Elles ont leur secret: c'est chose difficile Que de savoir.... LA HIRE. Croyez-en mes arrêts, J'ai là-dessus quelque lumière; Je connais leurs goûts à-peu-près : Depuis un tems je cours cette carrière; Chargez-moi de vos intérêts. (On entend l'annonce de la ronde d'un divertissement.) En voilà justement qui m'ont l'air assez drôle ; Pour les interroger saisissons ces instans : Elles ne comptent pas jouer ici le róle (On entend encore l'annonce de la ronde.) Voyez, sire Robert, des mines si jolies Leur pouvoir vient de nos folies. ROBERT. Je vais être plus incertain. LA HIRE. Mais avant de parler à ces nymphes gentilles, Un moment examinons-les. On reconnaît toujours l'esprit des filles Dans leurs amusemens secrets. SCÈNE III. LA HIRE, ROBERT, DENISE (Entrée de villageoises galantes qui dansent en rond sur un air gai, et avec la plus grande légèreté.) LA HIRE, à son maître, après que les villageoises ont dansé quelque tems. Je vais leur parler, laissez faire. Beautés (Aux villageoises.) que la douceur accompagne toujours, Votre pitié nous devient nécessaire ; Accordez à mon maître un juste et prompt secours, Ou bientôt il est mort. ROBERT. Hélas! je désespère. DENISE. Que demandez-vous? LA HIRE. Excusez. C'est un homme perdu, si vous le refusez. DENISE. Que faut-il faire afin de vous sauver la vie ? LA HIRE. Vous le pouvez sans contredit, Ce qu'on vous demande est écrit Vous connaissez les dames, leur esprit, Leur caractère, leur génie, Et vous savez quel point les flatte et les séduit. DENISE. Mais, c'est selon leur fantaisie. LA HIRE. Oui; mais il en est un (ou l'on nous trompe fort) DENISE. Nous aimer sans l'oser dire, LA HIRE.. Oui-då? ROBERT. Qu'en dis-tu, mon ami La Hire? LA HIRE, en secouant la tête. Ce n'est pas tout-à-fait cela. (Aux villageoises.) Vous pourriez un peu mieux.... un peu mieux nous instruire (La danse recommence, et toutes les villageoises, sans répondre, passent devant La Hire et Robert. La Hire veut arrêter une des villageoises, qui lui donne un soufflet.) LA HIRE. L'affaire ne prend pas une bonne tournure; Mais je vais suivre l'aventure. (Il sort.) SCÈNE IV. LA VIEILLE, ROBERT. LA VIEILLE. BEAU chevalier, quoi! vous perdez courage! ROBERT. Ma bonne mère, hélas! si vous saviez.... LA VIEILLE. Oh! je sais tout sans que vous le disiez, J'aime à savoir chaque mystère ; Quand on est vieille, on n'a rien de meilleur à faire. Non pour les censurer, ni leur porter envie ; ROBERT.. De mon malheureux sort vous êtes donc instruite ? LA VIEILLE. Je n'y pense qu'avec effroi : Cela peut cependant ne point avoir de suite; Vous le pouvez. ROBERT. Comment me soustraire à la loi 2 LA VIEILLE. Tout dépend de la conduite Que vous tiendrez avec moi. ROBERT. Pouvez-vous soupçonner qu'elle soit équivoque ? LA VIEILLE, Hélas! je n'en répondrais pas ; Je ne reconnais plus les hommes. Ah! mon enfant, dans le siècle où nous sommes Les jeunes gens sont bien ingrats! |