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CHAP. VI. fufer la penitence & la juftice dont elle eft la fource.

3. Si nous étions convertis de telle forte que nous fuffions fixez dans le bien, & que notre juftice & notre perfeverance fuffent inféparables, il nous fuffiroit d'avoir vaincu une fois le démon par la victoire même de J. C. & nous pourrions demeurer tranquilles par l'affurance de n'avoir plus d'ennemis, cu de n'être plus dans l'obligation de les com18, 109. battre. Mais nous portons, comme dit l'Ecriture, notre ame dans nos mains, c'est-àdire, que notre vie eft exposée à de contitinuels dangers. Ce qui nous refte de cupidité, quoique la charité foit dominante, entretient toujours malgré nous une fecrette liaifon avec l'efprit impur qui en eft le pere; & fans une grande vigilance, ce refte de malignité & de poifon eft toujours préparé à Le gliffer dans le cœur, & à y introduire le ferpent qui nous en a infectez. Il faut qu'à chaque tentation, ou plûtôt à chaque moment, puifqu'il n'y en a aucun qui en foit à couvert, J. C. écrafe fatan fous nos pieds, felon cette priere de faint Paul pour les RoRam. 16. 20. mains & pour tous les fidéles: Deus pacis conterat fatanam fub pedibus veftris velociter. Il lui a écrafé la tête une fois en mourant pour nous. Mais il faut qu'il la lui écrafe fouvent fous nos pieds, pour nous communiquer le fruit de fa victoire. Nos pieds foibles & chancelans ne reffemblent à ceux de notre Libérateur ; ils n'ont pas eux-même aucune vertu ; il faut que J. C. les applique & les affermiffe. Il faut que ce foit lui qui s'en ferve, comme d'inftrumens

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Pour brifer la tête de fatan. Et comme il a CHAP. VI. refolu d'oppofer à ce cruel ennemi notre foibleffe, fans vouloir nous en délivrer parfaitement avant la mort, il nous laiffe dans un continuel péril, & avec le befoin d'un continuel fecours, afin de nous tenir dans l'humilité, & de confondre l'orgueil de fatan dont un homme foible, mortel, fujet à la cupidité, environné de tentations & de dangers, & tombant même dans des fautes legeres, triomphe pendant le cours de plufieurs années par une grace qui ne laiffe pas d'être victorieuse au milieu de tant d'infirmitez.' 4. Cet état incertain & douteux qui nous cache le terme de notre vie, en ne nous permettant que d'efperer la perfeverance, fans nous donner fur ce point une entiere certitude, entretient dans notre ennemi une perfeverance infatigable à nous attaquer. Car il fçait par une longue experience que les commencemens ne décident rien, & qu'il en eft de la plupart des juftes, comme des arbres qui fe couvrent de fleurs au printems, mais à qui mille accidens peuvent ôter tout le fruit. Il craint à la verité une grande foi & une grande humilité; mais il a vû tant d'exemples qui le raffurent contre la durée de ces vertus, qu'il ne ceffe de les attaquer, & qu'il eft même plein d'efperance de les affoiblir. Il reffemble à ces ennemis publics à qui l'on donne le nom de pirates, qui ne cherchent & qui n'attaquent que les vaiffeaux richement chargez. C'eft le tréfor d'autrui qui l'enfâme. C'eft le defir de le ravir qui le rend plus ardent à le pourfuivre. Il néglige une vertu commune, dont il croit qu'il fe rendra le mattre quand il voudra. Mais il regarde, fe

CHAP. VI. lon la pensée de S.Chryfoftome, comme un défi la profeffion ouverte d'une vie plus parfaite & plus fublime. Et fon envie contre l'homme le brûle & le dévore, quand il voit jufqu'où la grace de J. C. éleve celui qu'il avoit vaincu. 5. Ceux qui font à lui par l infidelité, par l'herefie & le fchifme, & par l'impenitence, ne le confolent point de la perte qu'il fait de ceux qui vivent dans l'innocence, ou qui fe convertiffent. Quand les élùs feroient réduits à un nombre encore plus petit, ou même quand il n'y auroit qu'un feul élû qui parvînt au falut, cet unique élû le mettroit au défefpoir, & il feroit incon olable de voir remplir par un autre la place dont il est déchû Il faudroit pour contenter fa haine & fon envie contre l'homme, qu'aucun ne lui fût enlevé, qu'aucun ne fut ni moins injuste, ni moins malheureux que lui. Et c'est pour cela qu'il eft auffi tourmenté par la pieté & par la vertu d'un feul particulier, que s'il sagiffoit pour lui d'une perte generale, & qu'il travaille à le pervertir avec autant d'effort & d'affiduité, que fi fon bonheur dépendoit de la chute de ce feul jufte. Quia al illis S. Lea. ferm. bonis damones. exciderunt, dit un grand Pape, noftris justificationibus tarquentur... Remedia noftra, plaga illorum funt, quia curatione noftrorum vulnerum vulnerantur.

1. de Qudrag. n. 4.

6. Les tentations en divers tems fon differentes, mais le tentatcur eft le même. Il y en a de generales, il y en a de particulieres, & les unes & les autres peuvent être plus. cachées, ou plus vifibles, plus féduifantes ou plus capables d'intimider. Mais c'eft toujours le mên e ennemi qui agit ou en ferpent, ou en lion. Ceft toujours la même haine qui le

35. n. 4.

fait agir ou avec artifice, ou avec fureur: CHAP. VIJ Non depofuit odium, fed vertit ingenium. S. Leo. ferm. La paix même & la tranquillité où nous vi- S. Leo. ferm. vons a fes dangers. Habet pax noftra pericula Jua. Et nous ne devons point efperer de veritable vertu fans refiftance & fans combat. Nulla funt fine tentationum experimentis ope- Id. ferm. di ra virtutis, nulla fine probationibus fides, " 3° nullum fine hofte certamen, nulla fine congreffione victoria. Vita hac noftra in medio anfidiarum, in medio praliorum eft. Notre fureté confifte uniquement à demeurer unis à J. C. à ne point nous éloigner de fa croix, à combattre fous fa protection & fous fon étendart, à le prier avec inftance de fe fervir de nous pour vaincre celui qui n'eft notre ennemi, que parce qu'il eft le fien, & à tout efperer de la puiffance de la grace, & rien de notre foibleffe.

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CHAPITRE VII.

Où l'on explique ces paroles de faint Paul aux Ephefiens; » Maintenant (ô Gentils) vous êtes en Jesus» CHRIST. Vous qui étiez autre» fois éloignez de Dieu, vous êtes » devenus proche de lui par le fang

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» de JESUS-CHRIST; car c'eft lui » qui eft notre paix : qui de deux peuples n'en a fait qu'un ; qui a rompu en fa chair la muraille de feparation, l'inimitié qui les di» vifoit ; & qui a aboli la loi dont les Commandemens * confif» toient en decrets (ou fimples or» donnances) afin de former en foimême un feul homme nouveau » de ces deux peuples, en mettant » la paix entr'eux; & que les aiant » réunis en un feul corps, il les

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( * ) On peut voir ailla pensée de saint Paul: leurs ce qui a été dit au j'ai propofé au même lieu fujet d'une verfion, où trois interprétations qui Pon traduit: qui a aboli ont le même fens que celpar fa doctrine la loi le que je fuis maintenant; chargée de tant de précep- mais cette derniere me tes, & les preuves qui paroît plus claire & plus démontrent que cette ver- fimple. fion n'eft pas conforme à

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