilege d'être difpenfez de tout ce qui tient les autres hommes courbez vers la terre. Ils peuvent & ils doivent, comme elles, referver pour J, C. feul ce qu'ils refusent à des chofes qui pourroient dans un état moins parfait être regardées comme innocentes. Mais ils ont au-deffus d'elles l'honneur d'être affociez d'une maniere particuliere au facerdoce de J. C. & par confequent à fon facrifice. Ils répandent tous les jours fon fang en myftere. Ils en font tous les jours une nouvelle afperfion fur le peuple. Ils tiennent lieu. par leur miniftere de ceux qui l'ont attaché à la croix. Ils font par religion, ce que des hommes aveuglez par l'ignorance ou par l'envie ont fait avec fureur. Ce font eux qui par leurs paroles myfterieufes, & par leurs prieres, renouvellent tout ce qui s'est paffé fur le Calvaire; & c'eft plus à eux qu'à qui que ce foit qu'on doit dire: Vobis liberum eft cor, vobis parum amare non licet. Totus vobis fixus fit in corde, qui pro vobis fixus eft in

Frace.

CHAP. VIII

II. CARACTERE

De notre amour pour JESUS-CHRIST.
Il doit être fécond en bonnes

œuvres.

§. 1. Un amour fans bornes, tel qu'on l'a expliqué ci-devant, a toutes les qualitez d'un amour parfait. Mais il s'agit de connoître à des marques certaines fi notre amour est tel, & quel progrès nous y faifons.

I. PRE's avoir montré

APRE

que l'amour que nous devons à Dieu & à J. C. doit étre fans bornes, il ne feroit pas néceffaire de paffer à fes autres caracteres car ils font tous renfermez dans le premier; & un amour qui remplit, autant qu'il eft poffible, toute l'étendue du cœur, qui eft le principe de toutes les pensées & de tous les defirs, qui tourne l'ame entiere & fes puiffances vers fon unique objet, a toutes les qualitez de la charité, en accomplit tous les devoirs, & rend fa prefence & fon activité fenfibles par des témoignages qui ne peuvent être ni douteux, ni fufpects. Un amour fincere eft néceffairement agiffant. Da mihi vacantem amorem, & nihil operantem, difoit faint Augustin: un amour fans effet & fans verité. Quand il eft réel, il eft à l'égard de l'ame un poids qui la pouffe, & qui l'agite, & qui ne lui laisse

de

de repos, qu'en l'attachant à son objet, qu'en CHAP. VIII. l'y fixant, & qu'en rendant ainfi fa fituation ferme & tranquille ce que faint Auguftin explique par l'exemple des corps qui font fituez par leur poids, & qui font en mouvement, jufqu'à ce qu'ils foient arrivez au lieu où leur pefanteur les détermine. Ponderibus L. 13. Conf. fuis aguntur, loca fua petunt. Minùs ordi- c. 9.n, z. nata, inquieta junt: e dinantur, & quiefsunt. Pondus meum, amor meus: eò feror, quocumque feror. Si cela eft vrai de tout amour dominant, combien l'eft-il davantage d'un amour qui remplit tout le cœur, & qui en exclud tout autre amour ?

en

2. Mais il ne s'agit pas ici fimplement de marquer les caracteres d'un tel amour, fuppofant qu'il eft auffi plein & auffi parfait qu'il doit l'être. Notre deffein principal eft d'étudier ces caracteres, pour difcerner quel eft l'amour qui nous domine, quel progrès nous faifons dans celui que nous devons à Dieu & à J. C. fon Fils; quels témoignages nous pouvons nous rendre qu'il eft en nous jufqu'a certain degré, & quels moyens nous devons employer pour le rendre plus pars plus agiffant, plus conforme à l'amour dont J. C. nous a aimez. Il eft aifé de penfer qu'on aime, & de le dire. Les penfées & les paroles coûtent peu. Elles peuvent fouvent tromper; & ce langage de l'efprit & de la bouche n'eft pas toujours accompagné de celui du cœur, qui le défavoue quelquefois en fecret & qui dans une occafion décifive le dément d'une maniere publique.

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