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Obferver un Amant, critiquer des Rivales;
On peut, par fon fecours, en jouant la pudeur,
Tout examiner, tout entendre,

Rire de tout, fans allarmer l'honneur.
Son exercice eft ce qu'il faut apprendre.

» Son bruit fçait exprimer le dépit, la fureur;
» Son mouvement léger, un fentiment plus tendre.
L'éventail fert fouvent de fignal à l'Amour,
» Met un beau bras dans tout fon jour,
» Donne un maintien, quand on fçait prendre
» Desairs aifés & naturels,

» Qui tiennent lieu de talens plus réels; Enfin entre les mains d'une femme jolie, » C'est le fceptre de la Folie, Qui commande à tous les mortels,

NINETTE.

Tout cela m'est fort inutile.

Allons voir la Cour.

FABRICE.

Doucement 2

Vous vous trouvez ici dans un autre élément ;
L'art de vivre à la Cour eft un peu difficile :
Je dois vous éclairer; mais foyez plus docile.

NINETTÉ.

Oh! moi, j'y vais tout franchement,

FABRICE,

Mettez dans vos accens plus de délicateffe.
Entre nous, votre ton eft un peu villageois :
Vous prononcez trop bien. Il faut dans votre voix
Plus de lenteur & de molleffe,

NINETTE, le contrefaifant.

Faut-il graffeyer?

FABRICE.

Cela ne fiéd pas mal.

Quelquefois

NINETTE.

Vous en donnez l'exemple.

Oh! tenez, Monfieur l'Ecuyer,
Vous allez très-fort m'ennuyer;
Je le fens, plus je vous contemple,

FABRICE.

Cela ne fe dit

pas.

NINETTE.

Mais je le pense ainfi
FABRICE.

A la Cour la grande fcience
Eft de cacher ce que l'on penfe.

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NINETTE.

Comment! l'on ne dit pas ce que l'on penfe, ici!

Nón.

FABRICE.

NINETTE.

Mais quand on m'ennuie auffi ?
FABRICE.

On peut le faire entendre avec plus de décence.

Et comment?

NINETTE.

FABRICE.

Au befoin l'on a quelque vapeur;

Par ce fecret on congédie

Les ennuyeux avec douceur. 1

NINETTE.

Ah! mon cher Monfieur, je vous prie,
Montrez-moi ce fecret.

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Mais fouvent les vapeurs produifent le contraire:
Il faut en diftinguer l'emploi:

Par leur fecours, on éloigne, on attire ;
Selon les cas,

NINETTE.

Eh bien, apprenez-moi

Ce que c'eft que vapeurs.

FABRICE

C'eft...Madame...à vrai dire,,

On n'en fçait rien. C'est un talent, un art
Qui fort très-a-propos la haine ou la tendreffe;
Un défordre arrangé, qui paroît un hazard :
Mais il faut en cela beaucoup, beaucoup d'adreffe..
Quand on veut, par exemple, éprouver un Amant,
C'est la façon de tomber en foibleffe
Avec grace, avec fentiment.

Toujours en cet état une Belle intéreffe.
C'eft...langueur douce...étouffement...foupirs
Piége fubtil dont la fineffe,

En fauvant la décence, enhardit les defirs.

NINETTE.

Tien... C'est pour moi trop fin.

FABRIC E.

Écoutez.

NINETTE.

Je me laffe..

SCENE IV.

NINETTE, ASTOL PH E.

NINETTE.

AH! mon Prince, venez, renvoyez-le de grace.

ASTOLPH E.
Vous auroit-il manqué d'égards?
NINETTE.

Oui, c'eft le plus grand des bavards;
Il me fatigue, il m'embarraffe.
ASTOLPHE fait figne à Fabrice de s'éloigner,

Vous avez du chagrin?

& dit à Ninette:

NINETTE.

Oui; je n'en aurois pas,

Si je voyois ici Colas.

Vous m'aviez promis...

ASTOLPHE.

Quoi! vous y penfez encore? Souvenez-vous qu'un Prince vous adore, Laiffez-lui du moins quelque efpoir,

Et fongez qu'il pourroit ufer de fon pouvoir.

NINETTE.

ARIETTE. No. 15.

Donnez-moi deux cœurs
Par votre pouvoir fuprême,
Donnez-moi deux cœurs.
Et s'il faut que je vous aime
Vous ferez aimé de même :
Je n'ai qu'une ame,

C'eft pour Colas; je n'ai qu'une ame
Qui ne peut partager fa flâme.

ASTOLPHE.

Seul il régne fur votre ame!

NINETTE.

Je n'ai qu'une ame...

ASTOLPHE.

Et vous méprisez ma flâme!

NINETT E.

Ensemble. Toujours fidelle à mes ardeurs.

Enfemble.

ASTOLPHE.

Rien n'est égal à mes ardeurs.

NINETTE.

Donnez-moi deux cœurs
Par votre pouvoir suprême,
Et vous ferez aimé de même.
ASTOLPHE.
Ah! que ne fuis-je aimé de même ?

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