toûjours mécontent de la vie qu'il avoit menée jufqu'alors, quelque reguliere qu'elle eût été il fe faifoit d'humilians reproches de n'avoir pas vêcu conformément à la religion qu'il profeffoit, Puis-je me flater,difoit-il, d'avoir de la raison, moi qui tombe tous les jours dans une contradiction fi bizare. Je fuis Chrétien par ma créance, & je fuis Payen par ma conduite? Peut-on imaginer rien de plus contraire au bon fens dont chaque homme fe pique. Avec de fi folides reflexions, reçut la Confirmation, & il fit fa premiere Communion.De: l'idée qu'on lui donna de l'excellence & de l'efficace de ces deux Sacremens, fur ce que la: foy nous apprend de l'un & de l'autre, il conclut qu'il devoit Le préparer avec beaucoup de il B Il reçoit la Con tion.. ce que foin à les recevoir, & qu'il de voit après les avoir reçûs, mener une vie conforme à la graDieu y a attachée. II porta à la Confirmation firma. une grande eftime du caractere de Soldat de Jesus-Chrift, & une genereuse réfolution d'en remplir les devoirs à quelque prix que ce pût être. De là vint cette fainte liberté avec laquelle il commença dès lors à fe declarer pour le bien. Infiniment éloigné de fuivre l'exemple de ceux qui dans le grand monde font confifter une partie de leur efprit à plaifanter fur les chofes faintes,il en parloit avec un refpect & une force,qui faifoit taire le libertinage. On fe fouvient des difcours qu'il a tenus cent fois. en faveur de la religion devant commu nion, des gens qu'il fçavoit n'en avoir que les dehors. Cependant il n'avoit jamais eu à son gré tout le courage neceffaire dans ces occafions, & il s'y trouvoit coupable d'une lâcheté qu'il ne pouvoit fe pardonner. Pour ce qui eft de fa pre- sa premiere Communion, il deman- miere da long-tems avec beaucoup d'inftance qu'il lui fût permis de la faire. On crut qu'il falloit, pour ainfi dire, là lui faire acheter par des défirs redoublés, & qu'il falloit par des retardemens bien ménagés faire croître l'ardeur de fes defirs. Quand une fois on fut convenu du tems auquel il approcheroit de la fainte Table on ne peut comprendre la joïe qu'il en conçut. Ce fut le fujet de tous fes entretiens; il en par loit ouvertement à ceux qui étoient dans fa confidence 5 pour les autres c'étoit fous des fymboles ingenieux qu'il prenoit plaifir à leur faire feulement entrevoir ce qu'il penfoit. La nuit qui préceda fa Communion, il la paffa dans. une fainte impatience qui le reveilla plufieurs fois : & au moment qu'il fit jour chès lui, la joïe dont je viens de parler, beaucoup plus vive qu'auparavant, éclata par des tranfports qu'on eut bien de la peine à retenir. Elle eft parfaitement bien exprimée dans une paraphrase fur le Pfeaume foixante deuxième, laquelle fe trouve parmi fes prieres pour les jours qu'il communioit. On ne me fçaura peut-être pas mauvais gré fi je lui donne place ici.. PARAPHRASE SUR LE PSEAUME 62.. Pour la Communion: O mon Dieu, Dieu d'amour «< & de bonté , que je quitte vo- « lontiers le repos de la nuit aller à vous. pour « Le défir qui preffe mon ame « de vous poffeder dans la Sainte « Communion, eft fi vif & fi ar- « dent, qu'il fe fait même sentir «< à ma chair. Quelle confolation pour moi «< dans cette terre où il y a fi peu « de chofes qui puiffe confoler un « Chrétien, que d'aller en votre « faint Temple pour y voir écla- « ter votre puiffance & votre « gloire dans le banquet auquel.c vous m'invités.. |