Vous me laisserez voir la beauté qui m'est chère, Non. LE COMTE DE GARINS. AUCASSIN. Vous le promettez? LE COMTE DE GARINS. Oui, je te le promets. AUCASSIN. Ah! que le ciel m'accorde un plein succès! (Pendant la ritournelle, il met son casque.) Allez, qu'on apporte mes armes ; Amenez mon coursier, qu'on apporte mes armes ; Je la verrai,je verrai ce que j'aime, Et dans ses yeux, mon bien suprême, C'est hors des murs qu'on donne les batailles; LE COMTE DE GARINS. Voilà, mon fils, le parti qu'il faut suivre, Être de ses sujets le secours et l'appui. (A part. ) Mais quel pouvoir a-t-elle donc sur lui, SCÈNE IV. LE COMTE DE GARINS. ARIETTE. FILS insensé, Que j'approuverais ta tendresse ? Privé d'honneur Au point de flatter ton ivresse ? De tes aïeux, de ta noblesse, SCÈNE V. LE COMTE DE GARINS, LE VICOMTE. LE COMTE DE GARINS. FAITES venir ici le vicomte. Ah! c'est vous, Quel est ce bel objet qui nous chagrine tous, Et qui prend sur mon fils un si puissant empire? LE VICOMTE. Bien avant l'âge de raison, Elle y fut, par ma femme, avec soin conservée, LE COMTE DE GARINS. Et savez-vous le nom De ses parens, de sa famille ? LE VICOMTE. Non; Car ma femme eut l'imprudence De taire le secret qui cache sa naissance. LE COMTE DE GARINS. Et vous ne savez ce qu'elle est ? LE VICOMTE. Non; je sais seulement qu'autrefois la comtesse, LE COMTE DE GARINS. Et vers aucun soupçon votre esprit n'est porté LE VICOMTE. Dans le tems, un bruit sourd, une rumeur secrète D'une étrangère errante et vagabonde, Qui s'en allait courant le monde, En s'offrant à chacun pour dire, dans la main, LE COMTE DE GARINS. Ah! c'est cela, sans doute; allez, qu'on me l'amène : LE VICOMTE. AIR. Simple, naïve et joliette, Nicolette est la fleur des champs; Qui la vit, toujours la regrette. Son regard est si séduisant, Qu'un vieillard même irait disant : LE COMTE DE GARINS. Parbleu! vous êtes bien plaisant, SCENE VI. LE COMTE DE GARINS, LE VICOMTE, NICOLETTE. LE COMTE DE GARINS. IL a raison, elle est vraiment jolie! Approchez; c'est donc vous qui séduisez mon fils, Et dont le cœur se met au plus haut prix; Je vous ferais mourir si c'était votre envie Qu'il fit pour vous quelque folie. Parlez, parlez, comment l'avez-vous vu? Que vous dit-il? Qu'avez-vous répondu? Le lieu, l'instant, quelles sont ses promesses, Ses discours, ses propos, ses douceurs, ses caresses? Répondez, répondez; car je veux tout savoir. LE VICOMTE. Seigneur, votre courroux lui rávit le pouvoir Ah! Seigneur, un moment, sans colère, Opéras-Com. en vers. 2. 24 |