Quel chagrin! Écoutons; c'est en vain. Me fait souffrir! De ce côteau, regardons dans la plaine; Toi, si jeunette, Tu vas seulette! Si par malheur on t'attend, on te guette!.... Ah! que l'attente M'impatiente Et me tourmente ! Pour le coup la voilà, je n'ai plus de souci. ANNETTE chante. Elle voit une fauvette, Elle veut courir après. LUBIN, continuant de travailler, récite. Allons, allons, Lubin, dépêche. ANNETTE chante. Le pied glisse à la pauvrette, LUBIN recule. Puisons un peu de cette eau fraîche. ANNETTE chante. Qu'aller dire à Simonette? Elle avait cassé ses œufs. LUBIN. Le bouquet que j'ai fait, où donc ? Ah! le voici.' ANNETTE. Si bien que la mère Jeanne La petite Guillemette Au marché portait ses œufs ; La voilà déjà fermière, La voilà qui devient fière Me voilà, je suis hors d'haleine. LUBIN. Tu m'as causé bien de la peine. ANNETTE. J'ai tant couru; vois donc comme le cœur me bat. LUBIN. Te voilà dans un bel état! Morguenne aussi, pourquoi venir si vite? ANNETTE. Je vais plus doucement, Lubin, quand je te quitte. LUBIN. Laisse-moi te gronder; tais-toi. ANNETTE. Gronde, si tu le peux, LUBIN, lui essuyant le visage. Ah! la pauvre petite! Ah! comme elle a chaud! ANNETTE. Eh bien? LUBIN. Quoi ? ANNETTE, souriant. Gronde douc. LUBIN, l'embrassant. Voilà pour t'apprendre A venir te moquer de moi. ANNETTE. Je serais fille à te le rendre. LUBIN. Tu n'iras plus si vite? ANNETTE. Non; Je te demande bien pardon De n'être pas plus tôt venue. LUBIN. Bon! te voilà bien corrigée. ANNETTE, regardant la cabane. Eh! mais! Mais quel objet frappe ma vue! LUBIN. Pour toi cette cabane est faite tout exprès. Et ces jours ménagés exprès vers la prairie, ANNETTE. AIR: Vous y perdez vos pas. Pour orner ma retraite, Tes soins n'épargnent rien; Avec toi ton Annette Se trouve toujours bien. La chaleur, la froidure, Tout ça n'est rien pour moi, Opéras-Com. en vers. 2. 2 Le seul mal que j'endure C'est d'être loin de toi. LUBIN. Rien n'annonce ici la grandeur : Mais j'y retrouve Annette, Annette et le bonheur. ANNETTE. AIR: Votre toutou vous flatte. Rien ne nous est contraire. LUBIN. Nous sommes satisfaits. ANNETTE. De la nature entière Nous goûtons les bienfaits. LUBIN. Ma chère ! ENSEMBLE. La lumière et l'air sont à nous; ANNETTE. Toutes ces maisons magnifiques Qu'à la ville on trouve partout, Ces feuillages nouveaux sont bien plus de mon goût, Où l'on ne voit le bonheur qu'en peinture. LUBIN. Les grands ne sont heureux qu'en nous contrefesant; Ne leur paraît un spectacle amusant Qu'autant qu'elle rend bien nos champs, notre verdure, |