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Rien n'est plus naturel. Eh! par la ventridienne,
Les moutons ne font pas des loups;

Ce vilain Bailli t'en impose.

ANNETTE, en sanglotant.
Il dit.... qu'on va nous faire affront;
Il dit... que nous serons la cause
Que, dans ce pays-ci, les vignes gèleront..

LU BIN.

Nous ne gèlerons pas, nous; cela me console.

ANNETTE.

Si je l'en crois sur sa parole,

Il trouve affreux tout ce que nous disons.
Lorsque nous cherchons à nous plaire,

Ce sont des amitiés que nous comptons nous faire,
Eh bien! tiens, c'est l'amour que tous deux nous fesons..

L'amour?

LUBIN.

ANNETTE.

:

Va, laisse-moi je ne suis plus tranquille ;
Nous nous aimons comme à la ville,

L'amour fera notre tourment.

Je t'aime, et je voudrais t'en faire des reproches,
Je tremble dès que tu m'approches,

Je t'ai cru mon ami, tu n'es que mon amant.

AIR: Il est donc vrai, Lucile.

Jeune et novice encore,

J'aime de bonne foi.

Cet amour que j'ignore
Est venu malgré moi;
Je ne savais pas même
Son nom jusqu'à ce jour.
Hélas! dès que l'on aime,
On a donc de l'amour?

Ta voix seule me touche;
Par un charme flatteur,
Chaque mot de la bouche
Passe jusqu'en mon cœur.
Loin de toi, ta bergère
N'aurait pas un beau jour.
Hélas! comment donc faire
Pour n'avoir point d'amour?

Des fleurs que tu me cueilles
Je me pare au matin ;
Le soir tu les effeuilles
Pour parfumer mon sein.
Ton soin est de me plaire ;
C'est le mien chaque jour.
Hélas! comment donc faire
Pour n'avoir point d'amour?

LUBIN.

Notre amitié, ma chère, est bonne.

Tenons-nous-y.

ANNETTE.

Mais en effet,

Lubin, quel mal avons-nous fait ?

LUBIN.

AIR: Je vous trouve plus belle.

Le cœur de mon Annette
Et le mien ne font qu'un.
Moutons, chien et houlette,
Chez nous tout est commun.

ANNETTE.

Eh! mais, oui-dà,

Comment peut-on trouver du mal à ça ?

ENSEMBLE.

Oh! nenni-dà,

Comment peut-on trouver du mal à ça ?

LUBIN.

Tes lèvres demi-closes

Respirent un air frais;
Croyant sentir des roses,
Je m'approche tout près.
Eh! mais, etc.

Une abeille farouche,
Un jour pique ta main.

ANNETTE.

Un baiser de ta bouche
En fut le médecin.

Eh! mais, etc.

LUBIN.

Tu te sens à la gène,
Le soir, dans ton corset,
Moi, te voyant en peine,
Je défais ton lacet.

Eh! mais, etc.

Quelquefois tu sommeilles Doucement dans mes bras.

ANNETTE.

Quelquefois tu m'éveilles, Mais je ne m'en plains pas.

Eh! mais, etc.

LUBIN.

Souvent sous cette treille
Mon Annette s'endort,
Et ma voix la réveille.

ANNETTE.

Je m'en plaindrais à tort.

Eh! mais, etc.

LUBIN.

Quand la chaleur ardente, L'été, se fait sentir,

Doucement je t'évente.

ANNETTE.

C'est pour me rafraîchir

Eh! mais, etc.

LUBIN.

J'allume des bourrées,

Quand viennent les grands froids;
De mes mains réchauffées

Je réchauffe tes doigts.

Eh! mais, etc.

En courant sur l'herbette,

Tu cassas ton lacet.

ANNETTE.

Tu donnas ta rosette

Pour serrer mon corset.

Eh! mais, etc.

ENSEMBLE.

Oh! nenni-dà, etc.

ANNETTE.

Mais voilà tout, pourtant: il dit que c'est un crime, Est-il donc vrai, Lubin ?

LUBIN.

Cesse de t'alarmer :

C'est un mal de haïr, c'est un bien que d'aimer.

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HOLA! eh! monsieur le Bailli!

C'est donc vous, c'est donc vous qui chagrinez Annette, Et qui lui défendez de m'aimer ?

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