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Mille fois plus que tu ne peux m'aimer;

Pour toi mon amour est extrême;

Ainsi que pour l'honneur, mon cœur sait s'enflammer.

MARCOU.

L'un pour l'autre quelle tendresse !

BREDAU.

Comme ils s'aiment ces chers enfans!

NICOLETTE.

Paix, j'entends quelque bruit.

AU CASSIN.

Je n'entends rien.

NICOLETTE.

Il cesse

AUCASSIN.

Tâche de me donner ta main.

NICOLETTE.

Attends, attends,

Je vais, pour m'élever, rapprocher quelque chose,

Une pierre, ah! c'est bon.

(Elle roule une pierre qu'elle trouve à ses pieds.)

BREDAU.

Si la garde se pose,

On va la surprendre. En chantant

Je m'en vais l'avertir.

Paix.

AUCASSIN.
Ma Nicolette.

NICOLETTE.

Attends,

BREDAU.

CHANSON.

Pucelle, avec un cœur franc,
Au corps gentil, au corps plaisant,
On voit bien à ton semblant
Que tu parles à ton amant ;
Garde-toi de ces soldats méchans,
Qui sous leur cape vont cachant
Leurs glaives nus et tranchans.
Garde-toi, etc.

NICOLETTE.

Ah! que le ciel te récompense

De ce salutaire avis.

Adieu, cher Aucassin; on vient, quelqu'un s'avance.

AUCASSIN.

Quoi! tu t'en vas? Reste.

NICOLETTE.

Non, je ne puis.

AU CASSIN.

Sois certaine de ma constance.

NICOLETTE.

Sois sûr de ma persévérance.

AUCASSIN.

Je mourrai si je ne te suis.

[blocks in formation]

Courez vite à la découverte;

Quelqu'un est descendu, s'est sauvé de la tour,

Et s'est enfui.

L'OFFICIER.

Par où ?

BREDAU, montrant un chemin opposé à celui qu'a pris

Nicolette.

Par la, par ce détour.

S'ils ne vont que par là, leur recherche est bien vaine

MARCOU.

Mon camarade pourrait bien

Aller en prison pour sa peine;

Moi je ne me reproche rien,

Je suis resté toujours où mon poste m'enchaîne,
Et son devoir n'est pas le mien.

BREDAU.

Garde-moi le secret; ma conduite équivoque
M'expose, camarade; il pourrait m'arriver
Quelque chose; mais je m'en moque
Pourvu que nos soldats ne puissent la trouver.

L'OFFICIER, revenant.

Ici, voyons encore, approche ta lumière.

SCÈNE IV.

MARCOU, BREDAU, LE VICOMTE, UN OFFICIER, GARDES.

LE VICOMTE.

COMMENT donc, vous n'avez pas pu
'Attraper cette prisonnière ?

L'OFFICIER.

L'un des soldats est descendu

Jusque dans le fossé qui touche la barrière;
Ils se sont dispersés; aucun d'eux n'a rien vu.

LE VICOMTE.

Oh ciel! que va dire le comte?

Une fille se sauve, ah! pour vous quelle honte!
Aussi, qui diable irait s'imaginer

Que du haut de la tour elle pourrait descendre?
Pauvre enfant! pauvre enfant! dans un âge si tendre
Avoir un tel courage! on doit s'en étonner.

L'OFFICIER.

Ah! le voici; sans doute il vient d'apprendre

Cet accident.

SCÈNE V.

LE COMTE DE GARINS, LE VICOMTE, MARCOU, BREDAU, UN

GARDES.

OFFICIER,.

LE COMTE DE GARINS.

NON, non, je ne veux rien entendre.

Où sont-ils? où sont-ils? Fais-moi venir celui

Qui devait être en sentinelle;

Qu'on l'amène à l'instant.

L'OFFICIER.

Monseigneur, le voici.

BREDAU.

J'ai fait mon devoir, et j'appelle

Tout aussitôt que je dois avertir;
L'ordre m'était donné d'aller et de venir
Depuis la tour jusqu'à mon camarade;
Je l'ai fait, et j'allais ainsi,
De là, Monseigneur, jusqu'ici,

Avec attention ainsi qu'à la parade.

Tout d'un coup, en me retournant,

Je vois un grand fantôme blanc,

Qui, les yeux tout en feu, tombe et s'en va volant;
Car je suis sûr qu'il a des ailes :

Mon camarade peut en dire des nouvelles;

Car il l'a vu de même.

MARCOU.

Oui, Seigneur, en volant.

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