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J'ai remarqué des mouvemens confus,
Dépit, contrainte, et vœux irrésolus.
S'il m'aime encor, je vais être vengée ;
Pour le punir de m'avoir outragée...
Pour le punir.... il ne me verra plus.

SCÈNE IV.

ARSÈNE, ALINE.

ALINE.

MA chère enfant, ton intérêt m'amène ;

Je te chéris...

ARSÈNE. (*)

Ah! ma chère marraine,

Je vous revois !

ALINE.

On vante ta beauté ;

Mais on se plaint de ta sévérité.

J'entends partout s'écrier : qu'elle est belle !
En même tems on dit : qu'elle est cruelle!
Si la sagesse est un premier devoir,

Ma belle enfant, toutes tant que nous sommes,
Nous avons tort d'éloigner trop les hommes.
Sans eux, Arsène, aurions-nous du pouvoir ?
Les hommes seuls nous élèvent des temples:
Et! pourquoi donc les mettre au désespoir ?
Je ne t'ai pas donné de tels exemples.

(*) Dans le cours de cette scène, Arsène a toujours le cœur oppressé, et s'efforce en vain de cacher son émotion.

ARSÈNE.

A parler vrai, cette foule d'amans

Fait un obstacle au bonheur de ma vie.

ALINE.

Tu me surprends: cela tient compagnie,
Et fait par fois passer de doux momens.

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Partout l'amour est un amusement.
Que te sert-il d'être jeune et jolie?

« Lasse de plaire, et ne pouvant aimer,
>> Ton cœur glacé se laisse consumer

>> Dans le chagrin de ne voir rien d'aimable. »

ARSÈNE, avec dépit.

Les hommes sont des monstres à mes yeux.
Un Alcindor... Ah! qu'il m'est odieux!

ALINE.

Qu'a-t-il donc fait pour être si coupable?

ARSÈNE.

Désirez-vous faire en effet mon bien ?

ALINE.

Je le désire, et te le jure.

Opéras-Com. en vers. 2.

20

ARSÈNE.

Eh! bien...

ALINE.

Ouvre ton coeur, espère tout d'Aline.

ARSÈNE.

Enlevez-moi de ce triste séjour.
Je veux aller à la sphère divine;
Faites-moi voir votre superbe cour.
Asile heureux des grâces réunies,
Où les désirs sont toujours satisfaits,
Où la beauté, plus brillante en attraits,
Voitàses pieds les sylphes, les génies,
Toujours domine, et ne passe jamais.

ALINE, part.

Nous У

voila.

ARSÈNE.

C'est ma seule espérance.

ALINE, à part.

Elle voudrait partager ma puissance;
C'est son orgueil de dominer sur tout.

ARSÈNE.

Je ne veux point qu'un amant me captive. Je reste libre, et primer est mon goût.

Permettez-moi...

(Haut.)

ALINE, à part.

C'est me pousser à bout.

Tu le veux donc, si malheur t'en arrive

Je te dirai C'est toi qui l'as voulu.

Songes-y bien.

ARSÈNE.

C'est un point résolu.

ALINE.

De mes états deviens donc souveraine ;
Mais réfléchis, songe, en fesant ce choix,
Que je te sers pour la dernière fois.
Tu ne sais pas où ce désir te mène.
Prépare-toi, va faire tes adieux;
Dans un instant je reviens en ces lieux.

SCÈNE V.

ARSÈNE.

ARIETTE.

EST-IL un sort plus glorieux ?
Sous mes pieds je verrai la terre,
Je marcherai sur le tonnerre,
Et je règnerai dans les cieux.

Je triomphe, je suis reine,
Je m'élève au-delà des airs;
Je commande en souveraine,
Et je plane sur l'univers.

Est-il un sort plus glorieux ?
Sous mes pieds je verrai la terre,
Je marcherai sur le tonnerre,
Et je règnerai dans les cieux.

FIN DU SECOND ACTE.

ACTE TROISIÈME.

Le théatre représente des jardins enchantés. On remarque sur le côté, à gauche des acteurs, un antre fermé par des portes de fer.

SCÈNE I.

ARSÈNE, seule.

L'ART surpasse ici la nature

Brillant palais, séjour digne des dieux,
Gazons naissans, jardins délicieux,
Où Flore étale sa parure;
Bocages frais, ornemens de ces lieux,
Ruisseaux qui caressez avec un doux murmure
Le tendre émail de la verdure,

Sans affecter mon cœur, vous enchantez mes yeux.
Je ne vous vois qu'avec indifférence;

J'éprouve une triste langueur.

Je cherche l'ombre et le silence
Et le néant est dans mon cœur.
Ici s'exerce mon empire;
Tout m'obéit, et je soupire!
Ai-je encor à former des vœux?
J'attendais un sort plus heureux.

L'art surpasse ici la nature, etc.

(A la fin de cette ariette Eugénie entre et observe Arsène.)

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