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(Haut.)

Eh bien! Seigneur, puisqu'il faut m'expliquer,

Il me plaît fort.

ALCINDOR, à part et avec joie.

Dieux ! pourrait-il se faire!

(On entend un prélude de marche. )
ARSÈNE.

Quel bruit entends-je, et qu'est-ce que je vois ?

ALCINDOR.

En devez-vous concevoir des alarmes ?
C'est, à coup sûr, l'inconnu du tournois,'
Qui vient ici rendre hommage à vos charmes.

SCÈNE VIII.

ALCINDOR, ARSÈNE, ARTUR, CHEVALIERS

et DAMES.

(On apporte des faisceaux de lances brisées, des écus et des casques rompus, témoignages de la victoire remportée par l'inconnu du tournois.)

ARTUR, avec le chœur.

DE la part du vainqueur nous venons en ces lieux,
Déposer à vos pieds le prix de son courage.

Sans oser paraître à vos yeux,

Son respect, son amour, vous présentent ce gage.
S'il a votre suffrage,

Son sort est glorieux.

ARTUR, en présentant à Arsène un bracelet de diamans.

Je parle au nom d'un chevalier fidèle

Ce prix flatteur que par vous il obtient
Est un tribut qu'il offre à la plus belle.

D'un noble feu vous enflammiez son zèle,
Et, plus qu'à lui, ce don vous appartient.
ARSÈNE.

Je lui rends grâce; il a tout l'avantage.
Ce noble prix ne'st dû qu'à sa valeur.
Si j'acceptais un si brillant hommage,
On se croirait quelques droits sur mon cœur.
Que ce présent soit remis à son maître,
Et dites-lui qu'il soit bien convaincu
Que mon désir n'est pas de le connaître.
Ce chevalier, s'il eût été vaincu,
M'exposait donc à partager sa honte?
Il est vainqueur; mais s'il a prétendu
Un autre prix, c'est en vain qu'il y compte.

Oh! pour

ARTUR.

le coup, me voilà confondu !

(A Alcindor, voulant lui rendre le bracelet.) Eh bien! Seigneur, présentez donc vous-même...

ALCINDOR, le repoussant.

Tu m'as trahi!

ARSÈNE.

Ma surprise est extrême !

Comment! c'est vous, Seigneur?

ALCINDOR, à part.

(Haut.)

Je suis perdu?

J'aurais voulu vous en faire un mystère ;
Mais... malgré moi, le secret éclaté...
Ce que j'ai fait un autre eût pu le faire ;
Je ne dois pas en tirer vanité.

ARIETTE.

La beauté fait toujours voler à la victoire ;
Jusques aux cieux son triomphe est porté :
Et sans l'espoir de plaire à la beauté,
On ne connaîtrait pas tout le prix de la gloire.
(Le chœur répète les mêmes paroles.)
ALCINDOR.

Sexe charmant, sexe enchanteur!

Vous inspirez la fierté du courage :
Les talens et les arts, tout devient votre ouvrage.
Vous disposez de notre cœur..

C'est vous qui, d'un souffle de flamme,
C'est vous qui nous créez une ame.

A la nature on doit le jour;

C'est à vous que l'on doit l'amour.

(Avec le chœur.)

La beauté fait toujours voler à la victoire, etc.

ARSENE, à part.

Je vois qu'il veut me forcer à l'aimer.

(Haut.)

Je suis sensible autant que je puis l'être,
Aux sentimens que vous faites paraître.
Plus que jamais je sais vous estimer;
Mais ayez soin de supprimer vos fêtes.
On me croirait au rang de vos conquêtes;
Vous-même aussi, vous pourriez présumer...
Retenez bien ce que je vais vous dire :
Jamais l'amour n'aura sur moi d'empire;
Et, pour ne pas connaître son pouvoir,
Je ne dois plus m'exposer à vous voir.
(Elle sort. )

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SCÈNE IX.

ALCINDOR.

QUEL Sort fatal, quel charme insurmontable
Me fait aimer cet esprit intraitable!
Si j'en croyais... Modérons ce transport;
Suivons ses pas et décidons mon sort.

(Alcindor suit Arsène. Les chevaliers et les dames se retirent par un côté opposé.)

FIN DU PREMIER ACTE.

'ACTE SECOND.

SCÈNE I.

ALCINDOR, seul.

ARIETTE.

Le désespoir m'entraîne,

Il déchire mon cœur.
Amour, dont la rigueur

Appésantit ma chaîne,

Es-tu dieu du bonheur?

Non, non, tu n'es qu'un dieu de rage et de fureur.
Malheureux Alcindor,

Ton espérance est vaine;
Que puis-je faire encor
Pour soulager ma peine?
J'adore une inhumaine ;
Je n'attends que la mort ;
Pour terminer mon sort :
Je n'attends que la mort.
Le désespoir m'entraîne, etc.

SCÈNE II.

ARSÈNE, ALCINDOR.

ARSÈNE.

En quoi! Monsieur, yous n'êtes pas parti ?

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