Marton, en l'accusant, voulait qu'on lui fit grâce. Qui ne la ferait point à ce preux chevalier? Jeunesse est une excuse; on doit tout oublier. ROBERT. Que ne vous dois-je pas, ma bonne et chère amie? BERTHE. Apprenez-moi par quel moyen Elle a pu du péril garantir votre vie? LA VIEILLE. Je vais vous dire tout et sans supercherie; Qui de ce chevalier causait le désespoir, Je m'en suis approchée exprès pour le mieux voir. Un beau chevalier dont les jours BERTHE. Qu'avez-vous à répondre à ce beau plaidoyer? ROBERT. La vieille en cet instant vient de dire à la lettre L'exacte et simple vérité; Quand je saurai quelle est sa volonté, Ma gloire et mon devoir seront de m'y soumettre. LA VIEILLE. Eh bien done! réjouissez-vous, Mon doux ami, vous serez mon époux. Quelle horreur! ROBERT. LA VIEILLE. Cette épithalame N'est pas fade, mais vous verrez Qu'avec le tems vous m'aimerez. Prenez donc par la main votre petite femme. ROBERT. Sur cet affreux objet jeter un seul regard! BERTHE. Bonne mère, à vos droits la cour ayant égard, ROBERT, en sortant. O ciel à quel malheur me trouvé-je réduit! LA VIEILLE, en le suivant. Tu n'échapperas pas; va, ta vieille te suit. BERTHE. C'en est assez, terminons la séance, Et de nos Provençaux que la fête commence. DIVERTISSEMENT DES PROVENÇAUX. (Pendant le divertissement, on voit Robert traverser le théâtre comme un homme troublé. Un groupe de jeunes filles l'entoure pour le dérober aux yeux de la vieille, qui parait en même tems, et interrompt la fête par la romance qui suit.) Noble franchisè et loyauté. Est sur son teint, Et dans son cœur est l'honneur même ; L'avez-vous vu, mon bien-aimé ? Il a ravi mon ame. Mon tendre cœur s'est ranimé, Pourquoi ces ris C'est ce qui me console; Oui, je m'en vais: Il est Français, Il tiendra sa parole. (A ce mot, Robert s'avance vers la vieille, lui présente la main, et se retire avec elle.) La fête continue. FIN DU TROISIÈME ACTE. ACTE QUATRIÈME. Le théâtre représente l'intérieur d'une pauvre chaumière. On voit, d'un côté, une vieille table à demi rompue, quelques escabeaux délabrés, et, dans le fond, un grabat entouré d'un mauvais rideau. SCÈNE I. ROBERT, LA HIRE, (Robert est au bout de la table, la tête appuyée sur ses deux mains.) LAHIRE. CETTE maison n'est ni riche ni vaste, Et notre vieille ne doit pas ROBERT. Quelle est ma destinée, hélas! LA HIRE. Je ne vous trouve point à plaindre. Beaucoup de jeunes gens envîraient votre sort. Devient la demeure d'un roi ; Une lampe est un lustre éclatant de lumière : |