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Ne serait occupé que de votre bonheur :
Mais la crainte de vous déplaire

L'oblige à renfermer le secret dans son cœur.

ROSINE.

Ne m'enviez point la douceur

De passer en ces lieux mes jours avec ma mère.

CANDOR.

Autant qu'à vous elle m'est chère.

(A Rosine, après un tems.)

Vous me refusez donc aussi ?

(Rosine lève les yeux sur Candor avec tendresse, les baisse.

aussitôt.)

GENNEVOTE.

Quoi! vous, Monsieur ?....

Rosine,

CANDOR.

expliquez-vous; que faut-il que j'espère?

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Que vous avez mal vu.

GENNEVOTE.

Tu dis la vérité.

DOLIVAL, confus.

Je suis puni, je l'ai bien mérité.

LE VIEILLARD.

Rosine n'a pas voulu prendre

La bourse qu'en ses mains j'étais chargé de rendre. Qu'en veut-on faire?

DOLIVAL.

Elle est pour toi.

(Le vieillard fait un mouvement de surprise.) Je puis en disposer puisqu'elle était à moi.

LE VIEILLARD.

Je vais en faire le partage

'Avec tous nos bons moissonneurs.

De vous ôter Rosine ils ont eu le courage;

Ca fait que Monseigneur la prend en mariage.

Des plaisirs d'aujourd'hui vous faites les honneurs.

RUSTAUT..

Fort bien, fort bien; c'est faire un bon usage...
Ah! le brave homme! embrassons-nous:
L'ami, nous aurons soin de vous.

DOLIVAL, à Candor.

Je vais, loin de vos yeux, mettre tout en pratique, Pour réparer ma honte et mon erreur ;

Et je ferai si bien que l'estime publique

Me rendra quelque jour mes droits sur votre cœur.

CANDOR, à Dolival qui se retire.

Tâche, tâche d'être plus sage;

Et, si dans la raison je te vois affermi,

Tu n'es que mon neveu, tu seras davantage;

Je ferai de toi mon ami.

(Le vieillard distribue l'argent de la bourse à tous les

moissonneurs.)

VAUDEVILLE.

RUSTAUT ET NICOLE.

Des biens que votre main dispense,
Qu'un heureux sort vous récompense;
Ce sont nos vœux, notre espérance.
Puissiez-vous long-tems moissonner,
Et que, dans l'extrême vieillesse,
Sans regretter votre jeunesse,
Malgré les ans le tems vous laisse
Encor le plaisir de glaner.

(Tous les moissonneurs et moissonneuses chantent en
chœur les vers suivans, qui servent de refrain au pre-
mier couplet.)

Que la vieillesse

Encor vous laisse
Long-tems le plaisir de glaner.

CANDOR.

En tout pays chacun est frère,
Et du plus au moins on diffère.
Celui que le sort nous préfère
A le bonheur de moissonner.
Qu'il vive au sein de l'abondance;
On souffrira son opulence,
S'il peut à la faible indigence
Laisser quelque chose à glaner.

ROSINE, à Gennevote.

Mon cœur jouit d'un bien suprême ;
J'aime Candor, et Candor m'aime ;
Il m'élève jusqu'à lui-même ;

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Je puis à présent moissonner.
Mais jamais ma reconnaissance
N'oublira que sa bienfesance,
Quand nous étions dans l'indigence',
Ici m'a permis de glaner.

GENNEVOTE.

Nous n'avons point l'ame asservie ;
Loin de nous la fraude et l'envie.
S'il est des fleurs dans notre vie,
On peut ici les moissonner.
Mais, parmi le fracas des villes,
Il est peu de plaisirs tranquilles ;
Dans ces champs ingrats et stériles,
On est trop heureux de glaner.

CANDOR.

Jadis le Parnasse fertile,
Etait une campagne utile ;
Dans ce tems un auteur habile
Trouvait toujours à moissonner.
Mais, hélas! la race première
N'a rien laissé pour la dernière,
Et quand on vient après Molière,
Heureux qui peut encor glaner.

(Tous les acteurs et les moissonneurs chantent en chœur au parterre les deux vers suivans.)

Notre espérance la plus chère
Est de pouvoir encor glaner.

(Les moissonneurs forment des danses, présentent des bouquets de barbeaux et de coquelicots à Candor, à Rosine et à Gennevote.)

FIN DES MOISSONNEURS.

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