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(Haut, avec sentiment.)

On peut avoir pour vous l'amitié la plus grande.

LA VIEILLE.

Eh! mon enfant, voilà tout ce que je demande..
Dans l'âge de l'amour sait-on en profiter?
Le plaisir à nos yeux brille pour disparaître ;
On dissipe le tems souvent sans le connaître,
Quand on s'en aperçoit on ne peut l'arrêter :
L'âge de l'amitié, c'est l'âge où l'on moissonne;
C'est l'age d'un bonheur qui ne peut nous quitter.
Le tems augmente encor les présens qu'elle donne,
Et sans cesse on jouit au lieu de regretter.

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Votre Marton vous trouble la cervelle;

Vous voudriez lui consacrer vos jours. .
Si j'étais jeune et jolie autant qu'elle,

Vous feriez le serment de m'adorer toujours.

ROBERT.

Ah oui, toujours, toujours!

LA VIEILLE.

Oui, mais si quelque orage

Flétrissait, détruisait la fleur de mon printers;

Si j'essuyais des ans l'infaillible ravage,

Que deviendraient tous vos sermens?

ROBERT.

'Alors...

LA VIEILLE.

Brûleriez-vous du feu qui vous possède ?

Et scrupuleusement garderiez-vous la foi

'A Marton, devenue aussi vieille, aussi laide
Que je le suis? Regardez-moi.

ROBERT la regarde, et détonrne les yeux aussitôt.
Cette épreuve serait terrible...

Si Marton devenait... La chose est impossible.

LA VIEILLE.

'Ah! j'entends; pour vos feux l'écueil serait fatal.
Voilà ce chevalier généreux et loyal
Devenu parjure et volage.

ROBERT.

Eh!....

LA VIEILLE.

Votre gloire en souffrirait;

Mais, si vous me rendiez hommage, Songez à tout l'honneur que cela vous ferait.

Il est vrai; mais....

ROBERT.

LA VIEILLE.

Toutes les bonnes dames

Qui de la reine Berthe embellissent la cour, Graveraient votre nom dans le fond de leurs ames, Placeraient votre buste au temple de l'Amour. Votre fidélité, célébrée et chérie

Annoncerait en tous pays

Le modèle parfait de la chevalerie.

Hem! m'entendez-vous, mon cher fils?

ROBERT, se levant.

'Ah! ma bonne, pourquoi me forcer à vous dire Que Marton sur mon cœur conservé son empire? Pour attaquer mes jours, je sais ce qu'elle a fait,

Mais malgré sa trame cruelle,

Son ascendant l'emporte et triomphe toujours;

Vous avez conservé mes jours,

Je ne les chéris que pour elle.

LA VIEILLE.

C'en est trop, je ne puis endurer tes mépris.
Je pourrais te citer au tribunal de Berthe;
De ta déloyauté tu recevrais le prix;

Mais j'aime mieux mourir que de causer ta perte.

ROBERT.

Non, vos jours me sont chers;

mais songez...

Laisse-moi.

LA VIEILLE.

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(Elle va s'asseoir sur le grabat.)

Ne me suis pas, va, je te rends ta foi;

Applaudis-toi de ton ouvrage.

Je cède à mon destin affreux;

Je m'affaiblis...; la mort vient obscurcir mes yeux.

ROBERT.

Tous mes sens sont émus de cette triste image.

LA VIEILLE.

Tu ne reverras plus ta bonne vieille, hélas !
Elle souhaite, au lieu de venger son trépas,
Qu'une autre t'aime davantage.

ROBERT.

Qu'entends-je?

LA VIEILLE.

Gardez-vous de le punir, grands Dicux!

Il termine mes jours, rendez les siens heureux.
Adieu; cruel, adieu : j'expire et je t'adore,
Lorsque tu me perces le cœur.

Dans mes derniers momens, j'ai la faiblesse encore
De craindre que ma mort ne te porte malheur.

(La vieille fait tomber le rideau pour se cacher aux yeux de Robert.)

ROBERT.

Vivez, vivez, ma respectable bonne,
La perte de vos jours causerait mon trépas.
Disposez de mon sort... Marton que j'abandonne...
La pitié, le devoir, l'honneur, tout me l'ordonne;
Oui, je jure...

LA VIEILLE.

N'achevez pas.

(Le théâtre change au bruit du tonnerre; la chaumière est transformée en un palais magnifique, et la fée Urgèle paraît sur un trône brillant, environnée des nymphes de sa suite.

SCÈNE IV.

ROBERT, LA FÉE URGÈLE, sous les traits de Marton, ROBINETTE, NYMPHES de la suite d'Urgèle.

ROBERT.

O CIEL! quel éclat m'environne !

LA FÉE URGÈLE.

Fidele amant, soyez heureux.

Mon cœur est satisfait de votre obéissance;
Vous avez rempli tous mes vœux;
Venez partager ma puissance.

Fidèle amant, soyez heureux, elc.

ROBERT.

Que vois-je! c'est Marton! O Dieu! par quel prodige?

SCÈNE V.

ROBERT, LA FÉÉ URGÈLE, ROBINETTE, LA HIRE, CHEVALIERS ERRANS, amis de Robert, NYMPHES de la suite d'Urgèle.

LA HIRE.

J'AMÈNE ici vos chevaliers... Où suis-je ?

LA FÉE URGÈLE, à Robert.

J'ai trop joui de ton erreur.

La vieille était Marton, et Marton est Urgèle:
Des braves chevaliers, protectrice fidèle,
Depuis long-tems j'admirais ta valeur,
Et je sentis bientôt qu'en admirant on aime.
Sous des traits différens, quand j'éprouvais ton cœur,
En te cachant mon rang et ma grandeur,
Je voulais ne devoir ton amour qu'à moi-même.

LA HIRE.

Ce n'est pas jouer de malheur.

ROBERT.

Vous avez commencé par me paraître aimable,
Et mes feux sont plus forts que mon ambition;
A mes regards surpris la Fée est respectable:
Mais je suis plus content de retrouver Marton.
LA FÉE URGÈLE.

A la beauté tout rend les armes;

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