Le sommeil affermit la trame Sur ce gazon, près de cette fontaine, Qui n'a jamais connu le travail et la peine, (Il s'endort sur le gazon.) SCÈNE VII. CANDOR, endormi; ROSINE, avec un faisceau d'épis sur sa tête. ROSINE. ARIETTE. MA démarche est légère, Le plaisir dans mon cœur. Que vois-je? Ici monsieur Candor repose, Puisse un calme si doux, toujours le délassant, Le pauvre n'a d'autre richesse Que les jours prolongés de l'homme bienfesant. (Elle place autour de Candor les branches qu'elle a Voyons s'il peut en tirer avantage. Le soleil est dans sa hauteur, Et ses rayons, par dessus ce feuillage, Je vais en modérer l'ardeur. (Elle détache son mouchoir de cou et l'étend sur les Candor.) CANDOR, en dormant Rosine, Rosine! Ah! je l'ai réveillé. ROSINE. Il me nomme. (Elle se sauve, et va se cacher contre la porte de la chaumière, en avançant la tête de tems en tems, pour voir si Candor n'est pas fâché qu'on ait interrompu son sommeil.) CANDOR, se lève sur son séant. M'est venu tirer de mon somme. Il est fâché. ROSINE. CANDOR. J'aurais moins dormi cette nuit ; On m'a rendu service. ROSINE. Ah! que j'en suis émue! CANDOR. Je rêvais, je sentais mon ame suspendue Entre les restes du sommeil, Et l'instant qui touche au réveil ; Je distinguais les sons de sa voix ingénue. Je ne me trompe pas... quel serait son dessein? ROSINE. Il approche, rentrons. (Rosine, ouvrant la porte, aperçoit Dolival, et fuit tout effrayée.) Ciel! un homme chez nous! DOLIVAL. Rosine, pourquoi fuyez-vous? CAND OR. Que vois-je, ô funeste lumière! Dolival, imprudent, caché dans la chaumière!... (Elle revient tremblante.) ROSINE. Ah! Monsieur!... Monseigneur!... (Elle court, tout épouvantée, à l'autre coin du théâtre. Candor la suit. Dolival qui poursuit toujours Rosine, aperçoit Candor qui a le dos tourné, et rebrousse chemin.) ROSINE. C'est pour cela. Qu'il devrait de son oncle imiter la conduite. De m'excuser, si j'ai troublé votre sommeil. Que pour vous garantir des ardeurs du soleil. CANDOR. Le voilà; mais, ma fille, Quel intérêt (parlez de bonne foi, Comme si vous étiez de ma propre famille,) Vous engageait à prendre autant de soin de moi ? ROSINE. Eh! quelle ame assez dure, assez dénaturée, Ne prendrait pas à vous le plus tendre intérêt ?, |