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Monseigneur...

LE BAILLI.

LE SEIGNEUR.

Permettez qu'il conte ses raisons.

Lubin, voyons ce qui t'agite.

LUBIN.

Monseigneur, j'aime Annette; il veut que je la quitte. J'aimerais mieux mourir dans les prisons;

Pour nous le monde en serait une,

Si l'on nous séparait tous deux :

Nous ne demandons pour fortune,

Que la permission d'être toujours heureux.

LE SEIGNEUR.

Monsieur Lubin, il faut l'être avec bienséance :
Mon devoir est de réprimer

Les désordres et la licence.

LUBIN.

Est-ce un désordre de s'aimer ?

Eh! qui donc aimera ma petite cousine,
Si ce n'est moi? Sa mère me l'a dit.
Et ce radoteur nous prescrit

De ne nous regarder qu'en nous fesant la mine;
Il trouve bien mieux son profit

Entre parens qu'il brouille et qu'il ruine.
Monseigneur, est-il beaucoup mieux,
Est-il plus dans la bienséance

De se manger le blanc des yeux,

Que de loger ensemble, et s'occuper tous deux
A vivre en bonne intelligence?

Je m'en rapporte à vous, mon bon Seigneur,
A vous, auprès de qui toujours l'équité veille.

Vous n'êtes jamais fier, vous avez un bon coeur,
Vous ne faites le mal que lorsqu'on vous conseille.
Votre bonté nous prévient tous;
Vous secourez le misérable :

Quand le bailli nous donne au diable,
Nous nous recommandons à vous.

LE SEIGNEUR, souriant.

Je voudrais de bon cœur vous être favorable:
Mais la loi vous condamne.

LE BAILLI.

Oui, Monseigneur dit bien.

On ne peut entre vous former aucun lien.

Les enfans qui te devraient l'être,

Te renîraient pour père...

LUBIN.

Oh! je n'en ai point peur:

Les vôtres vous ont bien reconnu pour le leur.

Viens viens, ma chère Annette, hâte-toi de paraître ; Tu sauras mieux que moi fléchir un si bon maître.

SCÈNE X.

LE SEIGNEUR, LE BAILLI, LUBIN,
ANNETTE.

ANNETTE, s'approche lentement, la tête baissée.

AIR.

LAISSE-MOI.

LUBIN.

Mais pourquoi?

ANNETTE.

Non, non.

LUBIN.

Ma petite, que crains-tu donc?
Monseigneur est sensible et bon.
Il t'aimera,

Nous marira.

ANNETTE.

Oui-dà!

LE SEIGNEUR.

ROMANCE.

Sa figure est très-heureuse,
Son air est de bonne foi.

LUBIN.

Viens son ame est généreuse,
Ne sois donc pas si honteuse ;
Annette, redresse-toi.

LE SEIGNEUR.

Ne craignez rien, ma belle enfant ;

Parlez-moi vrai.

ANNETTE.

Parle-t-on autrement?

AIR: Dans ma cabane obscure.

Monseigneur, Lubin m'aime,
Sauf votre bon plaisir :
Moi, je l'aime de même ;
Il fait tout mon désir.
Ensemble, dès l'enfance,
Nous étions de loisir ;

Nous fimes connaissance,

Sauf votre bon plaisir.

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Le soleil à l'instant aurait dû s'éclipser:
Malheureux! vous courez tous deux à votre perte.

DUO.

ANNETTE, LUBIN.

Lorsqu'Annette est avec Lubin,

Il fait le plus beau tems du monde ;

Je vois toujours le ciel serein,

(Bis.)

Et je n'entends jamais le tonnerre qui gronde. (Bis.)

LE SEIGNEUR, s'enflammant pour Annette.

Quelle ingénuité! je la trouve charmante;

En honneur, elle est ravissante!

LUBIN.

AIR: Dodo, l'enfant dormira tantôt.
Monseigneur, vous ne voyez rien :
Quand elle est en frabit de fêle,
Oh! c'est une grâce, un maintien
Qui vous feraient tourner la tête.
De même en simple négligé....

Si vous saviez.... quel plaisir j'ai!

LE SEIGNEUR, avec une espèce de transport.
Qu'elle est, qu'elle est bien !

LUBIN.

Monseigneur, vous ne voyez rien.

(Lubin présente Annette au Seigneur, et lui fait faire la ré

'Ah! le pendard!

vérence.)

LE BAILLI.

LE SEIGNEUR.

Modérez votre bile.

LUBIN.

Tous ses ajustemens sont trop épais, trop forts;
Je veux la faire habiller à la ville;

Les habits qu'on lui fait l'étouffent dans son corps.

LE SEIGNEUR.

Je m'en chargerai, moi : Lubin, je te protége;

Que l'on mène Annette au château.

LUBIN.

Qu'on emmène Annette!

LE BAILLI, à Lubin.

(Au Seigneur.)

Tout beau!

Oui, Monseigneur, usez de votre privilége.

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