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GENNEVOTE.

Eh! ce sont eux qui, dans ce cas, Doivent rougir d'avoir des parens riches.

CANDOR.

Rosine leur eût fait honneur,

Au lieu de leur être importune.

GENNEVOTE.

Rosine m'a suivie au sein de l'infortune;

Dans mes chagrins cuisans elle a fait mon bonheur.

CANDOR.

Mais Melincour était le neveu de mon père.

GENNEVOTE.

Je le sais bien, Monsieur.

CANDOR.

A quelle intention

M'avez-vous donc fait un mystère

De votre situation?

GENNEVOTE, timidement.

Monsieur, j'ai cru le devoir faire. J'ai su qu'un long procès vous avait désunis. Ces débats d'intérêts, quand même ils sont finis, Conservent encore une chaîne,

Et nourrissent long-tems les germes de la haine.

CANDOR, se levant.

Voilà le triste fruit des procès de parens..

GENNEVOTE.

Des cœurs nobles et hauts qui sont dans la misère, Imaginent toujours d'autres expédiens

Que d'aller mendier le bien qu'on peut leur faire..

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'Ah! des secours forcés sont bien humilians!

CANDOR.

Vous avez mal connu mon caractère.

Je veux,

en la dotant, lui donner un époux.

GENNEVOTE.

Monsieur, nous vous pourrions attirer des reproches,
En recevant tant de bienfaits de vous..
Vous avez des parens moins éloignés que nous.

CANDOR.

Les plus infortunés sont toujours les plus proches.

GENNEVOTE.

Mon cœur est pénétré de tous vos sentimens.
Cette chère Rosine; eh bien! je vous la rends.
La séparation me paraîtra cruelle;

Mais volontiers je me sacrifirai.
Vous la rendrez heureuse; alors je le serai.

CANDOR.

Non, non, vous vivrez avec elle.

Je conçois un projet, et je l'établirai.

Mon neveu... Je le vois, éloignez-vous, de grâce;
Je veux sonder son cœur, savoir ce qui s'y passe;
Amenez-moi Rosine, alors je vous dirai....

(Il reconduit Gennevote en lui parlant bas.)

SCÈNE XII.

DOLIVAL, seul,

L'ENTREPRISE est hardie; il faut payer d'audace...

Tandis qu'on va saisir l'occasion,

Je reste ici pour ôter tout soupçon..

SCÈNE XIII.

CANDOR, DOLIVAL.

CANDOR.

COMMENT! tu n'es pas à la chasse?

DOLIVAL.

Bon! vous n'avez qu'un chien, que voulez-vous qu'on fasse ?

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Il est vrai que tantôt, par la chaleur cruelle,
Consumé, lassé, désœuvré,

J'ai vu cette cabane ouverte,

Je l'ai trouvé totalement déserte;

Sans conséquence alors j'y suis entré.

Voilà tout.

CANDOR.

Voilà tout; et pour qui pouvait être

Une bourse remise à Rustaut?

(Haut.)

DOLIVAL, à part.

Ah! le traître !

Mon cher oncle, tenez, voici la vérité;

Rosine et Gennevote... oui... je vous le confesse.
J'ai su qu'elles étaient dans la nécessité.
Je suis le chevalier des femmes qu'on délaisse.
Sans me nommer, sans me commettre en rien,
J'ai voulu leur faire du bien,

Comme vous faites, vous, sans que cela paraisse.

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CANDOR.

Le motif serait beau; mais ce n'est pas cela.
Rosine te fuyait, et tu l'as poursuivie¿
Allons, tu l'aimes?

DOLIVAL.

Mais, oui-dà.

Je suis jeune, elle est fort jolie.

A la campagne,

il faut bien s'amuser;

C'est un moment de fantaisie,

Que mon âge fait excuser.

Bon! Je n'y pense plus. Elle fait la sévère; Sans relâche obsédée; et par qui ? par sa mère.

CANDOR.

Toutes les deux pourront s'humaniser; Loin de blâmer ton feu, je veux l'autoriser. Et j'emploîrai pour toi mon éloquence.

DOLIVAL.

Vous auriez cette complaisance!

Vous pourriez me servir!

CANDOR.

Je m'y crois obligé.

Si tu peux être corrigé,

Mon ami, ce sera par un penchant honnête.
Il formera ton cœur, il mûrira ta tête.

Je le sais. J'en ai fait l'expérience, moi.

A peu de chose près, j'étais, dans ma jeunesse,
Aussi ridicule que toi.

Un amour délicat me tint lieu de sagesse,
Me fit de mes erreurs reconnaître le faux,
Et j'eus honte de mes défauts,

En n'en trouvant aucun dans ma maîtresse.

DOLIVAL.

Vous eûtes-là, mon oncle, un joli précepteur.

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Il faut donc y souscrire.

Rosine te convient, tu seras son époux.

DOLIVAL.

Moi, mon cher oncle!... y songez-vous?

CANDOR.

Je la dote... Pourquoi sourire?

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