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Si par les vents nos champs sont ravagés,

Si

par les loups nos moutons sont mangés,

Si le tonnerre tombe et consume nos granges,
Si la grêle détruit l'espoir de nos vendanges,
Nos habitans vous accuseront tous,

Et s'ils meurent de soif, il s'en prendront à vous.

ANNETTE.

Bon! bon! notre amitié ne fait mal à personne.

LE BAILLI.

Votre amitié! c'est de l'amour.

ANNETTE.

O ciel!

LE BAILLI.

Et cet amour est criminel;

Mais n'appréhendez pas que je vous abandonne.
Pour réparer la faute il n'est qu'un seul moyen;
Annette, je vous aime bien.

ANNETTE.

Oh! vous avez l'ame trop bonne,
Car moi, je ne vous aime pas.

LE BAILLI.

Épousez-moi pour sortir d'embarras;

Opéras-Com. en vers I.

3

Votie conduite alors ne sera plus suspecte:

On vous respectera comme l'on me respecte.

ANNETTE.

On ne jasera plus sur moi?

LE BAILLI.

Non, c'est un fait.

ANNETTE.

Quoi! je verrai Lubin sans que l'on en murmure?

LE BAILLI.

Vous ne le verrez plus; ce serait une injure...

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ANNETTE.

Mon cœur....

LE BAILLI.

D'horreur....

ANNETTE.

Transi....

Saisi....

LE BAILLI.

Tremblez.

ANNETTE.

Vous me troublez.

LE BAILLI, à part, en s'en allant. Rendons compte au Seigneur de leur témérité : Employons son autorité.

SCÈNE VI.

ANNETTE.

Je suis confuse: ah! que viens-je d'entendre ! 'Aux maux qu'il m'a prédits je ne peux rien comprendre.

ARIETTE.

Pauvre Annette! ah! pauvre Annette!

Quelle douleur secrète

Me frappe et m'inquiète!

Dans les larmes ;

Dans les alarmes,

Je vais donc passer mes jours!
Le croirai-je! Ah! tendre mère!
Des enfans dans la misère,
Cette image désespère....
A qui donc avoir recours?

Pauvre Annette! ah! pauvre Annette!
Quelle douleur secrète

Me frappe et m'inquiète!
Quelle atteinte !

Déjà la crainte

Fait couler mes pleurs.

Des enfans dans la misère !

Cette image désespère.

Je cède à mes malheurs.

SCÈNE VII.

ANNETTE, LUBIN.

LUBIN.

ANNETTE, nos troupeaux ne sont point en danger:
Ne songeons plus.... Mais qui peut t'affliger?

ANNETTE.

Le Bailli sort d'ici; je n'oserais te dire....

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Le Bailli m'a prédit que je serais la mère;

Et c'est toi qui seras le père.

LUBIN.

Père! mère! c'est drôle... Eh bien! est-ce le cas
De te chagriner de la sorte?

Comment se pourrait-il?

ANNETTE.

LUBIN.

Je n'en sais rien... Qu'importe?

Nous aurons des enfans: tant mieux.

Ah! qu'un petit Lubin rendrait mon cœur joyeux!
Il t'aimerait comme je t'aime :

Tiens, ce serait le trésor à nous deux.

Si c'était une fille, eh bien! c'est tout de même;
Douce et gentille comme toi,

C'est encor un trésor à moi.

ANNETTE.

Mais, selon le Bailli, ces chers enfans peut-être
Ne voudront pas nous reconnaître.

LUBIN.

Ils nous reconnaîtront; va, ces pauvres enfans
Ressembleront à nous, seront d'honnêtes gens;
Ils suivront nos leçons. N'aimais-tu pas ta mère ?

Ah! oui, Lubin.

ANNETTE.

LUBIN.

Et moi, comme j'aimais mon père !

Ah! que n'est-il encor?

ANNETTE.

Comme on s'aimait chez nous !

LUBIN.

Est-on de bonne race? il faut que l'on en tienne;

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