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A peine encore est-elle en son printems.

MYRIS.

Je parais jeune, et j'ai plus de cent ans.

ARSÈNE.

Cent ans !

MYRIS.

Jadis mon cœur était farouche,

Et j'ai perdu de précieux instans.

Je me souviens que dans mon jeune tems
Certaine fée à qui je fus trop chère,
Me fit un don; c'était le don de plaire.
Grâces, talens, beauté, l'art de charmer,
Ce fut mon lot; mais il fallait aimer.

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N'aimant que moi, détestant les amans,
Je me plaisais à faire leurs tourmens.
Pour m'en punir, je fus changée en pierre.

ARSÈNE.

Vous me jetez dans un étonnement...

MYRIS.

On mit un terme à mon enchantement.
Il était dit qu'une beauté plus fière
Rendrait un jour mes yeux à la lumière;
Et je vous dois ce bienheureux moment.
Vous me voyez sous ma forme première,
Je me retrouve à l'âge de quinze ans.
Je recommence aujourd'hui ma carrière,
Et je promets d'employer bien mon tems:
'Adieu, Madame, adieu. Je vous rends grâce.
Un doux espoir vient renaître en mon cœur ;
Je cours, je vole où m'attend le bonheur,
(Lui montrant le piédestal qu'elle quittait.)
Et vous pouvez figurer à ma place.

EUGENIE, à Arsène.

Vous paraissez troublée ?

ARSÈNE, à part.

( Elle sort.)

Un juste effroi...

EUGÉNIE.

Daignez, Madame...

ARSÈNE, impatientée.

Encore? Ah! laissez-moi.

SCÈNE VI.

ARSENE.

ARIETTE.

EH quoi! l'amour est-il un bien suprême ?
Pour être heureux, il faut donc que l'on aime?
Amour, Amour, subirai-je tes lois?

Mais qui peut mériter mon choix?

J'entends dans les bois, dans les plaines, Les doux accens des oiseaux amoureux; Ils chantent leurs plaisirs, et je n'ai que des peines; Ils sont heureux, ils sont heureux.

Eh quoi! l'amour est-il un bien suprême ? etc.

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Oui.

ARSÈNE.

(A part. )

Dévorons mes chagrins.

ALINE.

Mais, qu'as-tu donc? Tu soupires encore?

ARSENE.

C'est de pitié pour ce pauvre Alcindor.
Je dois le plaindre, il perd ce qu'il adore;
Il perd en moi son unique trésor.
Par ses discours quoiqu'il m'ait offensée,
Ce chevalier occupe ma pensée.
Dans le dépit on reconnaît l'amour.
Il contraignait, par un effort extrême,
L'affreux tourment de m'aimer sans retour;
Car il ne peut se flatter que je l'aime.
Je ne saurais que gémir sur son sort,
Et je serai la cause de sa mort.

ALINE.

Rassure-toi je le rends à lui-même.
Il trouvera, par un pouvoir suprême,
L'oubli des maux que tu lui fais souffrir,
Et parviendra peut-être à te haïr.

ARSÈNE, avec émotion.

Lui, me haïr! Alcindor!

ALINE.

Que t'importe ?

ARSÈNE.

Tous ses sermens... Il pourrait les trahir !...

Opéras-Com, en vers. 2.

21

Non, non, jamais...

ALINE.

Son intérêt l'emporte.

ARSÈNE.

Je le connais, il n'est aucun pouvoir...

N'espérez pas...

ALINE.

Vois-tu cet antre noir ? Là, sous le poids d'une triste existence, Là, s'engourdit la sombre indifférence. Monstre formé par les glaces du nord, De l'univers elle eût détruit l'accord; Elle eût éteint cette flamme si pure Qui donne l'ame à toute la nature. Un dieu vengeur, pour le bien des mortels, La condamnant aux ennuis éternels, La renferma dans cette grotte obscure. Quand un amant, victime de l'Amour, Peut s'introduire en ce fatal séjour, Il trouve alors un remède à ses peines, Un froid subit circule dans ses veines. Son ardeur cesse, et dans son cœur glacé Tout sentiment d'amour est effacé.

Ton chevalier, dont je plains la souffrance, En va bientôt faire l'expérience.

Par mon pouvoir je l'attire en ces lieux.

ARSÈNE.

Ciel! vous allez m'exposer à sa vue?

ALINE.

Non. Je te rends invisible à ses yeux.

Il vient.

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