ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

Quel chagrin!

Écoutons; c'est en vain.
Ah! ah! que l'attente
M'impatiente,
Ah! que l'attente

Me fait souffrir!

De ce côteau, regardons dans la plaine;
Je ne vois rien, tout redouble ma peine.
Ma chère Annette,

Toi, si jeunette,

Tu vas seulette!

Si par malheur on t'attend, on te guette!....
Ah! ma chère Annette,

Ah! que l'attente

M'impatiente

Et me tourmente !
Ah! que l'attente
Me fait souffrir!
Annette absente
Me fait mourir,
Me fait mourir.

[blocks in formation]

Pour le coup la voilà, je n'ai plus de souci.

[graphic]

ANNETTE chante.

Elle voit une fauvette,

Elle veut courir après.

LUBIN,

continuant de travailler, récite.

Allons, allons, Lubin, dépêche.

ANNETTE chante.

Le pied glisse à la pauvrette,
Tout d'son long la v'là sur l'pré.

LUBIN recule.

Puisons un peu de cette eau fraîche.

ANNETTE chante.

Qu'aller dire à Simonette?

Elle avait cassé ses œufs.

LUBIN.

Le bouquet que j'ai fait, où donc ? Ah! le voici.'

ANNETTE.

Si bien que la mère Jeanne
Qui trouvait l'prunier trop haut
Grimpit d'bout dessus son âne,
Et sur l'arbre n'fit qu'un saut;
V'la-t-il pas qu'la branche casse?
L'âne a peur, adieu, bonsoir;
Jeanne tombe avec la branche;
Dam', pourquoi se laisser choir?

La petite Guillemette

Au marché portait ses œufs ;
Sur son gain elle projette
D'avoir une vache ou deux.
Une vigne elle s'achète
Avec le produit du lait ;
Ensuite une maisonnette;
Un projet est bientôt fait.

La voilà déjà fermière,
Son bien elle fait valoir;

La voilà qui devient fière
Du sort qu'elle doit avoir;
Elle saute d'allégresse;
Mais un caillou la fait choir,
OEufs cassés, adieu richesse;
Ne comptons point sur l'espoir.

Me voilà, je suis hors d'haleine.

LUBIN.

Tu m'as causé bien de la peine.

ANNETTE.

J'ai tant couru; vois donc comme le cœur me bat.

LUBIN.

Te voilà dans un bel état!

Morguenne aussi, pourquoi venir si vite?

ANNETTE.

Je vais plus doucement, Lubin, quand je te quitte.

LUBIN.

Laisse-moi te gronder; tais-toi.

ANNETTE.

Gronde, si tu le peux,

LUBIN, lui essuyant le visage.

Ah! la pauvre petite!

Ah! comme elle a chaud!

ANNETTE.

Eh bien?

LUBIN.

Quoi ?

ANNETTE, souriant.

Gronde douc.

[ocr errors]

LUBIN, l'embrassant.

Voilà pour t'apprendre

A venir te moquer de moi.

ANNETTE.

Je serais fille à te le rendre.

LUBIN.

Tu n'iras plus si vite?

ANNETTE.

Non;

Je te demande bien pardon

De n'être pas plus tôt venue.

LUBIN.

Bon! te voilà bien corrigée.

ANNETTE, regardant la cabane.

Eh! mais!

Mais quel objet frappe ma vue!

LUBIN.

Pour toi cette cabane est faite tout exprès.
Du côté du midi, vois comme elle est garnie ;
C'est pour te garantir ou du soleil trop fort,
Ou des injures de la pluie ;

Et ces jours ménagés exprès vers la prairie,
Nous donnent la fraîcheur du nord.

ANNETTE.

AIR: Vous y perdez vos pas.

Pour orner ma retraite,

Tes soins n'épargnent rien;

Avec toi ton Annette

Se trouve toujours bien.

La chaleur, la froidure,

Tout ça n'est rien pour moi,

Opéras-Com. en vers. 2.

2

Le seul mal que j'endure

C'est d'être loin de toi.

LUBIN.

Rien n'annonce ici la grandeur :

Mais j'y retrouve Annette, Annette et le bonheur.

ANNETTE.

AIR: Votre toutou vous flatte.

Rien ne nous est contraire.

LUBIN.

Nous sommes satisfaits.

ANNETTE.

De la nature entière

Nous goûtons les bienfaits.

LUBIN.

Ma chère !

ENSEMBLE.

La lumière et l'air sont à nous;
Nos cœurs sont purs, nos jours sont doux.

ANNETTE.

Toutes ces maisons magnifiques

Qu'à la ville on trouve partout,
Ne valent pas nos toits rustiques.

Ces feuillages nouveaux sont bien plus de mon goût,
Que ces planchers pleins de dorure,

Où l'on ne voit le bonheur qu'en peinture.

LUBIN.

Les grands ne sont heureux qu'en nous contrefesant;
Chez eux la plus riche tenture

Ne leur paraît un spectacle amusant

Qu'autant qu'elle rend bien nos champs, notre verdure,

« ÀÌÀü°è¼Ó »