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En êtes-vous bien sûr?

LE PATRE.

AUCASSIN.

Insolent!

LE PATRE.

Ah! de grâce,

Pardon, c'est vous, Seigneur, et je n'en puis douter.

Que me veux-tu ?

AUCASSIN.

LE PATRE.

Je viens vous raconter

Quelque chose qui doit n'être dit qu'à vous-même.

Dis promptement.

AUCASSIN.

LE PATRE.

Je tremble, et ma crainte est extrême.

AUCASSIN.

Rassure-toi.

LE PATRE.

Je suis un de ces pastoureaux

Qui le long des taillis ont le soin des troupeaux.
Au jour naissant, avant que d'entrer dans la plaine,
Nous devisions au bord de la fontaine

Dont le ruisseau coule à travers le bois,
Lorsque nous vîmes tous, ainsi que je vous vois,
Monseigneur, une dame, ah! bon Dieu qu'elle est belle!
Il semble que ses yeux éclairent la forêt,
Tant en vous regardant sa prunelle étincelle.

Nous disions tous, qu'est-ce que c'est ?
Et voilà qu'elle approche, envers nous; et puis elle,
Elle nous dit d'un air tant doux :

Mes enfans, que quelqu'un de vous
Aille vite à Beaucaire, et dise au fils du comte,
Au damoiseau sire Aucassin.

A moi ?

AUCASSIN.

LE PATRE.

Oui, Monseigneur, et ce n'est point un conte;

Elle l'a dit ainsi : voyez sire Aucassin,

Dites-lui qu'en ces bois est une biche blanche
Dont l'aspect seulement peut guérir son chagrin.
Quoiqu'en disant ces mots, elle nous parût franche,
Nous doutions, Monseigneur, elle ajoute à la fin :
Que pour posséder cette biche,
Qui peut soulager tous les maux,
Aucassin donnerait ce qu'il a de plus riche,

Mille trésors: ce sont ses mots.

Moi, qui sais, Monseigneur, que tous les animaux
De votre forêt tout entière,

Ne valent pas un seul de vos châteaux,

Je lui dis bravement : dame, je ne puis taire
Que ce n'est pas moi qui vous crois.

'Alors cette reine des bois

D'or fin me donne cette pièce,

Et je l'ai crue, et puis j'ai dit :

O reine! je vous crois, et cela me suffit;
Mais, Monseigneur, sans contredit,
Blâmera notre hardiesse,

Et de mentir, peut-être, il nous accusera.

Elle reprit : Pour éviter cela,
De mes cheveux portez-lui cette tresse,

Et soyez sûr qu'il vous croira.

Elle a su la couper avec beaucoup d'adresse ;
Puis me la donne, et la voilà.

AUCASSIN.

Oui, c'est elle sans doute; ami, tiens, je te donne
Cette bourse... ah ! présent pour moi tant précieux !

Mon coeur...

LE PATRE, à part.

Si seulement un peu de ses cheveux

Vaut cet argent et le rend si joyeux,

Combien vaut toute la personne!

Ah! c'était une fée.

AUCASSIN.

'Ami, tu te souviens

Des lieux où tu reçus le trésor que je tieds.
Mène-moi, vite, allons; mais non, va, cours m'attendre,
Au bas de ce perron; dans peu j'irai te prendre,

Si d'être en liberté je trouve les moyens.

Grand Dieu, que de dangers! Et son sexe et son âge,

Tout l'expose;

courons.

SCENE XI.

LE VICOMTE, AUCASSIN.

LE VICOMTE.

SEIGNEUR, ne sortez pas;

Bongars dans le château vient de porter ses pas.

Loyalement sans exiger d'otage,

A Monseigneur, sans doute il vient pour proposer
Des articles de paix; car votre grand courage
A du bien fortement lui donner à penser,
Sur ce que lui promet un tel apprentissage.

AUCASSIN.

'Aux portes du château le pont est-il baissé?

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A mon père, à lui seul, tenez, vous ferez lire
Ce que vous me voyez écrire

Sur le bord de ce bouclier.

LE VICOMTE.

'Ah! revenez bien vite, et craignez d'oublier...

(Le vicomte court après Aucassin, sans sortir du théâtre, et revient sur la scène.)

MAIS

SCÈNE XII.

LE VICOMTE, OFFICIERS.

LE VICOMTE.

ARIETTE.

voyez donc où cet amour l'entraîne! Contre ses feux la réprimande est vaine.

Il n'entend rien,

Je le vois bien;

Il n'entend rien

Il ne sent rien

Que le poids de sa chaîne,

Que l'amour qui l'entraine.

LES OFFICIERS.

Ah! quel bonheur !
Quelle grande nouvelle

Vient ramener une paix fraternelle !
Destins charmans!

Pour ces amans,
Quels changemens!

De leur tendre jeunesse
Vont couronner l'ivresse!

SCÈNE XIII.

LE VICOMTE, OFFICIERS, MARCOU,

BREDAU.

LES OFFICIERS, au vicomte.

An! Seigneur,

Quel bonheur !

Félicité parfaite.

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