Et j'en respecte les trésors: 'Aucun plaisir ne peut en compenser la perte. DOLIVAL. Tout en courant la poste, observant le pays (C'est à quoi je prends toujours garde), Je n'ai pas découvert une seule perdrix : Il ne s'est pas offert à mes yeux un seul garde. CANDOR. Mes gardes sont mes habitans. DOLIVAL. Ah! mon pauvre oncle, je parie Qu'à braconner la terre, ils passent tout leur tems. CANDOR. Cela se peut; mais ma table est servie. DOLIVAL. Mais vous n'avez donc pas le plaisir de tuer? Pan, pan, le coup du roi. Pendant un jour entier Cent pièces de gibier; Un faisan, vingt perdereaux, Dix levrauts. Une caille, elle est morte. Pendant un jour entier, etc. CANDOR. Mon cher neveu, je te plains et je t'aime ; Plus délicat que toi, je jouis de moi-même. DOLIVAL. Mais, mais enfin quand on s'ennuie.... Mon cher oncle, avez-vous de la société ? CANDOR, montrant ses moissonneurs. Mon ami, la voilà. DOLIVAL. Mais, mais, en vérité, Cela fait bonne compagnie. CANDOR. Oui, très-bonne, et j'en fais grand cas. Nous devons notre vie aux efforts de leurs bras. Cette espèce que tu méprises, Est victime des gens qui ne servent à rien. Ferment vos cœurs, les endurcissent. Les oisifs sont heureux, les travailleurs gémissent. Ils cultivent la terre, et vous la surchargez. DOLIVAL, à part. Mon oncle a de vieux préjugés. (Haut.) Comme vous voilà fait, mon oncle! La décence CANDOR. J'ai l'honneur d'en être un je fais valoir ma ferme, Et je me livre tout entier 'Aux détails infinis que cet emploi renferme : Je tire vanité de l'habit du métier. C'est bon pour le soleil, la pluie et la poussière. DOLIVAL. Vous êtes presque mis comme vos habitans. CANDOR. Eh! mais, sans doute. Il n'est pas nécessaire Qu'un seigneur qui n'est qu'un bon père, DOLIVAL. Votre maison a l'air d'une caserne : Comment! depuis un an vous n'avez rien changé ! Je veux vous amener l'architecte que j'ai : CANDOR. Un architecte fait aux anciens bâtimens A force d'y toucher, il hâte leur ruine. Je veux, comme mon cœur, qu'elle soit à l'antique. DOLIVAL. Mon oncle, cependant si vous vouliez comprendre.... CANDOR. Mon tems est précieux; je le perds à t'entendre; Prends mes furets je te ferai conduire Sur tous les terriers les meilleurs. Les lapins mangent tout, tâche de les détruire; DOLIVAL, apercevant Rosine qui glane. Je suis dans un ravissement.... Plus que jamais.... CANDOR. Hem! que dis-tu? Comment ? DOLIVAL. La chasse.... CANDOR Cours où le plaisir t'appelle. DOLIVAL. Vous êtes à présent dans de grands embarras ; Je vais de mon côté..... CANDOR. Soit. Comme tu voudras. DOLIVAL. Abordons-la, tandis que rien ne m'en empêche. (I joint Rosine, et ramasse des épis qu'il lui présente, Rosine s'éloigne de lui avec précipitation; Dolival la suit.) SCÈNE VI. CANDOR, LE VIEILLARD, RUSTAUT. CANDOR, à part. IL ne s'occupera que de frivolités... |